Le bonheur : peut-on le définir et le rechercher rationnellement ?

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Le bonheur est sans doute l’une des aspirations les plus universelles de l’être humain. Mais derrière ce mot se cachent des significations diverses : pour les uns, il s’agit d’un état de plaisir durable ; pour d’autres, d’une paix intérieure ou d’un équilibre entre le désir et la réalité. Peut-on vraiment donner une définition claire du bonheur, valable pour tous ? Et surtout, peut-on s’y prendre de manière rationnelle pour l’atteindre ? La question interroge notre manière de penser notre vie : le bonheur est-il un art de vivre ou une affaire de chance ?

💡: Le sujet est ici composé de deux questions. L’une porte sur la définition du bonheur et l’autre demande une réflexion sur la recherche rationnelle du bonheur. Lorsque l’on traite des sujets comme celui ci, il est essentiel de toujours considérer les deux questions ensemble. Il n’est donc pas possible de faire une partie par question en dissertation et cela serait sanction dans une copie.

📌 Bonheur : État de satisfaction durable et complet. Il diffère du plaisir, qui est ponctuel et partiel, et de la joie, qui est une émotion intense mais passagère. Le bonheur est souvent envisagé comme le but ultime de la vie humaine.

Le bonheur peut être défini et recherché rationnellement : une idée classique

Depuis l’Antiquité, de nombreux philosophes ont tenté de définir le bonheur de manière claire et systématique. Pour eux, le bonheur n’est pas une simple émotion fugace, mais un but de vie, qu’il est possible de définir et de poursuivre avec méthode.

Aristote affirme dans Éthique à Nicomaque, que « tous les hommes désirent être heureux ». Il appelle cela l’eudaimonia, le fait de bien vivre et de bien agir selon sa nature. Pour lui, le bonheur est un état stable qui résulte d’une vie rationnelle, guidée par la vertu (justice, courage, tempérance…). Il ne s’agit donc pas d’accumuler les plaisirs, mais de vivre conformément à sa raison et à sa fonction propre d’être humain. Ce bonheur se construit dans le temps, par la réflexion et l’exercice du jugement moral. Aristote s’oppose ici à une vision hédoniste défendue notamment par Calliclès dans le Gorgias de Platon. Ce dernier compare la vie du jouisseur à celle de tonneaux percés, les “tonneaux des Danaïdes” : une quête sans fin où l’on cherche à remplir ce qui ne peut jamais l’être. Ainsi, la poursuite illimitée des plaisirs rend esclave du désir, tandis que le bonheur véritable suppose une maîtrise de soi, une cohérence intérieure et une finalité propre à l’être humain.

Les stoïciens, comme Épictète ou Sénèque, proposent eux aussi une voie rationnelle vers le bonheur. Pour eux, le malheur vient de nos jugements erronés et de notre attachement à des choses que nous ne maîtrisons pas. Le sage, lui, atteint la paix intérieure (ataraxie) en apprenant à ne désirer que ce qui dépend de lui et en se détachant de tout ce qui ne dépend pas de lui. Cette discipline de l’esprit est entièrement fondée sur la raison.

Même dans les courants plus tournés vers le plaisir, comme l’épicurisme, la recherche du bonheur obéit à une logique rationnelle : Épicure distingue les désirs naturels et nécessaires (manger, dormir…), des désirs vains (richesse, gloire…) qui nous égarent. Le bonheur correspond donc à l’ absence de trouble du corps (aponie) et de l’âme (ataraxie), et s’obtient par une gestion mesurée et lucide des plaisirs.

Dans tous ces cas, le bonheur est donc une notion définissable, qui peut faire l’objet d’une méthode rationnelle fondée sur la connaissance de soi, la modération, et la conduite éthique.

Mais le bonheur échappe souvent à la raison : une expérience subjective et incertaine

Cependant, d’autres philosophes soulignent que le bonheur est une expérience trop subjective, trop variable pour qu’on puisse le définir de façon universelle. Ce qui rend une personne heureuse peut en laisser une autre totalement indifférente. La raison semble alors incapable de saisir l’essence du bonheur.

Blaise Pascal souligne dans ses Pensées que l’homme est « fait pour le bonheur », mais qu’il le cherche partout sans jamais le trouver véritablement. Selon lui, l’être humain est habité par une quête de sens qui le pousse à fuir l’ennui, la souffrance, la conscience de sa propre finitude. Il critique l’idée selon laquelle le bonheur pourrait se construire rationnellement comme un plan de carrière ou un projet maîtrisé. Pour Pascal, une telle tentative relève d’une illusion dangereuse : croire que l’on peut être heureux sur terre de manière stable, c’est oublier que la condition humaine est marquée par la fragilité, la dépendance et la mort. Le divertissement – les occupations, les distractions – sert justement à masquer cette angoisse existentielle.

Dans le prolongement de cette idée, la psychologie moderne montre que le bonheur dépend de facteurs extrêmement variés : tempérament, situation sociale, relations affectives, environnement culturel… Il ne peut donc pas être réduit à une recette universelle. Une personne peut éprouver du bonheur sans raison précise, ou à l’inverse, se sentir profondément insatisfaite malgré une situation objectivement favorable. Le bonheur semble donc obéir à une logique affective plus qu’à une logique rationnelle. C’est ce que théorise David Hume : selon lui, ce ne sont pas nos raisonnements qui guident nos actions, mais nos émotions. Il affirme que « la raison est et ne doit être que l’esclave des passions », soulignant ainsi l’idée que les décisions humaines – et donc aussi le bonheur – dépendent fondamentalement de notre sensibilité.

Enfin, des conceptions contemporaines du bonheur valorisent l’authenticité plutôt que la rationalité. Être heureux, ce ne serait pas appliquer une méthode universelle, mais plutôt vivre en accord avec soi-même, même si cela suppose de faire des choix paradoxaux ou de suivre des chemins inattendus. Le bonheur devient alors propre à chacun, inséparable de sa trajectoire de vie, de ses valeurs personnelles, de ses expériences uniques. Dans cette perspective, vouloir définir une seule forme de bonheur reviendrait à ignorer la pluralité des existences humaines. Le bonheur serait alors indéfinissable, car il ne se décrète pas : il se découvre, parfois même malgré nous.

Une position équilibrée : la raison peut guider, mais non garantir le bonheur

Face à cette tension entre idéal rationnel et réalité subjective, on peut adopter une position intermédiaire : la raison peut nous aider à mieux vivre, à mieux nous orienter, sans pour autant nous assurer le bonheur.

Emmanuel Kant, dans Fondements de la métaphysique des mœurs, estime que le bonheur est une notion trop floue pour qu’on puisse en faire une règle morale. En revanche, il reconnaît que chacun a le devoir de chercher son propre bonheur – mais cela exige prudence, réflexion, et effort. La raison peut nous aider à organiser notre vie, mais ne suffit pas à rendre cette vie heureuse.

John Stuart Mill, philosophe utilitariste, cherche quant à lui une synthèse : il définit le bonheur comme le maximum de plaisir avec le minimum de souffrance, et propose de raisonner en termes de conséquences. La morale devient alors un calcul rationnel du bonheur global. Mais Mill reconnaît aussi que certains plaisirs sont plus élevés que d’autres, ce qui suppose une éducation du goût et de l’esprit.

Enfin, des penseurs contemporains comme Albert Camus ou André Comte-Sponville rappellent que le bonheur n’est pas un état permanent, mais une disposition à accueillir les instants de joie, malgré l’absurde ou l’impermanence. La raison peut donc être un outil, non une garantie : elle nous aide à comprendre notre rapport au monde, mais le bonheur reste fragile, parfois irrationnel, et souvent imprévisible.

📚 Auteurs indispensables :

Aristote : le bonheur (eudaimonia) comme accomplissement rationnel de l’être humain, fondé sur la vertu et une vie en accord avec sa nature.
Épicure : le bonheur comme absence de trouble (ataraxie), accessible par une gestion raisonnable des plaisirs et la distinction entre désirs naturels et vains.
Les stoïciens (Épictète, Sénèque) : le bonheur dépend de notre capacité à contrôler nos jugements et à accepter ce qui ne dépend pas de nous.
Pascal : critique d’un bonheur terrestre illusoire, besoin de divertissement pour fuir la condition humaine.
David Hume : le bonheur est une affaire de passions plus que de raison ; la raison est « l’esclave des passions ».
Kant : le bonheur est trop incertain pour fonder la morale, mais reste une aspiration légitime, qui demande prudence et réflexion.
John Stuart Mill : le bonheur comme calcul rationnel entre plaisirs et souffrances, avec une hiérarchie qualitative entre plaisirs.
Camus / Comte-Sponville : le bonheur comme disposition intérieure, acceptation de l’instant, lucidité face à l’absurde ou à l’impermanence.

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