Chaque semaine, la rédaction de Major Bac part à la rencontre de lycéens qui passent leur bac cette année. Ensemble, on parle du lycée, de vos inquiétudes, de vos envies, de vos méthodes de travail et surtout de la manière dont vous parvenez à vous en sortir pendant cette période simple pour personne. Rencontre avec la « génération sacrifiée » du Covid-19.
Salut Laura ! Est-ce que tu pourrais me dire dans quelle classe tu es au lycée?
Salut Emma ! Je suis en terminale spécialité SVT-Physique, option maths complémentaires dans un lycée à Metz.
Donc en fin d’année, tu passes le bac de philo et le Grand oral.
Oui, c’est ça !
Est-ce que pour commencer, tu pourrais me dire comment tu vis ta scolarité depuis le début de la crise sanitaire ? Qu’est-ce qui a changé drastiquement pour toi ?
Dans mon lycée, il y a peu de choses qui ont changé parce qu’ils ont essayé de conserver un maximum de présentiel. Il n’y a pas eu de grands changements à ce niveau-là. J’ai pas vraiment senti les effets du confinement. J’ai eu une semaine de cours en visio, mais c’est tout. Dans mon lycée, ils ont mis toutes les secondes et les premières en distanciel en essayant de conserver un maximum de présentiel pour les terminales.
Tu fais partie de la première génération qui va tester la nouvelle formule du bac, notamment avec le Grand oral. Tu n’es pas trop stressée ?
Pas trop. C’est pas un truc qui m’inquiète plus que ça parce qu’on tombe sur des questions qu’on a quand même préparées, on a un choix de deux questions. C’est seulement cinq minutes de prise de parole, donc ça ne m’effraie pas vraiment pour l’instant.
Tu peux m’en dire un peu plus sur la manière dont tes profs vous préparent pour les épreuves de fin d’année ?
Déjà, on a commencé à nous en parler sérieusement en février-mars. On a commencé à chercher nos questions à partir de là, on nous a pas vraiment aiguillé sur les questions. À deux semaines de l’échéance, on nous a informé qu’il fallait qu’on ait trouvé nos questions, sans en parler en amonts à nos professeurs. En mars, les profs étaient dans le flou total. Ils n’en savaient pas plus que nous. Maintenant, ils prennent plus à cœur l’échéance et prévoient des heures dédiées au Grand oral. Depuis le début de l’année, ils ont essayé de nous préparer à la prise de parole, en nous faisant faire beaucoup d’exposés et d’exercices du genre.
La charge de travail repose davantage sur le travail à la maison ou sur ce que vous faites avec vos profs ?
Quand on était pas confiné, c’était surtout en classe, parce qu’on avait des cours dédiés. Mais maintenant que la date butoire se rapproche, on travaille beaucoup plus à la maison. Auparavant, on faisait vraiment le plus gros du travail en cours.
Comment tu t’y prends pour t’organiser dans ton travail au lycée?
En ce qui me concerne, j’ai cherché les questions en fonction de mes centres d’intérêt et du programme. J’ai fait une sélection de plein de questions, et deux sont ressorties. Avant d’avoir l’intitulé exact, j’en ai parlé avec les profs, j’ai vraiment repris mon sujet plusieurs fois. De là, j’ai fait mes propres recherches et j’ai vraiment essayé de structurer mon travail en fonction de la durée.
Sinon, pour les autres matières, je travaille beaucoup avec des vidéos. En SVT, j’utilise Bio Logique, c’est un youtubeur génial, tous mes potes regardent ses vidéos pour réviser. On reprend beaucoup son travail pour apprendre, et à partir de ça et de mon cours, je fiche beaucoup sur feuilles blanches, je fais également beaucoup de schémas pour mémoriser. Dans ma tête, tout doit apparaître très logiquement.
Est-ce que tes méthodes d’organisation ont changé avec le début de la crise sanitaire ? Travailles-tu toujours de la même manière ?
Ce qui a vraiment changé avec la crise, c’est que j’avais plus de temps à côté pour bosser mes cours pendant le confinement. Donc oui, ça a changé mon organisation. Je ne bossais pas aux mêmes heures, donc j’étais plus concentrée, parce qu’il y avait moins de distractions, comme le sport par exemple.
Il y a un syndicat lycéen, l’UNL, qui demande l’annulation des épreuves de fin d’année parce qu’il considère qu’on ne connait pas assez le contenu du Grand oral pour l’expérimenter, et qu’il n’y a pas assez d’heures de cours dédiés. Qu’est-ce que tu en penses ?
Dans mon lycée, nos profs essaient de nous aider au maximum. Mais à deux mois de l’épreuve, on ne sait pas si on aura droit à un support ou pas. Au final, on ne sait même pas le contenu de ce qu’on va présenter. Il y a des profs qui nous disent qu’ils sont sûrs qu’on aura pas de support, d’autres qui disent que c’est impossible . On a le droit de préparer quelque chose vingt minutes avant, mais on n’a pas la possibilité d’écrire pendant qu’on leur parle et on ne peut pas présenter en montrant ce qu’on a fait. La préparation ne sert pas à l’exposé, ce qui est assez étrange.
Certains profs ne sont pas du tout dans la spécialité présentée. C’est possible qu’ils ne comprennent rien à mes questions. Par exemple, si j’ai une question de SVT, je peux tomber sur un prof de SVT et de sport. Potentiellement, le prof de sport ne comprendra pas forcément mon propos. Ces profs serviraient surtout à noter notre manière de nous exprimer.
C’est plus difficile pour toi l’oral, ou au contraire ça te semble plus accessible ?
C’est assez compliqué. C’est quand même un gros oral, en plus d’avoir un gros coeff. Pour l’instant, on n’a jamais fait d’oraux, celui de français de l’année dernière n’avait pas eu lieu. Mon dernier oral remonte au brevet. J’ai un peu l’impression de me jeter à l’eau sans savoir ce qui m’attend.
D’après le ministre de l’éducation, les dernières épreuves seront maintenues. Est-ce que tu vises une mention ?
Oui ! J’aimerais bien avoir la mention “Bien”.
Tu as déjà une idée de ce que tu voudrais faire plus tard ?
Je voudrais faire médecine. J’aimerais bien travailler dans la médecine du sport ou dans la neurologie. Ça m’intéresse beaucoup, par rapport à ce que j’ai vu cette année en classe. Ça fait aussi écho à mes pratiques extrascolaires, comme je fais beaucoup de sport et que j’adore ça.
Enfin, est-ce que tu voudrais dire un petit mot d’encouragement aux autres élèves qui vont passer le bac comme toi cette année ?
On est sur le même bateau, merde à tous !