Une fois que tu as ton plan et ton introduction, il te faut rédiger le développement de ta dissertation, pour terminer par la conclusion. Dans cet article, on t’explique comment t’y prendre !
La structure du développement
Ton développement doit être organisé, sans quoi tu risques rapidement de tomber dans le hors-sujet, ou bien de manquer à certaines contraintes formelles de l’exercice, notamment le plan en trois parties. Cette organisation apparaît dans la typographie sous la forme d’alinéas et de sauts de ligne.
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Les parties
Le développement d’une dissertation de philosophie est constituée de trois parties, séparées les unes des autres par un saut de ligne et un alinéa. Elles sont elles-mêmes constituées de sous-parties, chacune séparées par un retour à la ligne et par un alinéa. Si, dans une même partie, tu veux argumenter en référence à plusieurs philosophes dont les idées sont proches, il ne faut pas que tes sous-parties ressemblent à un “catalogue”. Si, dans une partie défendant que le renoncement est un bon choix moral, tu veux appuyer tes propos au moyen des stoïciens et de Pascal, il ne faut pas que le passage des uns à l’autre soit une simple juxtaposition, mais que la progression de ton argumentation impose et justifie, au sein d’une même partie, d’approfondir ta thèse en t’appuyant sur un autre auteur que le précédent. On pourrait ainsi défendre que les stoïciens manquent un aspect du choix moral qu’est le renoncement, aspect pleinement mis en valeur chez Pascal : ainsi, la transition entre les deux sous-parties est pleinement justifiée. Les sous-parties peuvent aussi s’appuyer sur une seule et même référence, mais sur deux aspects différents, du moment que cela n’est pas hors-sujet et permet de progresser dans ton argumentation.
Les transitions
Chaque partie se termine par un paragraphe de transition critique. Dans ce court paragraphe, tu dois montrer ou rappeler les limites de la thèse que tu as défendue dans la partie que tu viens de terminer, afin d’introduire la thèse que tu défendras dans la partie suivante, qui dépassera ces limites. Ce paragraphe de transition sert ainsi de conclusion partielle, et peut permettre aussi de faire un court bilan de la partie, surtout si plusieurs arguments y ont été présentés : il peut être bon de rappeler rapidement les acquis argumentatifs que la partie précédente a apportés.
Pour la troisième partie, ce paragraphe de transition ne peut pas être critique, puisque la dernière partie est celle où tu défends ta position définitive, suffisamment solide pour ne pas avoir à être remise en question. Il faut tout de même faire un paragraphe de transition entre la troisième partie et la conclusion, et cette transition prendra plutôt la forme d’un court bilan de ta dernière partie, avant de passer à la conclusion, qui fera le bilan de toute ton argumentation.
En outre, il est recommandé de rédiger de courts paragraphes introductifs au début de chaque partie, là aussi marqués par un alinéa. Après l’introduction générale, la première introduction de partie justifie la thèse de la première partie et, si la partie contient plusieurs sous-parties, elle les annonce. Il en va de même pour l’introduction de la deuxième et de la troisième partie, qui justifient de façon critique le passage de la partie précédente à la partie présente, et annoncent le contenu de cette nouvelle partie.
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Le contenu du développement
Tu ne peux évidemment pas mettre n’importe quoi dans ton développement. Une dissertation de philosophie est avant tout l’articulation d’arguments permettant de répondre à une question posée. Ton développement devra donc contenir des arguments appuyés par des références, sans jamais tomber dans le hors-sujet.
Le traitement du sujet
Le contenu du développement doit avant toute chose rester en rapport avec le sujet et constamment y répondre. Pour cela, il faut d’abord, au moment de l’analyse du sujet et de la construction du plan, avoir été attentif à bien comprendre le sujet, ses enjeux et ses présupposés. Le sujet que l’on te propose est toujours un sujet singulier, et le hors-sujet consiste avant tout à ne pas répondre précisément à ce sujet-ci dans ton développement. Pour bien entrevoir cette singularité, le plus facile est de te poser la question : qu’est-ce qui différencie ce sujet d’un sujet proche ? Pour le sujet “Le droit peut-il être injuste ?”, tu dois prendre le temps de te demander ce qui distingue ce sujet de, par exemple, “La loi peut-elle être injuste ?” ou “Le droit peut-il être illégitime ?”. C’est en se posant cette question que tu découvriras ce qu’il y a de proprement individuel dans ce sujet, et t’évitera de tomber dans le hors-sujet lorsque tu le traiteras dans ton développement.
Pour éviter le hors-sujet, une autre chose à faire est de prendre le temps de déterminer les présupposés du sujet. Sur le sujet “L’art est-il l’affaire des seuls spécialistes ?”, un présupposé est que l’art est, notamment, l’affaire des spécialistes. Il serait ainsi hors-sujet de défendre que l’art n’est pas de leur ressort : le sujet le présuppose, et l’on ne peut, à la limite, remettre en cause ce présupposé qu’en troisième partie. Dans un sujet en “Pourquoi”, par exemple “Pourquoi abandonne-t-on sa liberté ?”, la question n’est pas de savoir si on le fait ou non, ou si l’on doit le faire : le présupposé est qu’on le fait, et la question est d’en trouver la raison.
Si tu gardes bien en tête la singularité du sujet que tu as à traiter, les arguments que tu défendras dans ton développement risqueront moins de verser vers le hors-sujet. Il faut aussi que, dans ton développement, tu continues de définir les concepts dont tu as esquissé la définition en introduction, en fonction de la progression de ton argumentation. Cela signifie aussi qu’il faut toujours continuer de problématiser, de poser des questions au sujet, sans toutefois t’éloigner de ta problématique. Continuer de problématiser, cela signifie plutôt : approfondir ta problématique au fur et à mesure de ta réponse. Répondre à “Suis-je ce que mon passé a fait de moi ?” et à sa problématique, qui mobilisera probablement le concept de liberté, cela impliquera de retravailler, tout au long du développement, la thématisation et la problématisation du concept de liberté, à travers les différentes définitions philosophiques qu’a reçu ce terme.
Les arguments
Ton développement contient surtout des arguments. De ce point de vue, il ne faut surtout pas recourir à certaines formes de discours dans ta copie. Par exemple, évite à tout prix d’utiliser des anecdotes, et d’autant plus si ce sont des anecdotes personnelles. Ton correcteur veut connaître ta pensée, mais ta vie ne l’intéresse pas. Il faut aussi éviter d’inventer des fictions ou des histoires visant à étayer ton propos : la valeur argumentative de ces discours est quasiment nulle.
En revanche, ton correcteur valorisera les références renvoyant à la culture littéraire acquise dans ta scolarité. Dans une copie de philosophie, et si cela sert ton traitement du sujet, les références littéraires, historiques ou artistiques sont appréciées.
Évidemment, le mieux est de recourir à des références philosophiques précises, en mentionnant le nom de l’auteur et le titre de l’œuvre. Ton correcteur veut connaître ta pensée, mais il s’attend à ce que tu la défendes en t’appuyant sur des penseurs antérieurs. C’est logique : d’autres ont entrepris de penser avant toi, et ils ont déjà quadrillé une partie du pensable, si bien que ton apport personnel ne peut se faire qu’à partir de leurs propres travaux. Les références philosophiques doivent être suffisamment rigoureuses et précises. Il te faut donc éviter de simplement mentionner des références, “au passage”, ou d’être allusif : ton correcteur veut savoir si tu connais vraiment cette référence, et si tu ne fais pas de contre-sens à son sujet. Sois clair, et pédagogique.
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La conclusion
Ta dissertation doit se terminer par une conclusion. Elle prend la forme d’un paragraphe de quelques lignes, où tu donneras pour de bon ta réponse à la problématique que tu as élaborée dans l’introduction. Il peut être bon de rappeler en quelques mots le cheminement argumentatif de ton développement, au début de la conclusion, en soulignant bien la logique de ton développement (sans en juxtaposer les parties, donc). Après ce bilan, donne définitivement ta réponse à la conclusion.
Il ne faut pas ouvrir de nouveaux thèmes ou donner de nouveaux arguments en conclusion. Tu n’es pas du tout obligé d’ouvrir le sujet.
On espère t’avoir aidé, dans ce dernier article de méthodologie de la dissertation !