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Histoire : l’essentiel à connaître sur les guerres d’Indochine et du Vietnam

À lire dans cet article :

Les guerres d’Indochine et du Vietnam sont toutes deux très importantes dans l’histoire mondiale, il est impératif que tu connaisses certains points à ce sujet. Tu retrouveras dans cette fiche de révisions les informations essentielles sur cette période de l’histoire. À tes notes ! 

 

Introduction

Avant d’aborder ce sujet, une petite précision s’impose. Dans l’esprit occidental, nous faisons une distinction entre deux guerres, celle principalement menée par la France en Indochine, jusqu’à son retrait en 1954, et celle menée à sa suite par les Américains jusqu’en 1975, sur les mêmes territoires. Pourtant, pour les Vietnamiens, ces deux guerres n’en font qu’une, la guerre d’indépendance. Cette petite précision permet de comprendre la continuité du conflit dans l’esprit des soldats et partisans de la République démocratique du Viêt-Nam, les Vietnamiens communistes qui luttèrent contre la présence occidentale sur leurs terres.

En 1946, l’Indochine, après avoir été sous contrôle japonais pendant la guerre, redevient une possession française. Mais le Viet-Minh, armée nationaliste de libération dirigée par le communiste Hô Chi Minh, commence à prendre racine au Vietnam. Une guerre de près de trente ans commence alors pour les troupes du Viet-Minh, d’abord contre la France puis contre les États-Unis. Sur cette période, le conflit au Vietnam devient un enjeu majeur de la guerre froide, car il apparait comme une zone de conflit dans lequel les deux grands s’opposent de manière indirecte.

On cherchera la place paradoxale que joue le conflit vietnamien au sein de la guerre froide, entre problématiques mondiales et locales.

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I. La guerre d’Indochine : Une guerre de décolonisation (1946-1954)

En 1941 à Hanoï, Ho Chi Minh crée le Vietminh (Ligue pour la libération du Vietnam), qui regroupe un grand nombre d’associations qui luttent pour l’indépendance du Vietnam.  Mais à la fin de la seconde guerre, après la fuite des Japonais, l’Indochine redevient un protectorat.

À partir de 1946, alors que les Français tentent de reprendre en main le pays, se forme une lutte de décolonisation, menée par Ho Chi Minh et les communistes, qui prend la forme d’une guérilla. Puis, à partir de 1949, le conflit s’organise progressivement pour devenir une lutte frontale que la France perd progressivement.

 

A. 1946-1949 : la guérilla

Le 2 septembre 1945, après avoir contraint l’empereur vietnamien Bao Dai à abdiquer, le Viet-Minh déclare l’indépendance du Vietnam, que les Français refusent de reconnaître. En France, si le conflit indochinois interpelle une partie de l’opinion, l’immense majorité des Français se désintéresse de cette « guerre qui ne dit pas son nom » qui se tient de l’autre côté du globe.

 

  1. Les batailles d’Haïphong et d’Hanoï

Le 23 novembre 1946, la marine française bombarde Haïphong pour renforcer les positions françaises. Cette attaque fait près de 6 000 victimes, dont une grande majorité de civils, et la réaction du Viet-Minh ne se fait pas attendre. En effet, le 19 décembre, le Viet Minh lance une offensive de grande ampleur contre les ressortissants français de la ville d’Hanoï. L’objectif d’Ho Chi Minh est clair « que chacun combatte le colonialisme ». Le leader communiste espère alors encore un soutien des Américains, qu’il sait anticolonialiste, mais ces derniers, peu prompts à soutenir une cause rouge, préfèrent temporiser. On voit déjà se dessiner quelques prémices d’une guerre froide naissante.

 

  1. La guérilla vietnamienne : le tigre contre l’éléphant.

Selon l’image d’Ho Chi Minh, le combat entre Français et Viêt-Minh est comparable aux animaux sauvages : alors que l’éléphant est massif et puissant, le tigre est discret et peut lancer des attaques rapides pour harceler son ennemi. C’est justement une technique de harcèlement constant qui se met en place, qui n’est pas sans rappeler les guérillas que les Français connurent lors de la guerre du Rif dans les années 1920. Les troupes françaises étant souvent menées à l’aveuglette par des soldats communistes qui connaissent parfaitement le terrain des affrontements.

Peu à peu, les troupes de libérations vietnamiennes qui n’étaient initialement constituées que de milices locales peu organisées, se fédèrent derrière l’Armée populaire vietnamienne. La maîtrise du terrain est sans conteste du côté du Viet-Minh.

 

  1. L’année charnière 1949 : l’arrivée de la Chine et des États-Unis dans le jeu

En 1949, le Guomindang perd définitivement le contrôle de la Chine continentale et le 1er octobre, Mao Zedong proclame la République populaire de Chine. Les hommes d’Ho Chi Minh disposent alors d’un nouvel allié de poids pour leur lutte vers l’indépendance. Dès le début de l’année 1950, d’anciens camps militaires américains du Sud de la Chine sont transformés en camps d’entraînement pour les soldats de l’Armée de libération du Vietnam.

En parallèle, la France proclame l’État du Vietnam et envisage de remettre sur le trône, pour mieux le contrôler, l’empereur déchu Bao Dai. L’objectif non-avoué de Paris est clair, parvenir à transformer une guerre de décolonisation, décriée partout dans le monde, en une guerre civile qui opposerait les partisans de l’empereur et ceux d’un communisme inféodé à Pékin. Ils dotent même l’État du Vietnam d’une armée nationale, dont le commandement et la formation est assurée par des officiers français.

Surtout, l’entrée de la Chine maoïste dans le conflit, elle-même soutenue par l’URSS, apparaît comme un prétexte suffisant pour les Américains de soutenir plus ouvertement les Français. Paris convoque la « théorie des dominos », selon laquelle les pays pourraient tomber un à un sous domination soviétique, pour mettre en place, avec l’aide des États-Unis, une politique d’endiguement de l’URSS et de ses satellites.

 

Ainsi, on voit qu’à partir de la sortie de la seconde guerre mondiale et jusqu’en 1949, le conflit vietnamien ne prend pas réellement d’importance à l’échelle internationale et les moyens qui y sont alloués restent relativement légers. Pourtant, à partir de 1949, l’arrivée, bien qu’indirecte, de deux « super-puissances » dans le conflit, rabat les cartes et donne à ce dernier un écho bien particulier, véritable répétition générale de la guerre froide qui se dessine de plus en plus distinctement.

B. 1950-1954 : un conflit qui s’enlise et bascule.

À partir de 1950, le conflit change radicalement de ton. Le Vietminh commence à infliger des pertes bien plus lourdes aux Français, alors qu’en métropole, la légitimité de la guerre est fortement remise en cause.

 

  1. Le début des défaites françaises et le retournement de l’opinion

Alors que les grèves se multiplient en France pour lutter contre la guerre d’Indochine, notamment chez les dockers de Marseille, le nord du Vietnam se soulève. Lors de la bataille de la route coloniale n°4 (RC 4), les troupes françaises connaissent des pertes massives, non seulement en hommes (7 000 morts), mais aussi en armement. Pour beaucoup de spécialistes, il s’agit du tournant de la guerre.

Le général de Lattre de Tassigny, envoyé en Indochine pour reprendre les choses en main, parvient à protéger Hanoï, mais échoue face à l’objectif principal des armées françaises : anéantir les Viet-Minh.

En France, si l’Indochine laisse majoritairement indifférent, elle est souvent considérée comme une « sale guerre » par les milieux d’extrême gauche : la CGT organise par exemple des opérations de sabotages du matériel militaire français à destination du front.

 

  1. Une croisade contre le communisme

On l’a dit, la France avait essayé de faire du conflit vietnamien une guerre civile, entre communistes et partisans de l’Empereur, plutôt qu’une guerre de décolonisation. Les renforts américains, surtout matériels, souligne la réussite d’une telle tentative. Les États-Unis préfèrent aider une puissance coloniale plutôt que de laisser prospérer le communisme. Ainsi, en parallèle de la guerre de Corée, Truman livre une autre guerre contre les Rouges en aidant la France matériellement. L’élection du général Dwight Eisenhower à la présidence pour remplacer Truman ne fait qu’accentuer l’aide américaine, qui finance en 1953 40% de l’effort de guerre français. Les Américains investissent plusieurs milliards de dollars dans la guerre et vont jusqu’à envisager l’utilisation d’une bombe nucléaire.

Peu à peu, la situation se stabilise pour l’armée française. Le général Salan, qui a remplacé de Lattre de Tassigny, obtient une série de victoires tactiques et militaires, mais le manque de moyen ne lui permet pas de reprendre le contrôle de tout le Vietnam. Le général Navarre, désireux de couper la route du Laos aux troupes vietnamienne du général Giap, lance l’Opération Castor. Il réussit à prendre le contrôle de la plaine de Dien Bien Phu et de sa piste d’avion fin 1953. C’est là que se jouent bientôt les dernières heures de la présence française en Asie du Sud-Est.

 

  1. Dien Bien Phu

Après avoir pris le contrôle de la plaine de Dien Bien Phu, surnommée « La Cuvette », les Français fortifient leur position. Rapidement, le général Giap décide d’encercler le camp de Dien Bien Phu à l’aide de 30 000 hommes. Ils entament le siège du camp, où sont barricadés 15 000 soldats français.

Les Français, qui sous-estiment l’organisation et la puissance de feu des soldats de Giap, subissent trois séries d’assaut entre mars et mai 1954, après plusieurs mois de siège. Les Français se retrouvent progressivement en manque d’hommes et de munitions, contraints à attendre en vain une aide de l’aviation américaine. Peu à peu, la surface du camp français diminue, et le 1er mai 1954, constatant qu’il est impossible de percer les lignes ennemies, le Colonel de Castries, commandant du camp de Dien Bien Phu, reçoit l’ordre de cesser le feu. Pour la France, il s’agit de la bataille la plus meurtrière depuis la fin de la seconde guerre, comptant plus de deux mille morts français. Surtout, sur le 12 000 prisonniers, 8 500 meurent en captivité.

 

  1. La fin de la guerre

À la suite de la défaite de Dien Bien Phu sont signés les Accords de Genève, le 21 juillet 1954. Sous l’impulsion de Pierre Mendes-France, ils mettent fin à la guerre et obligent les ressortissants français à quitter le Vietnam. Le Vietnam est alors divisé en deux, de part et d’autre du 17ème parallèle : Au Nord, la République démocratique du Vietnam dirigée par Hô Chi Minh, et au Sud la République du Vietnam sous administration franco-vietnamienne. Mais les élections prévues au Sud Vietnam sont annulées par le nouveau dirigeant, Ngo Dinh Diem, ce qui entraine la colère d’une partie du peuple. On voit alors apparaitre le Front national de libération du Sud Vietnam (Viêt Cong) qui cherche à réunifier le pays par la force. C’est de là que démarre alors la guerre du Vietnam…

Ainsi, entre 1946 et 1954, la France perd progressivement son empire colonial asiatique. La guerre d’Indochine, malgré l’aide américaine, se solde par une terrible défaite, à la suite de la bataille de Dien Bien Phu. Le bilan est sans appel, plus de 500 000 morts, dont 75 000 Français et 150 000 civils. Mais les Accords de Genève, qui devaient permettre de pacifier la situation, ne parviennent pas à instaurer la paix au Sud Vietnam et, dès 1955, le conflit reprend, avec la présence accentuée de l’armée américaine.

 

Pour ce qui est de la guerre du Vietnam désormais, il faut bien avoir en tête que la guerre telle que nous l’évoquons généralement prend la suite de la guerre d’Indochine. Dans l’esprit occidental, nous faisons une distinction entre deux guerres, celle principalement menée par la France en Indochine jusqu’à son retrait en 1954, et celle menée à sa suite par les Américains jusqu’en 1975, sur les mêmes territoires. Pourtant, pour les Vietnamiens, ces deux guerres n’en forment qu’une, la guerre d’indépendance. Cette petite précision permet de comprendre la continuité du conflit dans l’esprit des soldats et partisans de la République démocratique du Viêt-Nam, les Vietnamiens communistes qui luttèrent contre la présence occidentale sur leurs terres.

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II. La guerre du Vietnam (1955-1975)

 

A. Jusqu’en 1965, un conflit qui ne dit pas son nom

À partir des Accords de Genève, en 1954, la France se retire progressivement du Vietnam. Pourtant, le Vietnam du Sud, qui n’est pas dirigé par des communistes, devient rapidement le théâtre d’affrontements violents entre le pouvoir en place et le Viêt-Cong, association militarisée d’inspiration nationaliste et communiste.

 

1. L’installation sulfureuse d’un État pro-américain au Sud Vietnam

Allié des Américains, le premier ministre Ngo Dinh Diem ignore les Accords de Genève qui réclament des élections libres. Il est élu en 1955 président du Vietnam du Sud. Sa victoire est un camouflet pour l’ancien pouvoir colonial français. En effet, les Français considèrent cette élection comme une machination des États-Unis empêcher toute réunification du Nord et du Sud. Dans ses mémoires, le président Eisenhower admit que s’il y avait eu des élections non truquées en 1955, 80 % des Vietnamiens auraient voté pour Hô Chi Minh. Eisenhower, davantage encore que son prédécesseur Truman, considère qu’une domination communiste sur le Vietnam entrainerait le basculement de tout l’Asie du Sud-Est dans le giron communiste, comme « une rangée de domino ».

 

2. Le régime de Diem, un régime autoritaire prétexte à l’endiguement.

Le Sud Vietnam apparaît rapidement comme l’exemple paroxystique de la politique « d’endiguement » que mettent en place les États-Unis, en faisant du Vietnam, selon Kennedy, « la pierre d’angle du monde libre dans le Sud-Est asiatique ». Pour rendre durable ce « rempart contre le communisme », les Américains accordent un soutien inconditionnel au régime de Diem, qui fait face à des révoltes dès la fin de l’année 1955. Dans les maquis, une véritable guérilla réapparaît, qui n’est pas sans rappeler celle qu’avaient connue les Français moins de dix ans auparavant.

D’un autre côté, le pouvoir de Diem devient de plus en plus autoritaire, sans pour autant devenir la dictature militaire que certains y ont vu. Si le Sud Vietnam se modernise rapidement, notamment avec le développement des infrastructures, la fracture sociale augmente. On pense par exemples aux politiques antibouddhistes de Diem, qui vont à l’encontre de la majorité du Vietnam, bouddhiste. Diem mène une politique de favorisation des catholiques fortement critiquée dans le pays. La photographie de l’immolation publique du bonze Thích Quảng Đức en juin 1963 crée un énorme scandale au Vietnam et au sein de la communauté internationale, qui s’oppose de plus en plus fortement au régime de Diem. Kennedy déclare même « qu’aucune image d’actualité dans l’histoire n’a généré autant d’émotion dans le monde ».

La révolte qui suit fait éclater au grand jour l’impopularité du régime. Les États-Unis commencent à chercher un autre leader. Si leur rôle n’est pas prouvé dans l’assassinat de Diem, tout porte à croire que la CIA a favorisé un tel remplacement, peu satisfaite de l’évolution de leur protégé. En effet, Diem refusait que les Américains ne s’implantent plus au Sud Vietnam.

 

3. La fin du régime Diem et le début des conflits ouverts

Kennedy, qui considérait que quitter le Vietnam serait une erreur, accepte cependant de réduire le nombre de conseillers américains à la suite du coup d’État. Cependant, il conditionne le départ de l’armée à la fin de toute guérilla sur le sol Sud-vietnamien. Au moment de sa mort, le 22 novembre 1963, 16 000 soldats américains font donc face à un ennemi insaisissable. Surtout, ce refus de quitter l’Asie du Sud-Est apparaît de plus en plus comme une nouvelle figure de colonisation.

Mais les États-Unis préfèrent abandonner leur statut de chef de fil historique des Nations anti colonisatrices pour maintenir leur présence au Sud Vietnam et éviter que le communisme se propage. Johnson, qui succède à Kennedy, augmente même le contingent américain. Il va jusqu’à demander des renforts à des alliés, comme la Corée du Sud et l’Australie. Mais le conflit s’enlise inévitablement.

 

 

B. Un conflit qui s’intensifie (1964-1968)

1. La propagation du conflit et l’engagement des troupes américaines

En août 1964, à la suite d’un supposé échange de tirs entre torpilleurs nord-vietnamiens et des destroyers américains, le président Johnson obtient du congrès une résolution qui permet de renforcer l’effort de guerre et de « prendre toutes mesures nécessaires pour faire échec au communisme ». C’est le début d’une longue phase d’intensification de la présence américaine au Vietnam.

À partir de février 1965, les États-Unis commencent à bombarder le Nord Vietnam, avec notamment des barils du tristement célèbre « napalm », sorte de gelée incendiaire très puissante. En parallèle, la guérilla qui sévit au Sud conduit les Américains à intensifier la traque des résistants communistes. Des régions entières du Sud sont considérées comme « Free fire zone », c’est-à-dire que les soldats américains pouvaient y exécuter n’importe qui sans risque de réprimande.

La guerre devient de plus en plus violente, des villages entiers sont détruits, les hommes adultes exécutés sans procès avec comme fondement de seuls soupçons. En juillet 1965, les forces américaines sont portées à 125 000 hommes, puis à 185 000 en décembre.

 

2. La piste Ho Chi Minh

Rapidement, le schéma s’éclaircit : D’un côté, le Sud voit l’affrontement diffus des GIs et des groupuscules rebelles disséminés dans tout le territoire. De l’autre côté, le Nord subit des bombardements incessants. Cette technique militaire, qui coûte la vie à de nombreux civils, doit permettre de couper les grands axes de ravitaillement d’arme et de carburant, parmi lesquels la fameuse piste Ho Chi Minh.

La piste Ho Chi Minh, du nom du leader communiste, est un ensemble de routes et sentiers situé le long de la frontière avec le Laos et le Cambodge. Ce réseau viaire est particulièrement visé par l’aviation américaine. Quotidiennement, la piste était empruntée par des centaines de milliers de soldats communistes. Mais cette artère vitale pour l’alimentation du front, après chaque bombardement, était rapidement réparé, au point qu’on considère qu’y passèrent durant le conflit plus de deux millions de tonnes d’armes, de munitions et d’équipements vers le front du Sud. À la fin de la guerre, cette piste, que les Américains n’avaient pas réussi à anéantir, faisait plus de 20 000 kilomètres de long.

 

3. Un conflit qui s’enlise

En 1967, alors que le conflit est à un paroxysme, les soldats Américains présents sur le sol vietnamien sont au nombre de 500 000. Ils viennent s’ajouter aux 700 000 soldats de ARVN, Armée de la république du Viêt Nam. Si les effectifs Viêt-Cong restent moindre (300 000 hommes), les techniques de guérilla qu’ils emploient leur permettent de tenir relativement efficacement leurs positions. De plus, ces derniers sont aidés par les deux géants du monde communistes, la Chine et l’URSS, qui n’hésitent pas à fournir des armes et du matériel moderne à l’armée rebelle.

Surtout, l’opinion américaine, devant l’enlisement du conflit, commence à interroger la légitimité de la présence américaine. En 1967, les premières manifestations de masse contre la guerre apparaissent aux États-Unis, et voient quelques violents affrontements entre manifestants et membres des forces de l’ordre. Plus le temps passe et plus l’issue semble incertaine pour les Américains.

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C. La désescalade

1. L’offensive du Têt

Alors que Washington déclare que la rébellion Viêt-Cong est sur le point d’être matée, le général Giap, héros de Dien Bien Phu, lance fin janvier 1968 une immense contre-offensive en direction du Sud. C’est l’offensive du Têt, du nom de la grande fête du Nouvel An vietnamien.

La guerre prend un tournant encore plus violent : On assiste à de nombreuses attaques suicides des Viêt-Cong, l’ambassade des USA est prise d’assaut… L’offensive du Têt, malgré la surprise qu’elle provoque chez les soldats américains, se solde par une défaite militaire pour les troupes du général Giap, qui perdent une grande partie de leurs effectifs. Pourtant, si les Américains ne perdent que rarement les batailles, l’opinion considère ce combat de David contre Goliath comme une humiliation pour les États-Unis. Alors qu’ils se prétendaient anticolonialistes, ils apparaissent aux yeux du monde comme un impérialisme aux relents racistes. Le combat idéologique semble en passe d’être gagné par les indépendantistes.

Surtout, le développement de la télévision et l’arrivée sur place de nombreux reporters donnent au conflit une ampleur sans précédent. Les reporters, souvent en recherche de scoop, se concentrent sur les événements spectaculaires, ce qui ne laisse pas les lecteurs indifférents. Nous avons déjà évoqué la photo du bonze s’immolant devant l’objectif d’un reporter. Vient aussi à l’esprit la photo « la petite fille au Napalm » de Nick Ut, qui remporte en 1972 le prestigieux Prix Pulitzer et devient rapidement un symbole d’une guerre de plus en plus considérée comme injuste.

 

2. Une contestation massive jusqu’aux États-Unis

Partout dans le monde se dressent progressivement des oppositions contre cette guerre considérée comme colonialiste. Aux États-Unis même, à partir des campus d’universités, se lève une vague de protestation sans précédent alors que les désertions se multiplient. Certains vétérans forment même des associations pour dénoncer la guerre, en témoigne l’Organisation des vétérans du Viêt Nam contre la guerre. Au sein même de l’armée se lèvent des contestations. On estime par exemple à 50 000 le nombre de soldats américains qui désertèrent sur toute la durée de la guerre.

L’année 1968 marque un véritable tournant dans l’opinion américaine, qui commence à refuser massivement une telle guerre. Un sondage publié cette année montre que désormais, moins de 50% des citoyens américains considèrent la guerre comme légitime. L’actrice Jane Fonda, véritable égérie du camp pacifiste, se rend même au Nord Vietnam pour exhorter les soldats américains à cesser les bombardements des positions communistes.

Les profils des contestataires se diversifient. Il ne s’agit plus seulement d’étudiants, de mères de famille ou de hippies, mais de plus en plus de syndicalistes, journalistes, universitaires… Cette opposition s’incarne le plus souvent par des manifestations non violentes, malgré quelques cas de débordement que la police réprime sévèrement.

Enfin, des scandales, comme la révélation du massacre de My Lai en 1968, durant lesquels plus de 500 civils sont massacrés par des soldats américains, alimentent la dénonciation de la guerre dans l’opinion mondiale.

 

3. Le départ progressif des effectifs américains et la réunification

Le nouveau président républicain, Richard Nixon, prend comme engagement de campagne le retrait progressif des troupes du Vietnam. Son but affiché est de « vietnamiser » la guerre. Il veut permettre au gouvernement Sud vietnamien de mettre progressivement en place sa propre armée, qui puisse se défendre elle-même. En 1968, cette armée compte 900 000 soldats. On parle de « doctrine Nixon ». En 1970, le retrait des troupes américaines commence. Peu à peu, le Congrès s’opposant à la guerre, les troupes diminuent. En 1973, Nixon, aidé par son secrétaire d’État Henry Kissinger, conclut les Accords de paix de Paris. Les États-Unis s’y engagent à retirer leurs troupes du Vietnam en deux mois. En échange, le Nord Vietnam doit libérer tous ses prisonniers américains.

Pourtant, la guerre se poursuit après le départ américain, et ce jusqu’à la chute de Saigon, deux ans plus tard. En effet, alors que Nixon s’était engagé à fournir un appui tactique et financier l’armée Sud-vietnamienne après le départ des troupes, le Congrès s’y opposa.

Les Américains déplorent 58 000 morts, loin des 3,8 millions de civils et militaires vietnamiens tués dans le conflit recensés par Robert McNamara, soit près de 8 % de leur population.

 

Conclusion

 

En 1975, la chute de Saigon marque la fin de trente ans de guerre civile au Vietnam. Le pays est réunifié sous bannière communiste, alors que plus d’un million de Sud-Vietnamiens fuient le pays par la mer. On les appelle les “Boat-people”.

Surtout, les États-Unis semblent, comme l’avait été la France en son temps, les grands perdants de ce conflit. Ils ont perdu le statut de Nation anticolonialiste qui leur était cher, alors même que leur volonté d’endiguer le communisme a montré ses limites. En effet, le Vietnam devient communiste moins de trois ans après leur départ.

Finalement, la guerre du Vietnam peut apparaître comme un terrain d’affrontement dans lequel s’affrontent et se testent les deux blocs. Chinois et Soviétiques fournissent des armes et munitions aux soldats communistes et renforcent leurs positions respectives. En face, les Américains subissent la première défaite militaire d’envergure de leur histoire et connaissent leur revers le plus sévère sur la Guerre Froide. Cette défaite est rapidement reprise dans la culture populaire, notamment au cinéma, où des films de grands réalisateurs et avec des acteurs reconnus, tels qu’Apocalypse Now de Coppola ou Full Metal Jacket de Kubrick, offrent une vision très critique de la présence américaine.

 

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