Kant : le devoir moral et la bonne volonté

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Depuis toujours, les hommes se demandent ce qui distingue une bonne action d’une mauvaise. Est-ce le résultat de l’acte qui compte ? Les intentions ? La conformité à une règle ? Pour Emmanuel Kant, l’un des penseurs majeurs des Lumières, la morale ne dépend ni des conséquences, ni des émotions. Elle repose sur une seule chose : le devoir, accompli par pure bonne volonté. Mais qu’est-ce qu’agir moralement selon Kant ? Et en quoi sa pensée éclaire-t-elle encore aujourd’hui notre conception de la justice et de l’éthique ?

📍Définitions clés

  • Devoir : obligation morale universelle, qui s’impose à tout être rationnel.
  • Bonne volonté : volonté de faire le bien par respect pour la loi morale, sans attendre de récompense.
  • Impératif catégorique : principe moral absolu, qui vaut pour tous, quelles que soient les circonstances.
💡 Méthode : Pour un sujet sur Kant, il faut distinguer clairement les notions de devoir, volonté, impératif et dignité humaine. Illustre les idées avec des exemples concrets, voire littéraires. Tu peux aussi mobiliser un autre philosophe (Aristote, Mill, Constant…) pour en souligner les limites.

I. La bonne volonté, fondement absolu de la morale

Dans ses  Fondements de la métaphysique des mœurs(1785), Kant commence par une formule célèbre :

« Il n’est rien dans le monde, ni même hors du monde, qu’on puisse regarder comme bon sans restriction, si ce n’est une bonne volonté. »

Cela signifie que la seule chose qui soit moralement « bonne » en soi, c’est une volonté qui agit par devoir, c’est-à-dire par respect pour la loi morale, et non par intérêt, par plaisir ou par émotion. Par exemple, un commerçant qui rend toujours la monnaie à ses clients agit honnêtement. Mais s’il le fait uniquement pour préserver sa réputation, son action n’a pas de valeur morale pour Kant. Ce qui compte, ce n’est pas seulement ce que l’on fait, mais pourquoi on le fait. Si ce commerçant rend la monnaie parce qu’il juge que c’est son devoir, alors seulement il agit moralement.

Cette approche fait de Kant un penseur déontologiste : la moralité dépend du respect d’un principe, et non des conséquences d’une action.

📍 Définition – Déontologie

La déontologie désigne une morale fondée sur le devoir, et non sur les conséquences d’une action. Elle affirme qu’un acte est moral s’il respecte une règle ou un principe universel, peu importe les résultats qu’il produit. C’est la position de Kant : on agit bien lorsqu’on obéit à une loi morale, par pur respect pour ce qui est juste, et non pour obtenir un bénéfice.

II. L’impératif catégorique : une règle morale universelle

Kant veut fonder la morale sur la raison pure, indépendante des religions, des coutumes ou des émotions. Pour cela, il formule un principe moral qui peut guider tous les êtres humains, en toute circonstance : l’impératif catégorique.

Sa formulation la plus connue est :

« Agis uniquement d’après la maxime qui fait que tu puisses vouloir en même temps qu’elle devienne une loi universelle. »

Autrement dit, avant d’agir, je dois me demander : si tout le monde faisait comme moi, cela serait-il acceptable ? Puis-je vouloir que ma conduite devienne une loi valable pour tous ?

Exemple : si je mens pour m’en sortir, puis-je vouloir que le mensonge devienne une règle universelle ? Non, car cela détruirait la confiance entre les individus. Donc, mentir est immoral, même si cela me profite sur le moment.

Kant oppose ici deux types d’impératifs :

  • L’impératif hypothétique : « Si tu veux réussir, travaille. » Il dépend d’un but.
  • L’impératif catégorique : « Tu dois dire la vérité. » Il est inconditionnel.

La morale ne dépend pas de ce que je veux ou ressens. Elle s’impose à moi par la raison, comme une obligation intérieure, intransigeante.

III. Respecter autrui comme une fin, jamais comme un moyen

Kant donne une deuxième formulation majeure de l’impératif catégorique :

« Agis de telle sorte que tu traites l’humanité, en ta personne comme en celle d’autrui, toujours en même temps comme une fin, et jamais seulement comme un moyen. »

Chaque être humain a une dignité : il ne doit jamais être utilisé comme un simple instrument pour satisfaire mes objectifs. Même si mon but est bon, je ne peux manipuler ou exploiter quelqu’un pour l’atteindre.

Exemple : embaucher quelqu’un pour un salaire injuste, mentir pour séduire, ou trahir une promesse sont des comportements immoraux car ils instrumentalisent autrui.

Cette exigence est au cœur des droits humains modernes : toute personne a une valeur absolue. Le respect de l’autonomie et de la liberté de chacun est un devoir moral, non négociable.

IV. Un modèle exigeant… mais parfois trop rigide ?

La pensée de Kant fascine par sa rigueur, mais soulève aussi plusieurs objections.

1. Une morale trop froide ?

En excluant les sentiments (comme l’amour, la pitié ou l’amitié), Kant réduit la morale à une pure rationalité. Or, n’est-ce pas parfois notre empathie qui nous pousse à agir moralement ?

📚 Exemple littéraire : dans Antigone de Sophocle, l’héroïne désobéit à la loi pour enterrer son frère, par respect pour la piété familiale. Kant jugerait son acte immoral car il ne suit pas une loi universelle, mais une émotion. Pourtant, son courage paraît profondément éthique.

2. Une morale inflexible

Kant interdit toute exception. Même mentir à un tueur pour sauver un innocent est immoral selon lui, car cela viole la règle du respect de la vérité. Cette inflexibilité a été critiquée par Benjamin Constant, qui écrit :

« Dire la vérité à un meurtrier qui nous demande où est sa victime n’est pas un devoir. »

Cela montre qu’une morale trop abstraite peut mener à des résultats absurdes.

3. Une confiance exagérée dans la raison

Kant pense que tout être humain, s’il écoute sa raison, peut reconnaître la loi morale. Mais nos comportements ne sont-ils pas aussi influencés par notre histoire personnelle, notre culture, nos émotions ?

Des penseurs comme Freud, Nietzsche ou Ricœur ont souligné les limites de la raison dans l’agir humain. La volonté n’est pas toujours pure, et nos actes peuvent être guidés par des pulsions ou des illusions.

V. L’héritage de Kant aujourd’hui

Malgré ces critiques, la philosophie morale de Kant reste un pilier de l’éthique moderne.

  • En droit, son principe de dignité humaine inspire les droits fondamentaux, le respect de la personne, ou l’interdiction de la torture.
  • En bioéthique, il permet de réfléchir à des questions sensibles (expérimentation, consentement, autonomie).
  • En politique, il renforce l’idée que chaque individu est citoyen d’un monde commun, et non un simple rouage.

Kant nous rappelle que la morale n’est pas une affaire de sentiment, mais d’exigence rationnelle. Il affirme que chaque être humain est capable de penser par lui-même ce qu’il doit faire, sans se soumettre aveuglément à une autorité ou à un intérêt.

✔️ À retenir Kant : le devoir moral et la bonne volonté

✅ La morale repose, selon Kant, sur la raison, non sur les sentiments ou les résultats.

✅ Seule la bonne volonté est moralement « bonne » : il faut agir par devoir, pas par intérêt.

✅ L’impératif catégorique est une règle universelle : n’agis que comme si ta maxime devait devenir loi.

✅ Respecter l’autre, c’est le traiter comme une fin en soi, jamais comme un moyen.

✅ Mais cette morale peut sembler froide, rigide, et trop confiante dans la capacité de raisonner moralement.

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