L’épiphore se distingue de plusieurs figures de style que tu dois connaître en français. Elle est relativement facile à discerner et apporte un effet des plus particuliers au texte. Laisse-nous alors te donner quelques exemples d’épiphore, une définition facile à comprendre et des explications sur ce procédé stylistique unique.
Quelques exemples de l’épiphore
L’épiphore est une figure de style d’insistance qui a pour effet de répéter le même mot (ou groupe de mots) à la fin d’une phrase, d’un vers, d’un paragraphe ou d’une strophe. Afin d’illustrer cette simple définition, nous allons te présenter quelques exemples notables d’épiphore :
- « Mais il n’enseignait rien celui-là, ne savait rien, ne souhaitait rien », Gustave Flaubert.
- « Et toujours ce parfum de foin coupé qui venait de Bérénice qui résumait Bérénice, qui le pénétrait de Bérénice », Louis Aragon.
- « Avec cette foi, nous serons capables de travailler ensemble, de prier ensemble, de lutter ensemble, d’aller en prison ensemble, de défendre la liberté ensemble », Martin Luther King Jr.
Comme tu le constates, les mots suivants se répétent à chaque marque de ponctuation : « rien » chez Flaubert, « Bérénice » chez Aragon, « ensemble » chez Martin Luther King Jr. On observe bien une épiphore puisque le mot de fin se répète tout au long des phrases.
La définition de l’épiphore
Petit point historique sur le mot épiphore : comme beaucoup de figures de style, nous devons l’origine du mot épiphore au grec, ἐπιφορά (se prononce epiphorá), qui signifie tantôt « apport à », tantôt « vers ».
L’épiphore est un procédé stylistique qui, comme l’anaphore, cherche à répéter un mot ou un groupe de mots à la fin d’une phrase. Très appréciée dans les discours ou en poésie, cette figure de style s’utilise pour appuyer un argument grâce à la répétition finale.
Son effet est celui d’un écho, une répétition à visée poétique ou à visée argumentative. Voici d’autres exemples qui illustrent ces usages :
👉 « Longue comme des fils sans fin, la longue pluie / Interminablement, à travers le jour gris, / Ligne les carreaux verts avec ses longs fils gris, / Infiniment, la pluie, / La longue pluie, / La pluie », Emile Verhaeren, La pluie.
👉 « Moi qui n’ai jamais prié Dieu / Que lorsque j’avais mal aux dents / Moi qui n’ai jamais prié Dieu / Que quand j’ai eu peur de Satan / Moi qui n’ai prié Satan / Que lorsque j’étais amoureux / Moi qui n’ai prié Satan / Que quand j’ai eu peur du Bon Dieu », Jacques Brel, La Statue.
👉 « Je veux que chacune et chacun puisse travailler dans notre pays plus facilement, que les entrepreneurs embauchent plus facilement, que les entrepreneurs investissent plus facilement, mais que chacune et chacun puisse aussi travailler plus facilement et soit mieux récompensé de son travail. », Emmanuel Macron, Discours de Clermont-Ferrand, le 7 janvier 2017.
Quelle est la différence entre l’anaphore et l’épiphore ?
Définition de l’anaphore
Une anaphore est une figure de style d’insistance qui a pour effet de répéter un mot ou un groupe de mots, mais qui le fait en début de phrase. Elle est donc l’opposé de l’épiphore.
La différence entre l’anaphore et l’épiphore
Pour que tu puisses distinguer les deux figures de style, on te présente un exemple pour chaque procédé afin de mieux les comparer :
Exemple d’anaphore 👉 « « Paris ! Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! Mais Paris libéré ! », Général Charles de Gaulle.
Exemple d’épiphore 👉 « Car cette croix étincelante montrait le Christ, / de telle façon que je ne sais pas en trouver un exemple digne ; / mais celui qui prend sa croix et suit le Christ, / encore me pardonnera de ce que je ne dis pas, / en voyant dans cette lueur briller le Christ », Dante, La divine comédie.
Comme tu peux le remarquer, l’exemple de Charles de Gaulle répète la ville de Paris en la ponctuant d’un point d’exclamation. Il veut pour sa part donner une visée politique importante, celle de l’importance de la libération de la France malgré le conflit qui a précédé.
Quant à l’exemple de Dante, poète italien des XIII-XIVe siècles, la répétition du « Christ » revient à remettre en avant la place de la religion de son poème, La divine comédie. Dans la troisième partie, intitulée Paradis, l’épiphore permet d’accentuer la place de la religion et appuyer le mot à chaque fin de vers.
Quelle est la différence entre l’antépiphore et l’épiphore ?
Définition de l’antépiphore
L’antépiphore est un procédé linguistique qui cherche à répéter un mot ou groupe de mots à la fois au début et à la fin d’un même paragraphe ou même d’une strophe. Elle permet d’englober et créer l’effet de boucle au sein du texte.
La différence entre l’antépiphore et l’épiphore
Voici un exemple pour comparer chacune des figures de style :
Exemple d’antépiphore 👉 « Peut-on illuminer un ciel bourbeux et noir ? / Peut-on déchirer des ténèbres / Plus denses que la poix, sans matin et sans soir / Sans astres, sans éclairs funèbres ? / Peut-on illuminer un ciel bourbeux et noir ? », Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal.
Exemple d’épiphore 👉 « Musique de l’eau / Attirance de l’eau / Trahison de l’eau / Enchantement de l’eau », Anne Hébert.
Dans l’exemple de Baudelaire, l’antépiphore se répète lors du premier et du dernier vers de la strophe, soit « Peut-on illuminer un ciel bourbeux et noir ? ». L’effet de répétition n’est pas continuel comme avec une épiphore. Ici, elle crée une image d’un englobement.
Quant à l’exemple d’Anne Hébert, la répétition du mot « eau » est constante et poétique, telle l’image d’un écho. L’épiphore ponctue chaque fin de vers, conservant la rime, mais un rappel constant de l’image de l’eau. On a donc ici une visée poétique.
Quelle est la différence entre la symploque et l’épiphore ?
Définition de la symploque
La symploque est une figure de style hybride, car elle combine les caractéristiques de l’anaphore et de l’épiphore simultanément. Ainsi, cette figure de style parvient à créer une structure lexicale unique avec une forme en A____B.
La différence entre la symploque et l’épiphore
Afin de comprendre les nuances entre ces deux figures de style, voici un exemple pour chacune d’entre elles que nous allons comparer :
Exemple de l’épiphore 👉 « On s’ennuie de tout, mon Ange, c’est une loi de la Nature ; ce n’est pas ma faute. […] Si donc je m’ennuie aujourd’hui d’une aventure qui m’a occupé entièrement depuis quatre mortels mois, ce n’est pas ma faute. Si, par exemple, j’ai eu juste autant d’amour que toi de vertu, et c’est sûrement beaucoup dire, il n’est pas étonnant que l’un ait fini en même temps que l’autre. Ce n’est pas ma faute », Choderlos de Laclos, Les liaisons dangereuses.
Exemple de symploque 👉 « les yeux noirs de Stella, les yeux d’oiseau de Stella, se dilataient dans son visage creusé », Anne Hébert, La mort de Stella.
L’exemple d’Anne Hébert montre bien la structure hybride de la symploque, soit d’une forme en A___B avec « les yeux […] de Stella ». Nous comprenons que l’écrivaine québécoise souhaite insister sur cette image-là. Cette double répétition permet de créer une image ensorcelante du regard de Stella.
Quant à l’épiphore, cette répétition du « ce n’est pas ma faute » permet de montrer cette présence de culpabilité. Le roman de Laclos fonctionne sous la forme épistolaire, ainsi la place de l’écrit est d’autant plus importante. L’épiphore permet d’insister sur les sentiments et donne une visée émotive et personnelle.
Exercice sur l’épiphore
Maintenant que tu sais tout sur l’épiphore, on te propose un exercice pour vérifier si tout est bien acquis.
Écris un court texte (4 à 6 phrases) en utilisant l’épiphore pour mettre en valeur une idée ou une émotion. Choisis un mot ou une expression à répéter à la fin de chaque phrase. Ton texte peut être narratif, descriptif ou poétique.
Ne triche pas ! 🤫
Correction
La nuit tombe, et je suis seule. Les rues sont vides, et je suis seule. Les lampadaires éclairent des bancs déserts, et je suis seule. Même les étoiles me semblent lointaines, et je suis seule.
