Le téléphone rouge

Histoire : l’essentiel sur la crise de Cuba (1962)

Au sommaire de cet article 👀

La crise de Cuba est un événement à connaître pour le baccalauréat d’histoire-géo. Tu n’es pas encore au point sur ce sujet ? Pas de panique, la team AuFutur a concocté une fiche de révision tout spécialement pour toi ! À tes notes ! 

 

Introduction

L’année 1962 marque un véritable tournant dans la guerre froide. En effet, les historiens et géopoliticiens qui se sont penchés sur la période considèrent souvent cette année comme le moment où la guerre nucléaire devient possible.

La tension inédite qui apparaît entre les deux blocs en 1962 doit beaucoup à Cuba, plus vaste île des Antilles à l’histoire mouvementée, longtemps sous domination espagnole et qui a gagné son indépendance grâce aux États-Unis en 1902. Jusqu’à l’arrivée au pouvoir de Fidel Castro en 1959, Cuba apparaît comme dépendante des États-Unis. C’est dans un contexte politique et diplomatique troublé que se déroule ce que l’on retient encore aujourd’hui comme « la crise de Cuba », ou crise des missiles.

Dans ce petit condensé de cours, on cherchera à comprendre pourquoi, pendant quinze jours, entre le 14 et le 28 octobre 1962, Cuba devient le centre du monde, entraînant un tournant majeur dans la guerre froide.

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Le contexte géopolitique à Cuba

Cuba à la sortie de la seconde guerre mondiale

Au lendemain de la guerre, Cuba est une zone sous contrôle de sociétés américaines, qui exploitent à la fois les terres, la canne à sucre par exemple, mais n’hésitent pas à faire de l’île un véritable parc de loisir gigantesque pour les touristes américains. L’économie est totalement aux mains des Américains, on parle de Cuba comme « le bordel et le casino des USA », et son chef d’État, Fulgencio Batista, obéit aux directives américaines.

 

La révolution cubaine de Fidel Castro

La révolution cubaine marque d’abord l’entrée véritable du tiers monde dans le théâtre des affrontements de la guerre froide. Pourtant, il ne s’agit pas au départ d’une révolution communiste, mais nationaliste, inspirée par la première guerre d’indépendance, menée par le héros national José Marti, qui instaure le protectorat américain.

Après plusieurs tentatives infructueuses de coups d’État et le début d’une guérilla, Fidel Castro réussit avec une poignée d’homme à prendre le contrôle du pays. Si au départ Castro n’a rien d’un communiste, il est influencé par un révolutionnaire argentin aux idées marxistes-léninistes, connu sous le nom de Che Guevara. Surtout, ses relations avec Washington se dégradent rapidement lorsqu’il se lance dans des réformes agraires. Celles-ci entraînent de facto l’expropriation des grandes compagnies américaines. Si les États-Unis ne réagissent pas frontalement immédiatement, ils affichent leur mépris pour l’île rebelle : le président Eisenhower, lorsqu’il se rend à Cuba, ne va pas voir Castro. Ce dernier sent que les USA prévoient quelque chose et organise des Comités de défense révolutionnaire, pour surveiller dans chaque quartier les activités suspectes.

 

Le débarquement de la baie des Cochons

Le 17 avril 1961 dans la baie des Cochons, a lieu le débarquement, commandité par la CIA, de 1 400 réfugiés politiques cubains chargés de renverser le pouvoir en place. Mais, notamment en raison du manque de soutien des populations locales, le débarquement est un échec total et les États-Unis sont immédiatement pointés du doigt par le gouvernement cubain mais aussi rapidement par l’URSS.

Les États-Unis décident, au pied du mur, de reconnaître leur implication dans cette tentative d’invasion, mais mettent immédiatement Cuba sous embargo. Or, Cuba ne vit que de ses exportations vers les USA et se retrouve alors au bord de la faillite. C’est là qu’intervient l’URSS. En effet, alors même qu’elle n’en a pas besoin, elle propose aux Cubains d’acheter tout leur sucre, pour permettre au régime de survivre. En échange, celui-ci prend une orientation communiste, marquée par la collectivisation de la réforme agraire. Alors que Castro se réclame des non-alignés, il apparaît que Cuba a choisi son camp.

 

La Crise des fusées en elle-même

Le rapprochement entre Cuba et l’URSS

À la suite de l’invasion ratée de la baie des Cochons, les Soviétiques proposent leur aide à Cuba, notamment pour protéger la souveraineté de l’île. Ainsi, Khrouchtchev envoie dès mai 1962 plus de 50 000 soldats à Cuba, quatre sous-marins, mais aussi et surtout, 36 missiles nucléaires SS-4 et 2 SS-5. En effet, Moscou a compris que Cuba pouvait être un formidable porte missile en direction de la Floride, dont les côtes sont situées à moins de 200 kilomètres.

Depuis l’épisode de la baie des Cochons, les États-Unis ont cessé toute relation diplomatique avec Cuba, mais continuent de surveiller l’île et notamment les bateaux qui y accostent. Les marins américains observent une hausse anormale du volume de marchandise échangée avec les Soviétiques au cours de l’année 1962. Surtout, le 14 octobre 1962, un avion espion U2 photographie les sites d’installation des missiles : les USA découvrent que l’URSS construit des portes-missiles sur le sol cubain, c’est-à-dire à portée du sol américain.

 

La mise en place du blocus américain

Après avoir convoqué le Conseil de Sécurité national le 16 octobre, Kennedy décide de suivre les conseils de son secrétaire à la Défense, Robert McNamara, et d’entamer un blocus de l’île jusqu’au retrait des missiles de Cuba. Le 22 octobre, Kennedy annonce la situation à la presse américaine et demande publiquement à Khrouchtchev de cesser les opérations sous peine de représailles.

Le contexte semble plus tendu que jamais : les deux pays qui se font face refusent de céder le moindre point, en témoigne pour les États-Unis le recours à la doctrine des représailles massives (chaque attaque par l’URSS contre un pays membre de l’OTAN l’expose à des représailles nucléaires massives, sans préavis et sans retenue). Ces semaines sont aussi pour les deux grands une occasion d’affirmer leur leadership au sein des blocs, à l’heure où l’Europe occidentale craint pour sa sécurité et où l’URSS voit se dessiner la rivalité chinoise. En effet, les Chinois critiquent les Soviétiques comme étant trop mou, car ils ne font rien contre impérialisme américain.

La tension monte graduellement au point que Khrouchtchev annonce à Kennedy, par l’intermédiaire d’un américain de retour aux d’un voyage d’affaire à Moscou : « Si les États-Unis veulent la guerre, alors nous nous retrouverons en enfer. »

 

Les négociations et la résolution de la crise

La crise connaît son point d’orgue lorsque l’on apprend qu’un cargo soviétique fait route vers Cuba alors que le blocus militaire des USA empêche le passage de tout navire : soit les cargos soviétiques acceptent d’être fouillés, soit ils font demi-tour. Khrouchtchev se révèle alors partisan de la négociation et le 24 octobre, l’URSS préfère détourner les navires et entamer des négociations.

Pourtant, celles-ci prennent du temps et il faut attendre un ultimatum des États-Unis pour que les Soviétiques consentent à se replier : les États-Unis s’engageaient à lancer une attaque aérienne sur les sites de missiles si les Soviétiques ne démantelaient pas leurs installations avant le 29 octobre. Le compromis proposé par Khrouchtchev conditionnait le retrait à deux actions : Les USA s’engageaient à démanteler leurs fusées en Turquie tournées vers l’URSS et respecter l’intégrité de Cuba.

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Les conséquences de la crise

L’URSS apparaît comme le grand perdant de la crise

Paradoxalement, les relations soviéto-cubaines sont profondément affectées par la crise. En effet, les Cubains se considèrent abandonnés par les Soviétiques alors même que les Soviétiques ont obtenu que les USA respectent le régime castriste. Le bloc de l’Est entre dans une phase de divergence vis-à-vis de Moscou, qui occupe une place de plus en plus délicate, notamment en raison de l’échec de Cuba et de l’émergence de la Chine. C’est surtout Khrouchtchev, accusé de brader la Révolution, qui paye pour l’échec de Cuba. Critiqué pour sa politique internationale dès 1962, il quitte son poste en 64.

 

Une victoire américaine ?

À l’inverse, c’est une immense victoire pour l’ensemble du clan Kennedy et pour le président, qui prend sa revanche après l’épisode de la baie des Cochons et apparaît comme l’homme de la situation. La presse américaine compare le recul des Soviétiques à Cuba à celui infligé par Truman lors de la crise de Berlin. Surtout, cette démonstration de force illustre la capacité de pression des États-Unis. Un exemple de ce leadership réaffirmé est sans doute l’abandon de la doctrine Dulles (représailles massives) au profit de celle dite Doctrine McNamara (représailles graduées).

Les États-Unis apparaissent de nouveau comme une puissance protectrice et lancent le programme d’aide « L’alliance pour le progrès », qui consiste à financer des projets de développement en Amérique du Sud, notamment pour prévenir les révolutions potentielles. En effet, le gouvernement américain considère que la pauvreté fait le lit du communisme et donc que aider au développement, c’est lutter contre le communisme.

 

La prise de conscience du danger atomique

Mais surtout, la crise de Cuba fait prendre conscience du danger qu’est l’arme atomique. Le monde entier a eu peur de sa propre destruction lors de la crise de Cuba et les deux grands ne veulent pas se retrouver de nouveau dans de telles situations. Ces réflexions aboutissent en août 1963 à l’interdiction des essais nucléaires en atmosphère, qui est suivie cinq ans plus tard par le Traité de non-prolifération nucléaire.

Surtout, la conclusion de la crise entame une nouvelle période la guerre froide, la Détente, qui voit le relâchement des tensions entre les deux grands jusqu’aux années 1980. Cependant, il s’agit plus d’un statu-quo qu’une paix véritable, car aucun des deux blocs ne s’ouvre véritablement sur l’autre.

 

Conclusion

Ainsi, on voit donc que la crise de Cuba apparaît comme un moment paroxystique et charnière de la Guerre Froide. Les deux grands semblent « utiliser » Cuba pour se faire face. Ils se retrouvent en possession d’une puissance nucléaire sans précédent, prête à détruire la Terre. Mais, ils renoncent tous deux à engager un combat qu’ils savaient sans issue au profit d’un renforcement de leurs positions respectives. Pourtant, la crise des missiles voit aussi le début d’un moment de « Détente » relatif, incarné par le mythique Téléphone rouge, cette ligne de communication directe qui est établie à la suite de Cuba, souvent considérée comme un moyen d’éviter les moments de crise comme ceux d’octobre 1962.

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