Poser des questions est une compétence fondamentale dans toute langue. En arabe, l’art de poser des questions repose sur un ensemble bien défini de mots interrogatifs et de structures grammaticales. Ces éléments permettent non seulement de demander des informations, mais aussi d’exprimer le doute, l’étonnement, ou la confirmation. La maîtrise des structures interrogatives est donc indispensable pour quiconque souhaite comprendre ou parler l’arabe, qu’il s’agisse de l’arabe classique (الفصحى) ou de l’arabe dialectal.
Les mots interrogatifs en arabe (أدوات الاستفهام)
L’arabe utilise plusieurs mots spécifiques pour introduire une question. Voici les principaux, avec leur équivalent français et des exemples :
1. مَن (man) – Qui
Utilisé pour interroger sur une personne (sujet ou objet).
- مَن هذا؟ – Qui est-ce ?
- مَن رأيتَ؟ – Qui as-tu vu ?
2. ما / ماذا (mā / mādhā) – Que / Quoi
Utilisés pour interroger sur une chose.
- ما هذا؟ – Qu’est-ce que c’est ?
- ماذا تفعل؟ – Que fais-tu ?Note : ما est souvent utilisé seul pour des questions nominales, tandis que ماذا est souvent suivi d’un verbe.
3. أينَ (ayna) – Où
Utilisé pour demander un lieu.
- أين الكتاب؟ – Où est le livre ?
- أين تسكن؟ – Où habites-tu ?
4. متى (matā) – Quand
Utilisé pour demander une temporalité.
- متى تذهب؟ – Quand pars-tu ?
- متى العيد؟ – Quand est la fête ?
5. كم (kam) – Combien
Utilisé pour poser des questions de quantité (suivi d’un nom au singulier accusatif).
- كم كتابًا قرأتَ؟ – Combien de livres as-tu lus ?
- كم عمرك؟ – Quel âge as-tu ?
6. كيف (kayfa) – Comment
Interroge sur la manière, l’état ou la condition.
- كيف حالك؟ – Comment vas-tu ?
- كيف تعمل هذه الآلة؟ – Comment fonctionne cette machine ?
7. لِماذا (limādhā) – Pourquoi
8. لِمَ (lima) – Pourquoi (forme abrégée)
Utilisé pour questionner sur la cause.
- لماذا تأخرت؟ – Pourquoi es-tu en retard ?
- لِمَ تضحك؟ – Pourquoi ris-tu ?
9. بِماذا / بِمَ (bimādhā / bimā) – Avec quoi / De quoi
Utilisé pour les moyens ou instruments, généralement avec des verbes qui demandent une préposition.
- بِماذا كتبتَ؟ – Avec quoi as-tu écrit ?
- بِمَ تفكّر؟ – À quoi penses-tu ?
Structure des questions en arabe
En arabe, la structure des questions dépend du type de phrase interrogative. On distingue généralement deux grandes catégories : les questions fermées (réponse par oui ou non) et les questions ouvertes (utilisant un mot interrogatif). Pour une question fermée, il suffit souvent d’ajouter la particule “هل” (hal) au début de la phrase affirmative. Par exemple : هل ذهبتَ إلى المدرسة؟ (« Es-tu allé à l’école ? »). La structure reste la même, seule l’intonation et la particule marquent l’interrogation.
1. Les questions avec mot interrogatif (interrogation partielle)
On commence généralement par le mot interrogatif, suivi du verbe ou de la structure nominale. L’ordre des mots varie selon que la phrase est verbale (commence par un verbe) ou nominale (commence par un nom).
Exemples :
- أين تسكن؟ – Où habites-tu ?
- مَن كتب الرسالة؟ – Qui a écrit la lettre ?
- كيف الجو اليوم؟ – Comment est le temps aujourd’hui ?
- كم ثمن هذا؟ – Combien coûte ceci ?
2. Les questions sans mot interrogatif (interrogation totale)
Ce type de question appelle une réponse par oui ou non. Elle est souvent introduite par هل (hal) ou أَ (ʾa-), particules qui signalent qu’on interroge sur la validité d’une affirmation.
Exemples :
- هل تحب القهوة؟ – Aimes-tu le café ?
- أذهبتَ إلى السوق؟ – Es-tu allé au marché ?
- هل الطالب في الفصل؟ – L’étudiant est-il en classe ?
Questions et pronoms attachés
Dans les dialectes comme dans l’arabe classique, on peut combiner les mots interrogatifs avec des pronoms suffixespour plus de précision.
- من هو؟ – Qui est-il ?
- كم كتابك؟ – Combien vaut ton livre ?
- كيف حالها؟ – Comment va-t-elle ?
- أين بيتكم؟ – Où est votre maison ?
Cas particuliers : Questions rhétoriques et expressives
L’arabe utilise aussi des structures interrogatives à but expressif ou rhétorique, notamment dans le Coran et la poésie :
- أليس الله بكافٍ عبده؟ — Dieu n’est-il pas suffisant pour Son serviteur ?
- كيف تكفرون بالله؟ — Comment pouvez-vous ne pas croire en Dieu ?
Ces questions ne demandent pas réellement une réponse, mais cherchent à souligner une évidence ou provoquer une réflexion.
Conclusion
La formation des questions en arabe repose sur une série de mots interrogatifs précis et des structures grammaticales bien définies, que ce soit pour interroger sur une personne, un objet, un lieu ou une cause. Que l’on utilise l’arabe classique ou un dialecte, savoir poser des questions correctement est essentiel pour communiquer efficacement. À travers ses particules, ses inversions et son style expressif, l’arabe montre encore une fois sa capacité à mêler rigueur grammaticale et richesse stylistique.