Plus de 36 millions de téléspectateurs ont assisté au discours d’Emmanuel Macron ce lundi 13 avril, une part d’audience globale qui s’élève à 94,4%. L’une des mesures phares concerne le retour à l’école pour 12,7 millions d’élèves et 2,6 millions d’étudiants confinés depuis le 16 mars 2020. Si les étudiants reprendront les cours qu’en septembre 2020, qu’en est-il des élèves, des collégiens et des lycéens ? Reprendront-ils, tous, le chemin de l’école le 11 mai 2020 ?
11 mai 2020 : Une réouverture progressive des écoles et des crèches
Comme a annoncé le président de la République, le 11 mai 2020 est, désormais, la date officielle la fin du confinement strict pour l’ensemble de la population et non une date de rentrée officielle pour les 12,7 millions d’élèves concernés, étant donné que ” toutes les écoles ne seront pas ouvertes le lundi 11 mai “ selon le ministre de l’Éducation Nationale.
Avant que les élèves retournent sur les bancs de l’école, des modalités doivent être encore clarifiées, celles-ci seront annoncées dans une quinzaine de jour par Jean-Michel Blanquer après concertations avec différentes organisations syndicales.
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Quelles sont les conditions sanitaires ?
Dans l’idéal, les élèves et professeurs porteront tous un masque, les salles de classes seront équipées de masques et de gel hydro-alcoolique, les gestes barrières seront respectés et les élèves seront divisés en plusieurs groupes pour respecter la distanciation sociale. Sinon ” il est hors de question de reprendre l’école si les gestes barrières ne sont pas respectés “ selon Rodrigo Arenas, co-président de Fédération des conseils de parents d’élèves (FPCE).
” Mais ce qui est certain, c’est que si début mai toutes les conditions sanitaires ne sont pas réunies, nous nous opposerons à la réouverture des établissements ” a exprimé Jean-Rémi Girard, président du syndicat national, des lycées et des collèges (SNALC). Cependant, ces mesures sont plus complexes à appliquer qu’il n’y paraît, essentiellement en termes logistiques.
Un retour à l’école qui s’annonce compliqué
Effectivement, cette décision ne fait pas l’unanimité. En effet, cela demande une gestion de l’ensemble des espaces côtoyés par les élèves, c’est-à-dire les salles de classe, les cours de récréation, les couloirs voire les cantines si celles-ci sont ré-ouvertes afin de respecter la distanciation sociale. Cela signifie également un aménagement des emplois du temps des élèves sauf que cela demande deux à trois semaines de travail au chef d’établissement en question pour les établir. Quant à l’option des cours par demi-groupe ou par demi-journées voire par demi-semaines demande un investissement logistique assez conséquent presque irréalisable.
Par ailleurs, les établissements de campagne classés REP (réseau d’éducation prioritaire) et REP+ ne disposent pas des mêmes infrastructures ni des mêmes moyens que leurs homologues urbains. Par exemple, il sera impossible de diviser une classe de 30 élèves par quatre, par manque de salles de classes et de corps enseignants.
D’autre part, même si les établissements scolaires des métropoles sont mieux équipés, ceux-ci risquent tout de même un surpeuplement ingérable d’un point de vue logistique tant pour le personnel pédagogique que pour les parents d’élèves. Que ce soit un établissement scolaire rural ou urbain, la distanciation sociale sera dure à appliquer sans compter qu’on ne peut contrôler si chaque élève respecte les gestes barrières, qui sont : se laver les mains fréquemment, tousser et éternuer dans son coude et d’éviter de se toucher le visage.
Pourquoi une telle décision ?
Selon Emmanuel Macron, ” Trop d’enfants, notamment dans les quartiers populaires et dans nos campagnes, sont privés d’école sans avoir accès au numérique et ne peuvent être aidés de la même manière par les parents “. En effet, le ministre de l’Éducation Nationale estimait qu’ils avaient perdus entre 5% à 8% des élèves malgré le système de l’école à distance mis en place.
Cette mesure de réouverture des écoles le 11 mai 2020 a été prise afin de limiter le décrochage et les inégalités scolaires. Les élèves prioritaires sont ceux qui sont le plus en difficulté, c’est-à-dire les élèves qui se situent dans les zones blanches, dans les quartiers populaires et dans les campagnes. D’autre part, les élèves ne retourneront pas tous à l’école au même moment en fonction de leur âge.
Une décision controversée
Pour Francette Popineau, secrétaire générale du SNUIPP-FSU, premier syndicat du primaire, ” les écoles sont des lieux de transmission forts et les enfants sont vecteurs de maladie “ avant d’ajouter qu’elle ne soit pas certaines que ” les plus petits supportent de porter des masques toute la journée “. Puis selon elle, ” reprendre l’école le 11 mai nous semble imprudent […] sans qu’on ait la certitude que l’INSERM et l’OMS approuvent cette décision. “. Par ailleurs, selon Jean-Paul Hamon, président de la Fédération des Médecins de France, ce retour à l’école est un ” risque inutile “.
En effet, les jeunes peuvent être asymptomatiques mais ils prendront le risque de se contaminer entre eux, ainsi que leurs proches qui peuvent être des personnes considérées comme des personnes vulnérables.
Comme tu l’as compris, cette décision est loin de mettre tout le monde d’accord ! Bien que nos voisins européens comme l’Allemagne et l’Autriche réfléchissent, eux aussi à une reprise scolaire. La Chine, considéré comme le berceau de la pandémie du covid-19, n’a pas souhaité que ses élèves reprennent le chemin de l’école malgré la fin progressive du déconfinement. Alors, ne vaudrait-il mieux pas faire comme pour l’enseignement supérieur ?
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