La dissertation en philosophie est souvent la bête noire des élèves en classe de terminale et notamment son introduction. Comment la construire ? Quels éléments doivent y figurer ? Comment formuler la problématique ? Comment annoncer la problématique ? Des questions très légitimes auxquelles nous répondons sans plus tarder.
L’introduction de la dissertation de philosophie en terminale répond à certaines contraintes de forme qu’il faut savoir maîtriser. Nous te proposons de les parcourir, avec quelques astuces qui te permettront de perfectionner tes copies.
La structure de l’introduction de dissertation de philosophie
Avant même de commencer cet article, revenons sur un point essentiel : la structure de l’introduction de dissertation de philosophie. Nous parlons ici de philosophie, mais sache que ces quelques éléments sont valables pour n’importe laquelle de tes dissertations (dissertation de français, HGGSP, SES, etc.).
Ce que tu dois retenir à tout prix : l’introduction contient idéalement six moments, listés ci-dessous :
- L’accroche
- L’énoncé du sujet
- L’analyse des termes
- La problématisation du sujet
- La problématique
- L’annonce du plan
Par ailleurs, nous avons également rédigé des articles pour t’aider à réussir ton plan de dissertation, ton développement et ta conclusion, n’hésite pas à y jeter un petit coup d’œil.
L’accroche de la dissertation de philosophie
L’accroche est constituée d’une ou deux phrases qui vont capter l’attention du lecteur, voire son intérêt, le conduire jusqu’à l’énonciation du sujet, et adoucir le début de ta dissertation, qui pourrait paraître trop abrupte si tu commences directement par l’énoncé du sujet. Cependant, l’accroche n’est pas nécessaire : si tu n’en trouves pas, pas de panique ! Le correcteur ne t’en tiendra pas nécessairement rigueur.
L’accroche de ton introduction repose en général sur un fait historique ou une référence littéraire, mais d’autres références peuvent être convoquées ; veille seulement à ce que l’amorce puisse être raccrochée facilement au sujet, à ce qu’elle s’intègre dans la culture générale (pas de référence trop récente, si possible), et à ce que ce ne soit pas une citation philosophique, ce qui restreindrait le sujet à une seule approche : le but est, au contraire, d’ouvrir le sujet, d’y conduire ton lecteur sans le confronter d’emblée à une seule perspective. Et petit conseil, ne commence jamais une copie par « de tous temps, les hommes », ni quoi que ce soit de similaire : l’accroche doit être incisive, pas générale.
L’énoncé du sujet
L’accroche de ton introduction doit te conduire à énoncer le sujet, comme s’il était (presque) naturellement apporté par l’amorce. Idéalement, le lecteur doit se sentir amené de façon fluide jusqu’au sujet. L’énoncé doit être dans les mots exacts du libellé, ou le plus possible ; à ce stade, ne t’autorise pas encore de reformulation du sujet.
L’analyse des termes du sujet
L’analyse des termes est l’étape la plus longue de l’introduction, et elle est cruciale en ce qu’elle doit montrer l’épaisseur du sujet ; pour cela, tu dois reprendre les termes saillants du sujet pour en expliciter la signification, sachant que certains termes pourront recevoir différentes définitions concurrentes, ce qui orientera ton traitement du sujet. Idéalement, tu auras vu la plupart des définitions des termes, qui correspondront à des notions ou des thèmes du programme. Tu ne devras probablement pas définir chaque terme, mais ta préparation le long de l’année te permettra de repérer les points saillants du sujet, sur lesquels ton analyse devra s’appesantir.
En outre, les définitions que tu donneras seront des esquisses, des définitions préalables, afin de ne pas empiéter sur le véritable travail de pensée que tu mettras en place dans le corps de ta dissertation. Ne définis donc pas tous les termes, au risque de passer trop de temps sur cette étape, mais tu peux t’autoriser des remarques en fonction de la singularité du sujet. Là encore, n’impose pas des lectures, mais ouvre des pistes.
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La problématisation de la dissertation de philosophie
Ce sont ces pistes que tu dois désormais rassembler dans l’étape de la problématisation. Cette étape est assez difficile, mais elle est cruciale, et permet de mieux comprendre ce que l’on entend ensuite par « problématique », la clé d’une introduction.
La problématisation, c’est le moment où ton analyse se condense en un problème central que tu auras isolé à partir du sujet. La problématisation consiste, si elle est bien menée, à montrer qu’une tension est née de l’analyse des termes du sujet, parce que certains termes semblaient se contredire, ou parce qu’un terme a deux définitions divergentes, ou parce que le sujet lui-même semble exhiber une tension interne.
C’est cela que tu dois montrer : tu ne peux pas passer d’un coup de l’analyse des termes à la problématique, mais tu dois montrer en quoi un problème se pose à partir de l’analyse, problème que tu formuleras ensuite dans la problématique. La problématisation permet ainsi de ne pas paraphraser le sujet : là où le sujet est une simple question, la problématisation conduit à exhiber la tension que tu as découverte dans le sujet, et à la formuler dans la problématique.
Une façon simple de problématiser est de faire voir que, non seulement, on peut répondre à la question du sujet par oui et par non, mais que le oui ne suffit pas, parce qu’il prête le flanc à un contre-argument, et réciproquement. Le problème, c’est l’expression de cette insuffisance de chaque réponse, c’est-à-dire aussi de la difficulté du sujet. C’est aussi le lieu de dégager les enjeux du sujet, c’est-à-dire son importance : en une phrase, dire en quoi les conséquences du problème ont des répercussions sur notre vie.
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La problématique de la dissertation de philosophie
C’est une étape très courte, en une phrase, mais cruciale, puisque c’est elle qui orientera tout le reste de ton développement. Encore une fois, la problématique ne doit pas être une paraphrase du sujet, mais doit être la formulation d’un problème que tu as découvert à l’intérieur du sujet. Dans « Suis-je ce que mon passé a fait de moi ? » (sujet du baccalauréat 2015) par exemple, le problème par excellence est celui de ma liberté vis-à-vis de mon passé : mon passé me détermine, puisqu’il est tout ce que je suis jusqu’à présent, et, en même temps, parce qu’il est mon passé et non pas mon présent, j’en suis fondamentalement libre – il y a là tension, voire contradiction, et donc problème.
C’est cela que la problématique doit formuler. La problématique doit consister en une question. Ne prends pas le risque de poser une cascade de questions dont le correcteur ne comprendrait pas le lien, ni celui de formuler ta problématique sous la forme d’une affirmation.
L’annonce du plan
Une fois que la problématique a été formulée, tu peux annoncer le plan selon lequel tu comptes traiter le problème. Le plan doit être en trois parties : cela fait partie des attendus de forme. Ces parties ne doivent pas être des questions, ni des thèmes, mais des thèses : non pas des questions, parce que l’interrogation a déjà été posée dans la problématique (inutile de la multiplier dans l’annonce des parties) ; non pas des thèmes, parce qu’il s’agit pour toi de répondre à la problématique, et non pas d’en parler : un thème, c’est ce dont on parle, alors qu’une thèse, c’est ce que l’on affirme : dans chacune de tes parties, tu devras affirmer quelque chose, prendre une position et voir jusqu’où tu peux la tenir.
Tu peux t’autoriser de structurer ton annonce de plan avec des « dans un premier temps… dans un deuxième temps… », ou autres équivalents ; veille à bien varier les verbes : « nous verrons que… nous montrerons que… nous proposerons que… », etc.
Voilà, ton introduction est terminée, tu peux passer à la rédaction du développement !
Pour finir, la norme dépend des correcteurs, mais il peut être bon de construire ton introduction en trois paragraphes : un paragraphe pour l’accroche, l’énoncé du sujet et son analyse (c’est le paragraphe du sujet), un paragraphe pour la problématisation et la problématique (c’est le paragraphe du problème), et un paragraphe pour l’annonce du plan (c’est le paragraphe du développement à suivre).
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On répond à tes questions sur l’introduction en philosophie
À quoi sert l’introduction dans une dissertation de philosophie ?
L’introduction dans une dissertation de philosophie au lycée a plusieurs fonctions essentielles. Tout d’abord, elle permet d’introduire le sujet et de le situer dans son contexte philosophique. Ensuite, l’introduction a pour objectif de présenter la problématique de la dissertation. La problématique doit susciter l’intérêt du lecteur et mettre en évidence les différentes approches possibles du sujet. Par ailleurs, l’introduction permet d’annoncer le plan de la dissertation. Il est important de structurer son développement en plusieurs parties, chacune répondant à un aspect spécifique de la problématique. En présentant brièvement les grandes lignes du plan, l’introduction donne une vision d’ensemble de la réflexion à venir.
Enfin, l’introduction doit donner envie de lire la suite de la dissertation. Elle doit être claire, concise et captivante, en utilisant des formulations précises et percutantes. L’introduction doit éveiller la curiosité du lecteur et lui donner l’impression que le sujet est intéressant et qu’il vaut la peine d’être approfondi.
Pourquoi soigner son introduction ?
Soigner son introduction dans une dissertation de philosophie pour une épreuve du bac au lycée revêt une importance particulière pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, l’introduction constitue le premier contact entre le correcteur et la copie. C’est grâce à cette partie que le correcteur va se faire une première impression de la qualité et de la pertinence de la réflexion développée. Une introduction soignée et bien construite permet ainsi de susciter l’intérêt et de capter l’attention du correcteur dès le départ.
Ensuite, l’introduction joue un rôle clé dans la clarté et la compréhension de la dissertation. En posant le sujet de manière précise, en définissant les termes clés et en exposant la problématique, elle permet au correcteur de comprendre immédiatement la direction que prendra le développement. Une introduction confuse ou mal formulée risque de semer le doute et de rendre la lecture de la dissertation plus ardue.
Par ailleurs, l’introduction contribue à la structuration et à la cohérence de la dissertation. En annonçant le plan, elle permet de donner une vision d’ensemble de la réflexion et de montrer que l’argumentation sera développée de manière ordonnée et logique. Une introduction bien organisée facilite la compréhension du raisonnement et donne une impression de rigueur et de clarté.
Quand rédiger l’introduction ?
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, il est généralement conseillé de rédiger son introduction à la toute fin de son devoir. Eh oui, une fois que tu as rédigé l’intégralité de ta dissertation, tu as les idées en place et il est souvent plus simple de rédiger son introduction. Tu sais de quoi tu vas parler et tu sais où tu vas aller.
Tu peux toujours rédiger ton introduction en premier lieu, mais cela te demandra un peu plus de maîtrise.
Quoi qu’il arrive, il est très important que tu gardes du temps pour rédiger une introduction dans ton devoir. Au début ou à la fin, peu importe tant qu’elle est là !
Quelle taille doit faire une introduction ?
L’introduction doit faire environ une page et demie (il est dangereux d’y accorder plus de temps et d’espace), et pense bien à dire « nous » et non « je », c’est une convention qui est attendue des correcteurs.
Un exemple d’introduction de dissertation en philosophie
Pour illustrer au mieux cet article, que penses-tu d’un petit exemple d’introduction ?
Nous avons rédigé un corrigé du sujet « Suis-je ce que mon passé a fait de moi ? » que tu peux retrouver juste ici. Tu y trouveras un exemple d’introduction de dissertation, mais également de développement et de conclusion. De quoi te permettre d’y voir un peu plus clair et de te préparer à l’épreuve de philosophie du baccalauréat.
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