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SES : l’industrialisation est-elle source de développement économique ?

À lire dans cet article :

La désindustrialisation étant actuellement une crainte, notamment dans les pays développés. Il convient d’analyser le rôle de l’industrialisation dans le développement économique d’un pays. C’est la réflexion qui est proposé dans le sujet que nous allons traiter dans cet article.

Les enjeux du sujet

L’industrie désigne les activités de production liées à la transformation de la matière au moyen de machines et de processus plus ou moins sophistiqués. Cette définition classique colle aux images traditionnelles des hauts-fourneaux et des grands ateliers d’assemblage à la chaîne rassemblant des milliers d’ouvriers non qualifiés. Mais l’industrie a beaucoup changé depuis cette époque. D’une part, elle s’est diversifiée et ses chaînes de valeur se sont considérablement complexifiées. D’autre part, les grandes entreprises intégrées de l’ère fordiste sont de plus en plus rares et la troisième révolution industrielle privilégie l’emploi qualifié, voire très qualifié.

Enfin et surtout, les frontières entre industrie et services se sont déplacées. D’un côté, les entreprises industrielles se sont concentrées sur leur cœur de métier, externalisant les activités de services qu’elles intégraient traditionnellement. De l’autre, elles ont développé de nouvelles activités de services (services financiers, commerciaux, etc.).

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I. L’industrie est nécessaire au développement économique

a) L’industrialisation est source de croissance et donc de développement économique

Selon l’économiste Walt Rostow, la révolution industrielle est une étape cruciale dans le processus de croissance économique, qui ouvre la voie au décollage économique. Dans son ouvrage Les étapes de la croissance économique, publié en 1961, il décrit cinq étapes de développement économique qui sont nécessaires pour atteindre une économie moderne et prospère. La première étape est la société traditionnelle, où l’agriculture est la principale source de revenus et où les technologies sont peu développées. La deuxième étape est celle de la précondition au décollage, où des changements significatifs commencent à se produire, tels que l’adoption de nouvelles technologies et la croissance de l’industrie.

C’est à ce stade que la révolution industrielle a joué un rôle clé en fournissant les moyens technologiques pour l’expansion de la production et du commerce. La production de masse et la mécanisation ont permis une augmentation significative de la productivité, ainsi qu’une réduction des coûts de production. En conséquence, la croissance économique a été stimulée, favorisant le décollage économique.

Cette étape de la croissance économique a été renforcée par des innovations comme le fordisme, qui a introduit des techniques de production standardisées et des chaînes de montage, permettant une production plus rapide et plus efficace. Les Trente Glorieuses, période de forte croissance économique après la Seconde Guerre mondiale, ont également contribué à cette étape en encourageant la croissance de l’industrie manufacturière et la modernisation des infrastructures.

Ainsi, la révolution industrielle, combinée à des innovations telles que le fordisme et des périodes de croissance économique soutenue, a été une condition préalable au décollage économique et au développement de l’économie moderne. La Belle époque en France a été une illustration de cette période de croissance économique et de prospérité, rendue possible par les développements technologiques et économiques de la révolution industrielle.

b) On observe empiriquement que l’industrie est nécessaire au développement économique

L’historien économiste Michel Rioux affirme que les trois révolutions industrielles ont été des périodes de croissance économique importante. Selon lui, ces révolutions ont transformé les modes de production en introduisant de nouvelles technologies, machines et méthodes de travail, conduisant à une augmentation de la productivité et à la réduction des coûts. La première révolution industrielle a été marquée par l’invention de la machine à vapeur et la mécanisation de la production, permettant une croissance significative de l’industrie textile et des transports. La deuxième révolution industrielle a vu l’avènement de la production en série et de l’électricité, facilitant la production à grande échelle dans divers secteurs économiques, tels que l’automobile et la chimie. La troisième révolution industrielle, également appelée révolution numérique, a été caractérisée par l’introduction de l’informatique et des technologies de l’information, ce qui a permis l’automatisation de la production et la création d’une économie de l’information.

Malgré les impacts sociaux et environnementaux négatifs associés à ces révolutions industrielles, Michel Rioux souligne que l’innovation technologique et la croissance économique ont eu des effets bénéfiques sur la société, comme l’amélioration des conditions de vie, l’augmentation des salaires et la création d’emplois. Ainsi, selon lui, ces périodes de transformation ont favorisé la prospérité économique et ont contribué au développement du monde moderne.

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II. Cependant, l’industrialisation aujourd’hui rencontre des obstacles et n’est donc plus la cause centrale du développement d’un pays

a) Le problème de la désindustrialisation

Selon l’économiste Patrick Artus, la désindustrialisation est un phénomène qui peut causer de nombreux problèmes économiques, notamment une croissance faible, voire nulle. En effet, la désindustrialisation se produit lorsque le secteur manufacturier perd de son importance économique, au profit des secteurs tertiaire et quaternaire. Cela peut entraîner une diminution des exportations, une perte de compétitivité internationale, ainsi qu’une baisse de la création d’emplois.

En France, la désindustrialisation a été particulièrement marquée depuis les années 1980. Selon l’économiste Abdenour Demmou, la France a perdu environ 1,5 million d’emplois industriels entre 1980 et 2008. Cette désindustrialisation a été causée par divers facteurs tels que la concurrence internationale, la hausse des coûts de production et la réduction des marges bénéficiaires. Les effets de la désindustrialisation en France ont été significatifs, avec une augmentation du chômage et une baisse de la croissance économique. En effet, la perte d’emplois dans le secteur industriel a eu un impact négatif sur les régions où la production industrielle était auparavant importante, causant un déclin économique et social.

b) Le rôle des services dans le développement économique

D’après l’économiste français Alain Veltz, les services ont un rôle plus important que l’industrie dans le développement économique des pays développés. En effet, la part des services dans l’économie de ces pays ne cesse de croître. Ce phénomène est dû en partie à la tertiarisation de l’économie, qui se traduit par une augmentation de la part des activités de services dans le PIB et dans l’emploi.

Cette évolution peut être considérée comme une conséquence de la révolution numérique, qui a entraîné une modification profonde de l’économie et des modes de production. En effet, de nombreuses activités industrielles ont été automatisées ou externalisées, tandis que les activités de services ont été développées. Les services ont également bénéficié de l’essor du commerce électronique et de la mondialisation des échanges.

Cependant, la frontière entre les biens industriels et les services devient de plus en plus floue. Les services sont de plus en plus liés à la production de biens, et inversement, les biens incorporent de plus en plus de services. Par exemple, les voitures sont devenues des plates-formes pour des services de mobilité tels que le covoiturage, la réservation de places de stationnement ou la navigation.

En conclusion, les services ont un rôle croissant dans l’économie des pays développés, en raison de la tertiarisation de l’économie et de la révolution numérique. Toutefois, la frontière entre les biens industriels et les services est de plus en plus floue, ce qui témoigne de l’importance croissante des services dans l’économie moderne.

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