Les complétives en grec ancien : introduire une subordonnée avec ὅτι, ὡς, etc.

Les complétives en grec ancien

Au sommaire de cet article 👀

Les subordonnées complétives en grec ancien sont des propositions qui jouent le rôle de complément d’objet d’un verbe principal. Elles rendent possible l’expression d’un discours rapporté, d’une pensée, d’une perception ou d’une volonté. Leur formation repose sur des conjonctions introductrices comme ὅτι (que), ὡς (que, comme), parfois même sur des tournures infinitives ou des particules particulières. Mais pourquoi les apprendre ? Et bien parce qu’elles apparaissent fréquemment dans les textes narratifs (Hérodote, Xénophon), dans les dialogues philosophiques (Platon), mais aussi dans la poésie (Homère, tragiques). Si tu veux te démarquer et faciliter ta compréhension des textes grecs, cet article est primordial.

Définition des subordonnées complétives

Une complétive est une proposition subordonnée qui complète le sens d’un verbe, de la même façon qu’un COD. Elle dépend généralement d’un verbe de déclaration, de perception, de pensée, de volonté, d’émotion ou de sentiment.

Exemple :
λέγει ὅτι σοφός ἐστιν → il dit qu’il est sage.

La complétive a donc la fonction syntaxique d’un groupe nominal, mais développée en une proposition.

Les principales conjonctions complétives

1. ὅτι (que)

  • Forme la plus fréquente pour introduire une complétive.
  • Utilisée après les verbes de déclaration (λέγω, φημί, ἀγγέλλω…), de perception (ὁρῶ, ἀκούω), de certitude ou de pensée (οἶδα, γιγνώσκω, νομίζω).

Exemple :
ἀγγέλλει ὅτι ἥκει.
Il annonce qu’il est arrivé.

2. ὡς (que, comme)

  • Introduit également une complétive, avec une nuance plus subjective que ὅτι.
  • Souvent choisi pour rapporter des paroles ou une appréciation teintée de perception personnelle.

Exemple :
φησὶ ὡς πολέμιοι προσέρχονται.
Il affirme que des ennemis approchent.
(nuance : « selon lui », « il prétend que »)

Différence principale :

  • ὅτι : neutre, objectif (déclaration brute).
  • ὡς : subjectif, marqué par l’opinion ou le point de vue.

3. Complétives infinitives

Après certains verbes (surtout déclaratifs ou « d’opinion »), l’infinitif peut remplacer une complétive introduite par ὅτι/ὡς.

  • Souvent employé après φημί, λέγω, νομίζω, δοκέω, ἐλπίζω.

Exemple :
νομίζει σοφὸν εἶναι τὸν ἄνδρα.
Il pense que l’homme est sage.

Ici, le sujet de l’infinitif est à l’accusatif : c’est la construction dite accusatif + infinitif.

La concordance des temps et des modes en grec ancien

1. Dans les subordonnées en ὅτι ou ὡς

Le temps du verbe subordonné est réel et indépendant, il ne subit pas de concordance stricte (contrairement au latin).
On rapporte les paroles telles qu’elles ont été dites, même si elles sont subordonnées.

  • λέγει ὅτι σοφός ἐστι. → Il dit qu’il est sage.
  • εἶπεν ὅτι σοφὸς ἦν. → Il dit qu’il était sage. (report du temps du discours original)

2. Dans les complétives infinitives

Le temps de l’infinitif dépend du point de vue du verbe principal :

  • Présent infinitif : simultanéité → il dit qu’il est sage.
  • Aoriste infinitif : antériorité → il dit qu’il a été sage.
  • Futur infinitif : postériorité → il dit qu’il sera sage.

Les verbes introducteurs typiques en grec ancien

  • Déclaration : λέγω, φημί, ἀγγέλλω (dire, affirmer, annoncer).
  • Pensée, croyance : νομίζω, δοκέω, γιγνώσκω (penser, sembler, reconnaître).
  • Perception, émotion : ὁρῶ, ἀκούω, χαίρω (voir, entendre, se réjouir).
  • Volonté : βούλομαι, ἐθέλω (vouloir).

Exemples littéraires en grec ancien

  • Hérodote : ἀπήγγελλε ὅτι οἱ Πέρσαι ἐπορεύοντο.
    → Il annonçait que les Perses avançaient.
  • Xénophon : ἔφη ὡς οὐδὲν αὐτῷ λείποιτο.
    → Il affirmait qu’il ne lui manquait rien. (avec nuance de prétention)
  • Platon : νομίζεις σε εἰδέναι;
    → Tu crois que tu sais ? (construction infinitive accusatif + infinitif)

Difficultés fréquentes à éviter en grec ancien

  • Confondre ὅτι conjonction (que) avec ὅτι causal (parce que).
    → Toujours vérifier le contexte !
  • Penser qu’il existe une concordance des temps stricte comme en latin : le grec garde souvent le temps original, sans « dépendance ».
  • Oublier que le choix entre ὅτι et ὡς implique une nuance : neutre vs subjectif/pensée personnelle.
  • Traduire mécaniquement l’infinitive en français par un infinitif : elle correspond la plupart du temps à une proposition avec « que ».

Conseils méthodologiques

  1. Identifier le verbe principal : est-ce un verbe de pensée, de parole, de perception ?
    → si oui, une complétive est probable.
  2. Repérer le connecteur : ὅτι ou ὡς → subordonnée complétive.
    Infinitif + accusatif → construction infinitive.
  3. Traduire avec nuance : sois attentif à l’effet subjectif (ὡς) ou objectif (ὅτι).
  4. Comparer avec le latin ()si tu l’as appris : le grec préfère garder le temps original, ce qui simplifie parfois la traduction.

Exercices pratiques

Exercice 1 : 

Transforme ces phrases principales en phrases avec subordonnée complétive en grec ancien :

  1. « Il dit que les amis sont arrivés. »
  2. « Je sais que tu es sage. »
  3. « Ils affirment que nous viendrons. »

Exercice 2 : 

Repère et analyse la valeur de la subordonnée complétive.

  1. ἀγγέλλει ὡς νικῶμεν.
  2. φησὶν αὐτὸν σοφὸν εἶναι.
  3. εἶπαν ὅτι ὁ στρατηγὸς ἀφίκετο.

Correction

Exercice 1 :

  1. λέγει ὅτι οἱ φίλοι ἥκασι.
  2. οἶδα ὅτι σοφός εἶ.
  3. φασὶν ὅτι ἥξομεν.

Exercice 2 :

  1. « Il annonce que nous gagnons. » Subordonnée introduite par ὡς → nuance subjective.
  2. « Il dit qu’il est sage. » Construction infinitive (accusatif + infinitif).
  3. « Ils dirent que le général était arrivé. » Subordonnée au passé introduite par ὅτι → neutre, objectif.

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