Le New Deal, mis en place par Roosevelt après la crise de 1929, constitue une réponse économique et sociale inédite à la Grande Dépression.
Le New Deal – Une crise sans précédent
La fin des années 1920 est marquée par l’un des plus grands cataclysmes économiques de l’histoire moderne : la crise de 1929. L’économie américaine, jusque-là florissante, s’effondre brutalement après le krach boursier d’octobre. En quelques semaines, Wall Street s’écroule, des millions d’Américains perdent leur emploi, leurs économies, et parfois leur logement. Face à cette situation dramatique, Franklin Delano Roosevelt, élu président des États-Unis en 1932, engage une série de réformes profondes et ambitieuses regroupées sous le nom de New Deal. Ce programme, mis en œuvre entre 1933 et 1939, marque un tournant dans l’histoire du capitalisme et du rôle de l’État dans la société.
Le contexte : l’Amérique dévastée
Le krach boursier d’octobre 1929
Le 24 octobre 1929, surnommé jeudi noir, la Bourse de New York connaît un effondrement sans précédent. La chute brutale des cours déclenche une panique généralisée. Le système bancaire américain, déjà fragilisé par une spéculation excessive et des crédits faciles, s’effondre peu à peu. En quelques mois, plus de 5 000 banques font faillite. Les entreprises ferment en masse, et le chômage atteint rapidement 25 % de la population active.
Une population en détresse
L’Amérique rurale est particulièrement touchée : les prix agricoles s’effondrent, les fermiers ne peuvent plus rembourser leurs dettes, et beaucoup perdent leur terre. Dans les villes, les sans-abri se multiplient, vivant dans des camps de fortune appelés ironiquement « Hoovervilles », en référence au président sortant Herbert Hoover, accusé d’inaction. La crise ne touche pas seulement l’économie : elle provoque une crise morale, politique et idéologique. Le modèle libéral américain est sévèrement remis en question. Ainsi, le portrait de Florence Owens Thompson avec plusieurs de ses enfants, connu sous le titre « Migrant Mother » est réalisé en 1936 ; il fait partie d’une série de photographies commandées par la Farm Security Administration pour convaincre le peuple américain de la nécessité des réformes du New Deal suite à la Grande Dépression de 1929.
Les mesures du New Deal
Roosevelt lance en 1933 une politique de relance en rupture avec le laisser-faire traditionnel. Le New Deal se déroule en deux phases principales : le First New Deal (1933-1935) et le Second New Deal (1935-1938), marquant un approfondissement progressif des réformes. Pour approfondir le sujet et pratiquer ton anglais, consulte la chronologie des réformes à l’œuvre du New Deal !
Le First New Deal (1933-1935)
Dès son entrée en fonction, Roosevelt déclare que « la seule chose que nous devons craindre, c’est la peur elle-même ». Il lance rapidement une série de mesures d’urgence pour stabiliser le système financier et restaurer la confiance.
- Réforme du système bancaire : fermeture temporaire des banques pour rétablir la confiance ; création de la FDIC pour garantir les dépôts bancaires.
- Securities and Exchange Commission (SEC) : cette agence est créée pour encadrer les marchés financiers et limiter la spéculation.
- Tennessee Valley Authority (TVA) : programme de développement régional exemplaire. Il construit des barrages, fournit de l’électricité, lutte contre l’érosion et développe l’agriculture dans une région particulièrement pauvre.
- Agricultural Adjustment Act (AAA) : l’État indemnise les agriculteurs pour qu’ils réduisent leur production afin de faire remonter les prix agricoles.
- Federal Emergency Relief Administration (FERA) : distribue une aide directe aux plus démunis, notamment aux chômeurs.
Ces premières mesures sont souvent expérimentales, mais elles montrent une volonté claire : l’intervention de l’État pour pallier les failles du marché.
Le Second New Deal (1935-1938)
Face aux critiques venues de la gauche et aux limites des premières réformes, Roosevelt approfondit sa politique. Le Second New Deal adopte une dimension plus sociale et plus durable.
- Social Security Act (1935) : création de la première forme de sécurité sociale aux États-Unis. Ce système offre une retraite, des allocations de chômage et une aide aux handicapés.
- Wagner Act (1935) : renforce les droits syndicaux, protège les salariés, et impose aux entreprises de négocier collectivement avec les syndicats.
- Works Progress Administration (WPA) : grand programme de travaux publics. Il emploie des millions de personnes pour construire routes, écoles, hôpitaux, et même des œuvres artistiques (théâtre, peinture murale, etc.).
Le Second New Deal marque l’institutionnalisation d’un État-providence américain, inédit jusqu’alors dans un pays si attaché à l’individualisme.
Les résultats du New Deal
Le New Deal ne met pas un terme définitif à la Grande Dépression, mais il en atténue considérablement les effets. L’économie ne retrouve réellement son dynamisme qu’avec l’effort de guerre à partir de 1939. Toutefois, les résultats du New Deal sont nombreux :
- Rétablissement de la confiance : grâce aux réformes bancaires et à l’assurance des dépôts, les Américains recommencent à placer leur argent.
- Baisse du chômage : les programmes publics emploient des millions de chômeurs. Le taux de chômage reste élevé, mais recule nettement.
- Stabilisation du système agricole : l’AAA et la TVA permettent de réguler la production et d’améliorer les conditions de vie rurales.
- Modernisation des infrastructures : routes, ponts, écoles, barrages… le pays est modernisé en profondeur.
En revanche, certaines critiques subsistent, listées dans cet article du Contrepoint : « La vérité sur la Grande Dépression et le New Deal ». La relance est parfois jugée trop timide ; les inégalités raciales persistent, notamment dans les États du Sud. Des groupes conservateurs accusent Roosevelt de dérive « socialiste ».
L’héritage du New Deal
Le New Deal marque une révolution politique, économique et culturelle aux États-Unis. Son influence dépasse largement les années 1930.
Fondation du modèle américain de protection sociale
Le Social Security Act est toujours en vigueur aujourd’hui. Il constitue le socle d’un système de protection sociale basé sur la solidarité intergénérationnelle. Même si l’État-providence américain reste plus limité qu’en Europe, il commence ici à se construire.
Montée en puissance de l’État fédéral
Avant le New Deal, les états américains avaient plus de poids dans les politiques économiques et sociales. Roosevelt impose une centralisation et une extension du pouvoir exécutif. L’État fédéral devient un acteur clé de la régulation économique.
Inspiration pour les politiques keynésiennes
Roosevelt, bien qu’il ne suive pas toujours les idées de John Maynard Keynes à la lettre, incarne une politique de relance par la demande. Son action inspire les gouvernements européens après la Seconde Guerre mondiale, notamment dans la mise en place des Trente Glorieuses et de l’État-providence.
Les conséquences du New Deal
Le New Deal représente bien plus qu’un programme de relance économique : il est un tournant majeur dans l’histoire contemporaine. Face à une crise sans précédent, Roosevelt démontre qu’un gouvernement peut intervenir activement pour soutenir son peuple, protéger les plus faibles, et réinventer les règles du jeu économique. Si son bilan est mitigé sur le plan strictement économique, son impact politique et social est considérable. Il redéfinit les relations entre l’État, les citoyens et le marché – et son héritage continue d’influencer les politiques publiques à ce jour.
Pour aller plus loin, n’hésite pas à consulter comment les réformes étatsuniennes ont conduit le pays à forger l’American Dream !