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L’industrialisation et l’accélération des transformations économiques et sociales en France

À lire dans cet article :

Si l’industrialisation a déjà démarré au début du XIXe siècle, Napoléon III a des projets très ambitieux pour la France. Il les met en place via une présence importante de l’État dans tous les secteurs de l’économie. L’objectif est de moderniser la France et de la faire rayonner à l’international.

Début de l’exode rural concomitant avec l’industrialisation des villes

La France reste un pays majoritairement rural avec environ 75% de population rurale en 1848. Pourtant, des efforts vont être mis en place afin d’améliorer le rendement des cultures. On va utiliser la technique de l’assolement, c’est-à-dire la rotation des cultures pour ne pas épuiser les terres et donc leur rendement. La première batteuse mobile va aussi être inventée en 1866. Pour faciliter le commerce, l’État va développer les réseaux de transport dans les campagnes. Il va créer de nombreux canaux et chemins vicinaux, l’équivalent des voies communales aujourd’hui pour relier les routes au sein d’un village ou entre villages voisins.

Si la modernisation reste limitée, elle permet pourtant de libérer de la main-d’œuvre qui va pouvoir être utilisée en ville dans les diverses industries. C’est le début d’une période d’exode rural, un terme majeur de ce cours. Cet exode va se diriger vers quelques villes. Soit les plus importantes comme Paris, Marseille et Lyon, soit vers des villes spécialisées dans une certaine industrie. C’est le cas de Roubaix et Tourcoing, aux alentours de Lille, capitales de l’industrie textile au XIX°.

Dans cette période, on voit donc une évolution de l’industrie en France, avec une accélération de l’industrialisation. En effet, les proto-industries, c’est-à-dire des artisans dans des petits ateliers fabriquant manuellement des produits, restent importantes, mais vont de plus en plus laisser la place à des industries organisées en usines, avec des productions assistées par des machines. C’est le cas de l’entreprise Schneider au Creusot dans le domaine de l’acier (sidérurgie) et de la mécanique (locomotives).

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La modernisation de l’État

Si l’industrie et la campagne commencent à se développer, Napoléon III voit grand et veut moderniser la France entière, dans son ensemble. À cet égard, il va lancer une vaste campagne de construction de réseaux ferrés. En seulement 11 ans, les résultats sont probants. Le réseau passe de 4 000 km de rails gérés par 40 compagnies à 40 000 km de voies et plus que 6 compagnies entre 1848 et 1859. Cela permet d’acheminer les matières premières, les produits finis ainsi que la nourriture vers les villes de manière plus fluide et plus rapide. Un des grands projets est par exemple la construction des pavillons des Halles afin de centraliser le marché alimentaire de la ville de Paris.

D’ailleurs, l’un des principaux exemples à connaître à propos de la modernisation de la France sous le Second Empire est évidemment le Paris haussmannien. En tant que préfet de la Seine, il a révolutionné la ville pour lui donner l’aspect qu’on lui connaît aujourd’hui. D’abord, il va faire construire de larges artères centrales afin de faciliter la circulation des biens et des hommes. Pour l’anecdote, il y avait aussi une vocation politique derrière ce projet. L’objectif était d’éliminer les rues étroites. Elles étaient particulièrement propices à l’édification de barricades par le peuple comme lors de la révolution de 1848. Ensuite, dans le cadre de la pensée hygiéniste, qui fait de la santé un enjeu public, il développera le réseau des égouts de Paris ainsi que la généralisation des poubelles. Enfin, question d’esthétisme, de nombreux immeubles dits haussmanniens seront construits selon des critères bien précis en termes de hauteur, de positionnement des balcons, et de façades similaires par exemple.

Par volonté de faire rayonner la France à l’international, deux expositions universelles seront organisées à Paris en 1855 et 1867. Celles-ci sont des vitrines pour montrer l’innovation et la modernisation de la France et la réussite de l’aménagement urbain de la capitale.

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L’importance de la question sociale

Tout ce que l’on vient de décrire à propos de la politique de Napoléon III suit en fait une pensée bien précise, celle du saint-simonisme. Pour faire simple, ce courant a pour idée de se débarrasser de l’aristocratie et d’encourager les talents plutôt que les privilèges. Il faut engager les personnes les plus compétentes pour diriger et elles doivent avoir pour axe directeur la volonté de développer la France ainsi que le bien-être de sa population en élevant son niveau de vie. Il met en avant l’industrie pour le développement économique et la fraternité entre les classes pour administrer au mieux. Chacun a son rôle à jouer au service du développement.

A cette époque va se diffuser la doctrine du « paternalisme social ». Tu dois la connaître pour faire le lien entre industrialisation et question sociale. L’entreprise est vue comme une famille. Le patron est le père à qui les « enfants » [les salariés] doivent obéissance et respect. En échange, le patron est responsable du bien-être et fournit les services dont le salarié a besoin comme la crèche ou un médecin. Cela vise à calmer les possibles tensions sociales et à accroître la fidélité des salariés à une entreprise, permettant d’éviter de payer pour former sans cesse de nouvelles personnes. L’entreprise Schneider au Creusot est encore l’exemple typique de l’entreprise industrielle paternaliste de la fin du XIX° siècle, l’usine était presque une ville en elle-même.

La France a pourtant connu de nombreux épisodes de tensions sociales durant le Second Empire. En effet, les conditions de travail étaient rudes (plus de 12h par jour, travail des enfants), les salaires étaient bas et les risques hauts (explosions dans les mines, incendies dans les usines textiles). Napoléon III fera quand même passer certaines lois majeures dans le cadre de la question sociale. Celle à connaître est sans aucun doute la loi Ollivier de 1864. Elle autorise le droit de grève, sous certaines conditions et supprime le délit de coalition c’est-à-dire se réunir entre ouvriers. Il ouvre la voie à l’autorisation des syndicats qui passera en 1884.

Ainsi, en 1870, la France est encore très rurale. Pourtant, quelques villes principales ont émergé concentrant l’activité industrielle, créatrice de forte valeur ajoutée. On note aussi la prise en compte de la question sociale et l’arrivée des premières lois fondamentales en termes de droit du travail. Napoléon III a donc mis la France sur la voie de la modernisation tant économique que sociale.

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