Il convient de préciser qu’il ne s’agit que d’une proposition de correction ; d’autres approches et lectures du sujet peuvent également être pertinentes selon l’angle d’analyse adopté et les arguments avancés.
Corrigé de l’épreuve de SES – Bac 2025 – Dissertation
Bac SES 2025 : Analyse du sujet – pièges à éviter
- « dans quelle mesure » : il faut une analyse quantitative, mais aussi qualitative, ainsi qu’une analyse des effets positifs et négatifs, du degré d’impact également
- « les politiques monétaire et budgétaire » : il y a deux points d’attention :
- dans un premier temps, l’utilisation du pluriel « les » implique une analyse des différentes formes que peuvent prendre la politique monétaire (expansionniste, restrictive, …) mais aussi,
- d’où l’importance du « et » dans un second temps, la politique budgétaire (de relance, de rigueur,…)
- Cadre spatio-temporel :
- « pays membres de la zone euro » ne pas confondre avec l’ensemble des pays membres de l’Union européenne (UE), en effet tous les pays membres de la zone euro sont membres de l’UE, mais tous les pays membres de l’UE ne sont pas membres de la zone euro d’où le piège du sujet !
- En termes cadre temporel : il faut analyser le passé également afin de voir « dans quelle mesure » les politiques monétaires et budgétaires ont eu un impact sur la conjoncture économique actuelle et dans quelle mesure on a pu en tirer des leçons
Bac SES 2025 : Éléments à mettre en introduction
Idée d’accroche
Pour rappel : l’accroche doit toujours porter sur un élément d’actualité en SES afin de montrer l’enjeu réel et contemporain du sujet qu’on vous pose.
En 2024, la Banque centrale européenne (BCE) a réduit ses taux directeurs à plusieurs reprises – la dernière fois en juin – ramenant les taux à environ 2 %. Dans le même temps, la France a enregistré un déficit public de 5,8 % du PIB en 2024 (environ 169,6 milliards d’euros), contre 5,4 % l’année précédente – bien au-delà de la limite de 3 % fixée par l’UE.
Ces chiffres montrent que la politique monétaire (par le biais des ajustements de taux d’intérêt) et la politique budgétaire (par le biais des déficits budgétaires) restent des outils actifs dans l’organisation de la conjoncture économique.
Définitions des termes
- Une politique conjoncturelle désigne l’ensemble des interventions de l’État ou d’une banque centrale pour réguler l’activité économique à court terme (croissance, inflation, chômage).
- La politique budgétaire joue sur le montant des recettes et des dépenses publiques afin de réguler l’activité économique et rendre la conjoncture économique pérenne.
- Politique budgétaire expansionniste / de relance : Augmente les dépenses publiques ou réduit les impôts pour stimuler la croissance économique.
- Politique budgétaire restrictive / de rigueur : Réduire les dépenses publiques ou augmenter les impôts pour freiner l’inflation et contrôler les déficits.
- La politique monétaire agit via les taux d’intérêt et la masse monétaire. Il faut noter qu’en zone euro, la politique monétaire est menée par la BCE et que les banques nationales sont censées avoir une faible autonomie face à la BCE qui dicte les directions de la politique monétaire.
- Politique monétaire expansionniste : abaisse les taux d’intérêt ou augmente l’offre de monnaie pour stimuler la demande et l’investissement.
- Politique monétaire restrictive : Augmente les taux d’intérêt ou réduit la masse monétaire pour lutter contre l’inflation.
Bac SES 2025 : Proposition de plan
I. Les politiques monétaire et budgétaire permettent d’influencer efficacement la conjoncture
A. La politique monétaire de la BCE comme levier principal pour stabiliser l’économie
- La BCE agit principalement sur le taux directeur (Document 4) : en 2023-2024, elle l’a fortement relevé pour lutter contre l’inflation, entraînant un ralentissement de la demande et de l’activité (Allemagne : croissance -0,2 %, Document 2).
- Elle utilise également les opérations d’open market et des programmes de rachat d’actifs (quantitative easing) en période de crise (exemple de la crise COVID ou encore l’idée qu’entre 2015 et 2020, les taux bas et les rachats de dettes souveraines ont soutenu la reprise économique post-crise financière.
- Milton Friedman a soutenu que l’inflation est « toujours et partout un phénomène monétaire », causé par une croissance excessive de la masse monétaire. Selon sa théorie, contrôler l’inflation nécessite un resserrement de la politique monétaire, généralement en augmentant les taux d’intérêt. Des taux plus élevés réduisent les emprunts et les dépenses, ce qui atténue les pressions inflationnistes.
B. La politique budgétaire des États membres de la zone euro comme soutien de l’activité pour corriger les déséquilibres
- En période de faible croissance, l’État peut stimuler la demande via des investissements publics et des baisses d’impôts.
- En France, les dépenses publiques restent très élevées : 57 % du PIB en 2023 (Document 3), avec un déficit de plus de 6 % en 2024 (Document 1). Il est également possible de mettre en relation ces informations avec le plan de relance post-COVID (« France Relance ») qui a permis un rebond de la croissance en 2021-2022.
- John Maynard Keynes a souligné l’importance d’une politique budgétaire contra-cyclique, où l’État intervient activement lors des récessions économiques. Il estime que l’augmentation des dépenses publiques et la réduction des impôts peuvent stimuler la demande globale et soutenir la reprise économique. Cette approche aide à atténuer le chômage et à stabiliser la conjoncture économique.
C. Pour observer des externalités positives en termes de conjoncture économique, il faut que les politiques monétaire et budgétaire aient un objectif commun
- Politique budgétaire expansive + politique monétaire accommodante = double soutien à la demande. En effet, le mélange d’une politique budgétaire expansionniste avec une politique monétaire accommodante offre un double coup de pouce à la demande agrégée. Alors que les dépenses publiques et les réductions d’impôts stimulent la consommation et l’investissement, des taux d’intérêt bas encouragent l’emprunt et réduisent le coût du crédit. Ensemble, ces mesures amplifient la reprise économique pendant les ralentissements.
- C’est ce qui a été mis en œuvre entre 2020 et 2022 : plan de relance et politique de taux bas de la BCE.
- Comparaison internationale pertinente à mettre : les États-Unis ont bénéficié d’un pilotage plus cohérent entre la FED (l’équivalent de la BCE aux États-Unis) et la gestion du Trésor public, que la zone euro depuis la crise de 2008, ce qui explique globalement le retard de la zone euro sur les États-Unis depuis la crise des subprimes.
II. Des limites importantes restreignent l’efficacité des politiques conjoncturelles dans la zone euro
A. Une politique monétaire unique pour des économies aux besoins différents
- La BCE doit fixer un taux unique pour des économies très différentes : Allemagne (-0,2 % de croissance) vs Espagne (2,5 %), Document 2.
- Cela peut provoquer des effets inadaptés : une politique restrictive peut aggraver une récession dans certains pays.
- La théorie des zones monétaires optimales de Robert Mundell suggère qu’une union monétaire réussie nécessite une mobilité élevée des facteurs et des transferts fiscaux entre les régions. La zone euro ne répond pas à ces critères, car la mobilité de la main-d’œuvre reste limitée et il n’y a pas de budget central fort pour compenser les chocs asymétriques. Cette faiblesse structurelle remet en question l’efficacité d’une politique monétaire commune dans les diverses économies.
B. Une politique budgétaire encadrée par des règles strictes freinant son efficacité dans les pays qui ont besoin d’une relance économique
- Règles du Pacte de stabilité et de croissance (PSC) – préciser que c’est applicable pour TOUS les États membres de l’UE, mais le respect de ces règles est plus strict pour les États membres de la zone euro : déficit < 3 %, dette < 60 % du PIB – très contraignantes (Document 1).
- Procédures pour déficit excessif (France, Italie, etc.) limitent la marge de manœuvre budgétaire.
- Le financement du déficit entraîne une hausse de la dette : 112 % du PIB pour la France (Document 1).
C. Des politiques prenant régulièrement des directions divergentes
- Absence d’un budget européen significatif pour redistribuer ou compenser les déséquilibres. L’Union européenne manque d’un budget centralisé important capable de redistribuer les ressources pour compenser les déséquilibres économiques régionaux, une lacune clé remarquée par des économistes comme Paul Krugman et Barry Eichengreen. Contrairement aux systèmes fédéraux comme les États-Unis, où les transferts budgétaires amortissent les chocs asymétriques, la capacité budgétaire limitée de l’UE entrave une stabilisation efficace entre les États membres.
- Les décisions de la BCE ne sont pas forcément en phase avec les politiques nationales.
- Proposition d’approfondissement de l’UEM : créer un vrai Trésor européen comparable au modèle américain (rapport Pisani-Ferry, 2017).
Bac SES 2025 : Idée d’ouverture pour la conclusion
L’émission de la première obligation européenne commune en 2024 a marqué un pas symbolique vers l’intégration fiscale, faisant écho aux propositions longtemps défendues par des économistes tels que Thomas Piketty et Jean Pisani-Ferry. Cependant, son échelle limitée souligne l’approche prudente de l’UE, loin d’établir une véritable union budgétaire capable de mutualiser la dette et de stabiliser à grande échelle.
Corrigé de l’épreuve composée – Bac SES 2025
Bac SES 2025 : Première partie : Mobilisation des connaissances
Les incitations sélectives sont des récompenses ou sanctions spécifiques conçues pour encourager la participation à l’action collective en surmontant le problème du passager clandestin, comme l’a théorisé Mancur Olson dans The Logic of Collective Action (1965).
Un exemple clair est le cas des syndicats agricoles français tels que la FNSEA : les agriculteurs qui adhèrent au syndicat ont accès à des subventions, un soutien juridique et des opportunités de formation, que les non-membres ne reçoivent pas. Ces avantages matériels compensent les coûts de l’engagement, tels que le temps et les frais d’adhésion.
D’un point de vue sociologique, Raymond Boudon explique ce comportement par la rationalité instrumentale—les individus évaluent les avantages attendus et choisissent de s’engager si cela sert leur intérêt personnel. En revanche, Charles Tilly met en évidence des formes d’engagement politique basées sur l’identité ou militantes, motivées par des valeurs collectives plutôt que par le calcul du coût-bénéfice. Ce contraste montre que si les incitations sélectives peuvent expliquer de nombreux cas de participation politique, elles coexistent avec d’autres logiques d’engagement.
Bac SES 2025 : Deuxième partie : Étude d’un document
Question 1
En 2020, la France et l’Allemagne ont toutes deux connu une grave contraction économique due à la pandémie de COVID-19. Le PIB de la France a chuté de –7,44 %, une baisse nettement plus forte que celle de l’Allemagne –3,83 %. Cependant, en 2022, la France a montré un rebond économique plus fort, avec une croissance du PIB de 2,57 %, contre 1,81 % en Allemagne. Cela suggère que bien que la France ait été plus sévèrement touchée en 2020, sa reprise en 2022 a également été plus dynamique.
Question 2
La productivité globale des facteurs (PGF) mesure l’efficacité avec laquelle le facteur travail et le facteur capital sont utilisés ensemble dans le processus de production. Une augmentation de la PGF signifie qu’une économie peut produire plus sans augmenter la quantité d’intrants.
Par exemple, en 2010, l’Allemagne a connu une forte croissance de son PIB de 4,18 %, avec une PGF en hausse de 2,42 %, ce qui indique que les améliorations de l’efficacité ont contribué de manière significative à la croissance économique. De même, au Japon en 2010, une forte croissance de la PGF de 3,28 % a accompagné une croissance du PIB de 4,10 %.
Selon les théories de la croissance, telles que celles de Robert Solow, la croissance économique à long terme dépend fortement des gains de productivité plutôt que simplement de l’accumulation de capital ou de travail. L’innovation technologique, une meilleure organisation et les améliorations du capital humain augmentent toutes la PGF, c’est les sources de croissance endogène. Inversement, une baisse de la PGF, comme en France en 2022 (–1,57%), peut freiner la croissance, même si d’autres facteurs comme l’intrant travail sont en hausse. Ainsi, stimuler la PGF est crucial pour un développement économique durable et robuste en commençant par une croissance pérenne.
Bac SES 2025 : Troisième partie : Raisonnement s’appuyant sur un dossier documentaire
Éléments pour l’introduction
- Définition : La structure socioprofessionnelle désigne la manière dont les actifs d’une société sont répartis selon leur profession, leur position hiérarchique, leur qualification ou leur statut.
- Point historique : En France, depuis la fin des Trente Glorieuses, cette structure a été profondément bouleversée sous l’effet des mutations économiques, éducatives et sociales.
- Enjeux : La tertiarisation de l’économie, l’élévation du niveau de formation et la féminisation de l’emploi ont redessiné la carte sociale de l’emploi.
- Problématique : Comment la structure socioprofessionnelle française s’est-elle transformée depuis les années 1950, et quelles dynamiques expliquent ces changements ?
Proposition de plan
I – Une tertiarisation massive et une montée des cadres : recomposition des grandes catégories socioprofessionnelles
A. L’explosion des emplois tertiaires et le recul des catégories traditionnelles
Le document 1 montre une forte transformation de la structure de la main-d’œuvre française : alors que les travailleurs représentaient près d’un tiers des travailleurs actifs en 1982, ils ne représentent que 20 % en 2022, et les agriculteurs ont presque disparu. En revanche, les employés et en particulier les cadres et les professions intermédiaires ont considérablement augmenté. Ce changement reflète les tendances à long terme de la tertiarisation et de la désindustrialisation. Comme l’a noté Jean Fourastié dans Les Trente Glorieuses (1979), la croissance économique s’est accompagnée d’un transfert progressif de la main-d’œuvre vers le secteur des services.
B. Une « moyennisation » de la société ?
La hausse des professions intermédiaires (infirmiers, techniciens, enseignants du secondaire…) illustre une forme d’homogénéisation sociale, théorisée par Henri Mendras dans La Seconde Révolution française (1988), avec l’idée de l’émergence d’une « constellation centrale ».
Mais attention : cette moyennisation reste relative. Les inégalités de revenus et de conditions de travail perdurent, et certains sociologues (comme Louis Chauvel) parlent plutôt d’une fragmentation sociale contemporaine.
II – Une élévation continue du niveau de diplôme qui restructure l’accès aux catégories socioprofessionnelles
A. Une population active plus qualifiée
Le document 2 met en évidence une hausse significative des niveaux d’éducation chez les travailleurs du secteur privé : en 1994, seulement 18% détenaient un diplôme supérieur au baccalauréat, contre 41 % en 2019, soit plus que le double. Dans le même temps, la part des non-diplômés est passée de 38 % à 15 %. Cela reflète la tendance plus large de l’expansion éducative initiée dans les années 1980 avec des réformes comme la loi Haby et l’objectif d’obtention du bac de 80 %. Comme l’a noté Raymond Boudon dans L’inégalité des chances (1973), la hausse des niveaux d’éducation modifie les positions sociales, même si elles n’éliminent pas les inégalités.
B. De nouveaux profils socioprofessionnels
L’accès plus large à l’enseignement supérieur a permis l’essor des cadres, des techniciens supérieurs, ou encore des métiers du digital. Par exemple : le développement des BTS, DUT puis BUT, et les formations numériques a répondu aux nouveaux besoins économiques (économie de la connaissance).
III – La transformation du rapport au travail : féminisation et recomposition des rôles
A. Une participation croissante des femmes au marché du travail
Le document 3 montre que depuis les années 1960, la féminisation de l’emploi est devenue une tendance structurelle, les femmes n’étant plus considérées comme une simple « armée de réserve » du travail. Cette dynamique s’est poursuivie même pendant les crises économiques. Cela peut s’expliquer par une éducation plus longue, le contrôle de la fécondité, l’essor du secteur des services et des politiques publiques favorables comme les lois Roudy sur l’égalité, le congé de maternité et la garde d’enfants.
B. Une répartition inégale selon les catégories
Cependant, les femmes sont surreprésentées parmi les employés (ex : caissières, aides-soignantes) et sous-représentées chez les cadres supérieurs, bien que cela tende à évoluer. De plus, les inégalités de genre persistent aussi en matière de salaire (écart d’environ 15 % en moyenne selon l’INSEE en 2024).