Dans cet article, nous faisons le pont avec toi sur la Révolution française et l’Empire, des notions au programme d’histoire-géographie en classe de première générale.
La nation est un concept clé né au XVIIIe siècle avec les Lumières. Pour bien la définir, nation vient de nascere qui signifie naissance en latin. Elle correspond donc à un groupe humain à qui l’on attribue une origine commune et qui se caractérise par des critères communs, comme la langue ou la culture. La Révolution française va être un moment charnière de l’histoire contemporaine aussi bien en France que dans le monde pour changer l’ordre politique et instaurer cette idée du gouvernement par le peuple, par la nation.
Un besoin de liberté menant à la rupture révolutionnaire
À la fin du XVIIIe siècle, le peuple français vit mal, il est opprimé et n’a que peu de droits. Il y a en plus un véritable fossé entre le Tiers-État (98% de la population), le clergé et les nobles qui ont de nombreux privilèges. Face à un problème de finance, Louis XVI fait convoquer les États généraux en 1789, une réunion des 3 ordres pour décider une levée de nouveaux impôts. Deux systèmes s’opposent, le Tiers-État veut voter par tête, donc compter chaque voix, ce qui le ferait gagner quand le clergé et la noblesse veulent voter par ordre et donc gagner par 2 voix contre 1 alors même qu’ils sont minoritaires. En plus de cela, le roi fait fermer la salle où se réunissent les députés du Tiers-État. C’est alors que ces derniers vont prêter le célèbre serment du Jeu de Paume. Ils se promettent de ne pas se quitter tant qu’ils n’ont pas rédigé une nouvelle Constitution pour la France.
Comme tu le sais, s’ensuit alors le début de la Révolution française avec la prise de la Bastille, l’abolition des privilèges et surtout la rédaction de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (DDHC). On observe donc une volonté nouvelle d’unir la nation autour d’un socle d’idées que sont les principes révolutionnaires. Dedans, on retrouve la liberté, l’égalité, le respect de la propriété privée, mais aussi la création du concept de souveraineté nationale, idée charnière de ce chapitre. L’autorité doit donc résider dans la nation désormais.
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La difficile mise en place d’un sentiment national à travers la République
Comme tu l’as compris, le peuple entend prendre le pouvoir et renverser le roi. Celui-ci est d’ailleurs enfermé dans les Tuileries en août 1792, l’objectif étant de mettre en place la 1re République. Seulement, il y a beaucoup de troubles autant intérieurs qu’extérieurs. Les monarchies étrangères s’inquiètent de cette situation et vont faire la guerre à la France. En effet, comme l’illustre le manifeste de Brunswick, écrite par le chef des armées prussienne, les monarchies menacent d’envahir Paris si l’on fait du mal à la famille royale. Au lieu d’intimider le peuple, cela va d’autant plus radicaliser la lutte républicaine. Après la victoire à Valmy, la 1re République est fondée en septembre 1792. Mais, pour la défendre des attaques extérieures, la Convention va d’abord décider la conscription obligatoire, équivalent d’un service militaire et va même ordonner la « levée en masse » en 1793, afin de mobiliser un grand nombre de citoyens pour défendre leur patrie. Cet acte est hautement symbolique en ce sens qu’il réunit toute la population autour d’une valeur, d’un sentiment d’appartenance commun qu’est la nation.
Pour unifier le territoire vont être prises de nombreuses mesures, que l’on retrouve encore aujourd’hui. Par exemple, on va unifier les poids et mesures, c’est-à-dire tous parler en termes de mètres et de grammes et non plus en fonction d’un système spécifique dans sa région. De plus, la Convention crée une unité administrative en instaurant les départements qui renforcent le sentiment d’appartenance à un ensemble uni. Enfin, vont être créés de nombreux symboles nationaux, comme le drapeau tricolore, le bonnet phrygien, la Marseillaise et surtout la fête du 14 juillet.
Napoléon, entre autorité et diffusion des acquis révolutionnaires
La période de la 1re République sera trouble et instable. Elle connaîtra la Terreur dès 1793-1794 et le pays aura du mal à être gouverné. De 1795 à 1799, c’est le Directoire qui dirige le pays. Le coup d’État du 18 Brumaire en 1799 par Napoléon lui fait prendre le pouvoir du pays. Il commence dès lors à mettre en place son pouvoir personnel, ce jusqu’à l’instauration du 1re empire le 2 décembre 1804.
D’une part, Napoléon va instaurer un régime avec un ordre autoritaire. Il rétablit par exemple l’esclavage en 1802, 8 ans après son abolition. Il a aussi une importante police secrète menée par Fouché qui fait beaucoup d’espionnage, censure la presse et emprisonne les opposants.
D’autre part, il maintient certains des acquis révolutionnaires et cherchent à diffuser le concept de nation. L’exemple le plus marquant est bien sûr le Code Civil de 1804, unifiant les lois à l’échelle nationale et donc maintenant l’acquis révolutionnaire de l’égalité de tous devant la loi. Il va aussi mettre en place un régime récompensant le mérite avec la création des lycées (pour garçons) pour étudier et surtout la création de la Légion d’honneur pour distinguer ceux qui agissent pour la nation.
Le sentiment national reste encore très fragile au début du XIXe siècle
Mais Napoléon essaie d’étendre ces mesures aux pays vassaux ou envahis et ce souvent dans l’obligation et surtout la violence, comme l’illustre le tableau Tres de Mayo de Goya. Il y a alors une naissance de sentiments nationaux dans les autres peuples, mais cette fois-ci tournés contre la figure de Napoléon et de son invasion. En effet, les peuples sont pillés et leurs hommes enrôlés de force dans la Grande armée et donc tués à la guerre, pour un pays qui n’est pas le leur. On voit ce sentiment de rejet chez les Russes qui préfèrent, par exemple, brûler Moscou plutôt que de se laisser envahir par l’empereur français.
Mais, ce sentiment national reste fragile aussi en France. La France fera face à 7 coalitions différentes pendant la période napoléonienne. Les guerres coûtent cher et commencent à user les Français, qui perdent de nombreux membres de leur famille. De plus, à partir de 1911, les défaites s’enchaînent, notamment la campagne de Russie de 1812 avec l’échec éclatant de la retraite sur la Bérézina.
Ainsi, le sentiment national vient des Lumières et naît dans un mouvement de contestation. La Révolution française était et reste un exemple canonique dans l’histoire des idées à l’échelle mondiale. Pourtant, retiens que le sentiment national au début du XIXe n’était encore qu’une ébauche et ne s’est pas tout de suite concrétisé. Il faudra attendre le milieu du XIXe pour connaître une vraie apparition du sentiment de nation chez les peuples européens.