Pour vous aider à réviser votre bac HGGSP, voici un article qui résume tout ce qu’il faut savoir sur les frontières en débat. C’est le deuxième axe d’étude. Il s’agit du thème «Étudier les divisions politiques du monde : les frontières»étudié en classe de première.
Les frontières ont été créées au cours de l’histoire par des conflits, débats et des négociations. Mais ces frontières ne font pas toujours l’unanimité. Ces désaccords mènent bien souvent à de longs débats quant à leur légitimité. Parfois ils débouchent sur des conflits armés comme il le sera vu avec la frontière germano-polonaise. Mais certaines font également l’objet d’un consensus international.
Comment se manifestent les débats sur les divisions politiques du monde, entre disputes, négociations et concertations ?
Les frontières en débat : le concept dans l’histoire des idées
Reconnaître la frontière : la frontière germano-polonaise de 1939 à 1990, entre guerre et diplomatie
Pour quelles raisons, comment et par qui la frontière germano-polonaise est-elle fixée et reconnue entre 1939 et 1990 ?
Des premiers partages…
Après la Première Guerre mondiale, le traité de Versailles instaure la frontière germano-polonaise le 28 juin 1919. Puis l’Allemagne nazie et l’URSS signent, le 23 août 1939, le pacte germano-soviétique. Il s’agit d’un pacte de non-agression qui masque en réalité un partage de l’Europe entre les deux puissances. Elles vont alors attaquer la Pologne quelques jours plus tard dans la cadre de cet accord. L’envahissement de la Pologne s’effectue respectivement le 1 septembre et le 17 septembre 1939.
Cependant, l’Allemagne nazie va rompre ce pacte de non-agression en attaquant l’URSS en juin 1941. L’URSS va alors revendiquer ses territoires en Pologne lors de la conférence de Téhéran en 1943. Réunissant Staline, Roosevelt et Churchill, la Pologne est re-déplacée à l’ouest au profit de l’URSS.
En 1945 les Alliés, durant la Conférence de Potsdam et suite à plusieurs conférences durant l’année 1944, établissent une frontière provisoire le long de la ligne Oder-Neisse qui sépare les deux pays. Ni l’Allemagne, ni la Pologne ne reconnaissent cette frontière provisoire. La décision revient au quatuor URSS, Etats-Unis, Royaume-Uni et France. Elle est reconnue internationalement mais n’a pas convaincu les deux pays intéressés. Cette frontière est censée suivre des tracés naturels (la rivière Neisse et le fleuve Oder). Cependant la réalité est autre: elle coupe des villages en deux et sépare des habitants de leur pays d’origine. Elle est le fruit de négociations et a été décidée ainsi afin de laisser à Staline des territoires qui lui ont été attribués dans le pacte germano-soviétique.
En 1949, la question de la frontière germano-polonaise se pose à nouveau avec la séparation de l’Allemagne entre la RDA (République Démocratique Allemande) et la RFA (République Fédérale d’Allemagne). En 1950, la RDA, limitrophe de la Pologne et soutenue par le bloc soviétique. L’accord de Görlitz reconnaît la frontière avec la Pologne comme «frontière de la paix» afin de pacifier les rapports des deux pays. La RFA, elle, ne reconnaît pas cette frontière. Elle revendique même le territoire à l’est de la ligne Oder-Neisse.
Vers une frontière reconnue par la loi…
En 1970 le chancelier de la RFA, Willy Brandt, lance sa politique Ostpolitik. Elle mènera à la signature des traités de Moscou (avec l’URSS) et ceux de Varsovie (avec la Pologne). Ces traités reconnaissent la ligne Oder-Neisse comme frontière d’État. La RFA renonce, dans ces mêmes traités, à toute souveraineté allemande sur les territoires polonais. Le traité de Varsovie est particulièrement important. Il montre la volonté de la RFA de trouver une solution non pas par les armes mais par la diplomatie. Ceci afin de préserver les enjeux géopolitiques qui y sont liés.
Enfin suite à la réunification des deux Allemagnes en 1990, les traités de Varsovie s’étendent à la RDA et la RFA devient donc frontalière à la Pologne. Le tracé définitif de la frontière germano-polonaise et acté lors du traité de Moscou le 12 septembre 1990. C’est le traité des 4+2 : URSS, Etats-Unis, France, Royaume-Uni + Allemagne, Pologne. Plus de détails sur l’Allemagne et ses frontières en 8 cartes ici.
Dépasser les frontières : le droit de la mer (identique sur l’ensemble des mers et des océans, indépendamment des frontières)
Les délimitations maritimes : quels enjeux géopolitiques, formes et fonctions de ces divisions politiques des mers et océans ?
Les frontières maritimes sont bien plus complexes à établir que les frontières terrestres. D’autant plus que de nombreux intérêts géopolitiques entrent en conflit quant aux ressources qu’offrent ces territoires. C’est pourquoi après des très longues négociations, on décide en 1994, lors de la convention de Montego Bay, l’adoption de la convention des Nations Unies sur le Droit de la Mer (CNUDM), grâce à un compromis entre la libre circulation maritime et l’appropriation des mers.
Lors de la CNUDM, est décidé que les espaces maritimes seront délimités en cinq zones distinctes et que plus la zone est proche des côtes d’un État, plus celui-ci à un droit souverain important dessus et plus la zone est éloignée des côtes, plus la liberté est grande. On retrouve ainsi les zones suivantes :
- les eaux intérieures : toute zone maritime sous la ligne de côte, ici l’État a les mêmes droits souverains que sur ses territoires terrestres.
- les eaux territoriales : jusqu’à 12 milles marins, tous les navires civiles et militaires ont un droit de passage tant qu’ils ne représentent pas une menace pour l’Etat côtier. L’Etat peut néanmoins y imposer des réglementations.
- la zone contiguë : jusqu’à 24 milles marins, l’Etat peut y intervenir pour prévenir et réprimander des infractions à ses lois.
- la zone économique exclusive (ZEE) : jusqu’à 200 milles marins, l’État côtier à un droit souverain exclusif d’exploitation des ressources dans ces eaux.
- la haute mer : au-delà de 200 milles, zone de liberté, la seule juridiction applicable est celle du pavillon nationale des navires y naviguant. Les fonds marins appartiennent au patrimoine commun de l’humanité.
Les droits en vigueurs dans l’espace maritime d’un État s’appliquent verticalement, du sous-sol à l’espace aérien. Le droit de navigation, même pour les navires militaires, s’appliquent partout à l’exception des eaux intérieures. Seul quatre pays côtiers n’ont pas ratifié la CNUDM, à savoir Israël, la Turquie, le Venezuela et les Etats-Unis. Il existe d’autres accords maritimes à l’échelle régionale par exemple. La réalisation de ces accords a lieu dans le cadre de l’Organisation Maritime Internationale (OMI) qui fait partie des Nation Unies.
Cependant ce n’est pas parce que des accords internationaux existent que des tensions n’existent pas. Lors de ton épreuve de bac HGGSP, prend soin de toujours nuancer tes propos ! En effet, pour ce cas, on peut prendre l’exemple du Canada et des États-Unis. Ces deux pays revendiquent des droits différents sur l’Arctique et le statut juridique de la route du Nord-Ouest. On peut aussi évoquer le cas de la mer de Chine méridionale, convoitée par plusieurs Etats pour ses ressources. Les conséquences sont une militarisation via l’occupation d’îlots afin d’avoir un contrôle militaire sur les zones maritimes.
Les frontières en débat : exemple d’un sujet de bac HGGSP
Sujet 1: Comment dépasser les débats de frontières ? Vous mènerez votre réflexion notamment à partir de deux exemples : la frontière germano-polonaise entre 1939 et 1990, puis le droit à la mer actuellement.
Conseils : Il est important dans ce sujet de bien montrer les enjeux qui découlent du tracé des frontières. Attention également à toujours remettre vos idées dans le contexte géopolitique adéquate.
Introduction parfaite pour réussir ton bac HGGSP : Revenez sur les différents types de frontières et le rôle qu’elles ont pu jouer (économique, militaire, …). Mentionnez les conflits qu’elles peuvent générer (politique, économique, militaire, …)
I. La frontière germano-polonaise, entre guerre et ingérence, suscite une flambée de débats
Pour répondre à ce sujet de type bac HGGSP, il est pertinent de procéder par ordre chronologique. Ainsi vous pouvez rappeler que cette frontière n’apparaît que pour la première fois en 1919. Il faut également remettre le contexte historique de sa création puis de son invasion en 1939 par l’Allemagne nazie et l’URSS en 1939. Son partage successif avec la conférence de Téhéran et de Potsdam est indispensable. Il faut aussi expliquer la place qu’elle occupa lors de la séparation des deux Allemagnes. Ne pas oublier de mentionner comment les 4+2 arrivèrent à un accord en 1990.
II. Les frontières maritimes, entre droit et convoitises
Il est important de rappeler le cheminement nécessaire afin d’aboutir aux accords de la convention de Montego Bay.
Rappelez ensuite brièvement les différents types de droits maritimes (5 au total) qui découlent de ces accords. Plus on s’éloigne de la côte, moins le droit souverain de l’État est important. Il faut aussi appuyer sur ce que ces droits impliquent. Un État a des droits sur les ressources se trouvant dans son espace maritime.
Ce point mène à la dernière partie, les tensions que ces zones maritimes entraînent. Certains pays n’ont pas ratifié les accords de 1990, expliquez ce que cela peut impliquer. Mentionnez les nombreux accords régionaux et l’intérêt pour certains pays d’en faire partie. Enfin des pays comme la Chine ont une politique très agressive quant à l’accès aux ressources maritimes. Expliquez comment ces pays s’y prennent et l’impact régional que cela provoque. Pour réussir l’épreuve au bac HGGSP, il faut insister sur l’explicitation des causes.
Sujet 2 : Quels sont les débats suscités par le tracé des frontières ? Vous vous appuierez sur des exemples pris dans l’histoire du XXème siècle. Également sur les questions actuelles autour du droit de la mer.
Les frontières sont un sujet primordial pour le bac HGGSP. Elles ne sont pas synonymes de paix et leurs tracés peuvent être remis en cause. C’est pourquoi elles sont au coeur de nombreux débats. Leurs délimitations sont souvent le reflet des longues négociations et de compromis entre États. Le droit de la mer est un exemple de dépassement des frontières sur fond de consensus international. Ce consensus n’a pas été obtenu facilement. Il est, encore aujourd’hui, parfois remis en cause lorsque les intérêts de plusieurs États s’opposent.
N’hésitez pas à poursuivre vos révisions pour le bac HGGSP, avec la fiche sur les Etats-Unis. Bon courage !