Contrairement à beaucoup d’étudiants qui décident de rester en France après l’obtention, Léa nous parle de son parcours atypique. Au lieu de rejoindre une licence, elle décide de se rendre au Luxembourg et y intégre un bachelor. Voilà notre entretien avec Léa qui va tout nous expliquer sur les procédures et son expérience unique !
Trois années au Luxembourg avec Léa
Peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Léa, j’ai 22 ans et je suis actuellement étudiante en Master des métiers de l’édition et du livre à Strasbourg. Je viens d’une petite ville française située à la jonction de trois frontières : l’Allemagne, la Belgique et le Luxembourg.
Peux-tu parler des raisons pour lesquelles tu as voulu faire un Bachelor au Luxembourg ?
Après l’obtention de mon baccalauréat littéraire, je n’étais pas sûre de ce que je voulais faire et j’avais de nombreux choix devant moi : psychologie, LLCER, LEA, et autres. Cela dit, la plupart de ces choix étaient à Metz, Nancy ou Paris. Les locaux de l’université de Metz ne me donnaient que très peu envie. L’idée de retrouver un cadre similaire à celui du lycée ne m’enchantait pas non plus. Paris, de son côté, me semblait être un saut en avant trop brusque pour la moi de 18 ans. Entre-temps, j’avais fait une demande hors Parcoursup, en envoyant une candidature à l’université du Luxembourg. Quand j’ai appris que j’avais été acceptée, je n’ai plus hésité et j’y suis allée.
Comment se sont déroulées ces trois années ?
La première année a été difficile à cause du Covid, mais la situation a été gérée avec brio par l’université : une semaine sur trois se déroulait sur le campus et le reste en ligne. Ce n’étaient peut-être pas les meilleures conditions pour commencer la vie étudiante, mais je n’en garde pas un mauvais souvenir, car tout me paraissait nouveau. Une fois la folie du Covid passée, j’ai pu profiter pleinement de l’incroyable campus de Belval. Le site est un mélange des vestiges du passé industriel de la région, l’architecture conservant les anciens hauts fourneaux, auxquels s’ajoutent et se mêlent des bâtiments modernes. Le campus est assez étrange, mais aussi très agréable. J’adorais m’y balader avec des amis ou le faire visiter à ma famille.
As-tu rencontré des difficultés à t’intégrer ?
Étant frontalière, je ne pensais pas avoir de problèmes à m’intégrer ; j’avais passé ma vie à faire des allers-retours entre la France et le Luxembourg. J’avais tort, car je me suis rendu compte que, malgré sa petite taille et sa proximité avec la France, le pays a, comme tout pays, ses spécificités et ses traits de caractère qui le rendent unique. L’entente avec mes camarades luxembourgeois n’était pas la plus simple ; sans vouloir généraliser, ils sont plus timides et moins ouverts à l’élargissement d’un cercle déjà établi. Beaucoup d’entre eux se connaissaient déjà, le pays étant petit, ce qui n’est pas rare. Je me suis donc sentie un peu mise à l’écart au début.
Cela dit, l’université du Luxembourg compte de nombreux étudiants étrangers avec lesquels je me suis plus facilement liée d’amitié. Même si entrer dans un cercle d’amitié était difficile, ce n’était pas impossible. Lors de ma troisième année, de retour de nos Erasmus, ma promo s’est rapprochée. Peut-être était-ce le stress de la rédaction du mémoire de Bachelor ou encore les effets de nos séjours à l’étranger qui nous ont rendus plus confiants et extravertis.
As-tu rencontré des difficultés avec la langue ?
Je n’ai pas rencontré de difficultés au début, car tout le monde parle un anglais impeccable et comprend le français, du moins pour les étudiants luxembourgeois. Cependant, j’ai eu des problèmes pour certains cours. Bien que le luxembourgeois ne soit pas requis pour entrer dans le Bachelor (seules deux langues étaient demandées), les étudiants luxembourgeois parlent en général au moins trois langues. Quand j’ai choisi mes cours, je me suis parfois retrouvée avec moins de choix, car je ne comprenais pas l’allemand ou le luxembourgeois. J’ai même dû suivre un cours trilingue une fois, chose très innovante, mais pas si simple quand on ne parle pas une des langues enseignées.
Quelles sont les différences entre la France et le Luxembourg ?
En un mot, je dirais l’économie. C’est la richesse du pays qui permet de mettre autant l’accent sur l’éducation. Les locaux et les services offerts sont incomparables avec ceux d’un autre pays, où étudier coûte si peu cher. J’ai retrouvé en Irlande des infrastructures plus ou moins similaires, mais là-bas, les étudiants payent des milliers d’euros, alors que je ne payais que 200 euros par semestre.
Les particularités du bachelor
Qu’as-tu pensé des cours ?
J’ai sincèrement adoré mes cours, que j’ai en grande partie choisis : il y avait des cours obligatoires comme la linguistique et la grammaire. Pour le reste, le choix était libre tant que l’on respectait le nombre minimum de crédits. Cela m’a permis de choisir des matières qui me plaisaient et d’explorer de nombreux domaines. J’ai pu étudier la littérature post-coloniale, jeunesse, romantique, moderne, dystopique, ainsi que l’épistémologie, l’éthique, la sexualité, l’écriture créative, etc. J’ai trouvé que la qualité des cours était supérieure à ce que j’ai pu voir en France.
À quoi ressemble une semaine typique ?
Ma semaine était légère en termes d’heures de cours, car une grande partie du travail se faisait à la maison. J’arrivais vers 9h30 sur le campus et je m’installais souvent dans une des cafétérias, ou sur leurs terrasses. Les cours avaient lieu dans des salles de TD, car ils étaient très interactifs. À midi, il y avait un grand choix de restaurants dans un petit périmètre. Le plus souvent, j’allais au Food Lab, une des cantines qui sert des menus incroyables.
Ensuite, soit j’assistais à un nouveau cours, soit je me rendais au Luxembourg Learning Center. C’est une bibliothèque installée dans un des anciens hauts fourneaux pour y travailler ou flâner. Je dois avouer que j’ai bien profité de la salle de sieste du LLC. La routine se répétait le reste de la semaine, avec parfois des activités proposées par l’université, comme des cours d’aquarelle, des sorties au théâtre ou encore des conférences.
Quels sont les avantages de vivre et d’étudier au Luxembourg ?
L’éducation offerte par le pays est incomparable, surtout pour son prix. Mais au-delà de cela, je dirais que les opportunités professionnelles qui s’ensuivent sont également un grand avantage, notamment au Luxembourg. C’est peut-être moins marqué dans les humanités, mais c’est d’autant plus vrai pour les études scientifiques, d’ingénieurs, de droit, ou encore de finance. J’ai pu faire de nombreuses choses à moindre coût dans un pays où la vie est très chère, mais où le coût de la vie étudiante est paradoxalement très bas.
Quels sont les inconvénients de vivre et d’étudier au Luxembourg ?
Le principal inconvénient, c’est le coût de la vie. C’est un pays où il vaut mieux être frontalier pour profiter de ce qu’il a à offrir sans se ruiner. Les logements, même pour les étudiants, sont extrêmement chers. Je dois aussi dire qu’il y a un sens de la communauté moins développé qu’en France.
Le coût de la vie au Luxembourg
Quel est le coût de la vie ?
Le logement est tout simplement hors de prix, et les courses le sont aussi. On peut les faire en Allemagne ou en France pour moins cher. Cela dit, les transports en commun sont gratuits, ce qui facilite de nombreux aspects de la vie quotidienne et allège les coûts.
Combien faudrait-il pour vivre convenablement ?
Le SMIC étant à 2570 euros, je dirais qu’il faut au moins ce montant pour y vivre. Le coût de la vie est adapté à ce salaire minimum.
Recommandes-tu d’aller faire des études au Luxembourg ?
Je recommande totalement, c’est une expérience enrichissante et épanouissante.
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Comment faire un bachelor au Luxembourg ?
Comment as-tu procédé à ta candidature ?
J’ai envoyé mon dossier de candidature à l’adresse mail de l’administration.
De 1 à 10, à quel point est-ce difficile de candidater ?
Je dirais 2, voire 1, c’était très simple.
Est-ce que ce Bachelor t’a aidé dans ton parcours professionnel ?
Cela dépendra de mon parcours professionnel. Si je me dirige vers l’édition, je ne pense pas que ma licence m’aura particulièrement aidée, même si elle m’a appris des méthodes et des techniques encore utiles. Cependant, le contenu même (ancré dans la littérature) n’est pas aussi pertinent que le contenu de mes études actuelles.
As-tu des conseils à donner aux étudiants qui souhaitent suivre ton parcours ?
Je leur dirais de bien réfléchir aux débouchés : mon Bachelor était super, mais il débouchait principalement sur l’enseignement ou la recherche. Je n’avais pas d’idée précise de mon projet professionnel au lycée, donc ce choix ne m’a pas vraiment fermé de portes. Mais selon les besoins de chacun, il n’est peut-être pas idéal. Cela est vrai pour tout le secteur des humanités, qui semble plus flou que d’autres.
Pourquoi ne pas être restée ?
Tout simplement parce que l’université ne proposait pas de Master correspondant à mon Bachelor, et parce qu’il n’y avait pas assez de distance avec mon foyer familial.
Conserves-tu des liens avec le Luxembourg ?
Oui, j’y retourne souvent pour m’y balader. Je vais encore au LLC, car il est public. De plus, je pense y travailler un jour ou l’autre.
As-tu des astuces, des tips, des fun facts ou des anecdotes ?
Une chose étrange mais drôle : les Luxembourgeois tapent sur les tables à la fin de chaque cours. La première fois, je n’avais pas tout à fait compris ce qui se passait, mais j’ai ensuite compris que c’était une tradition. Aussi, le combo pizza au choix (faite sur commande) et le salade bar du Foodlab, une vraie pépite.
Si toi aussi tu souhaites aller à l’étranger, on te laisse lire nos conseils pour étudier à l’étranger après le bac.