Simone de beauvoir

Simone de Beauvoir (1908-1968)

À lire dans cet article :

Simone de Beauvoir est une romancière, philosophe, essayiste et mémorialiste française du XXe siècle. Son engagement pour les droits et les libertés des femmes, que ce soit dans ses écrits ou en politique, en a fait une représentante majeure du féminisme.

La vie de Simone de Beauvoir en quelques mots…

Née dans une famille aisée et éduquée dans des écoles privées, elle démontre très vite des capacités intellectuelles au-dessus de la moyenne. Grâce à son père passionné de théâtre et d’art dramatique, elle suivra des études supérieures (rares pour les filles à l’époque) de lettres et obtiendra l’Agrégation en 1929.

Son premier roman est publié en 1943, L’invitée, est un succès immédiat mais fait scandale auprès des familles conservatrices. Elle est même temporairement suspendue de l’Education Nationale pour “excitation de mineure à la débauche”. De fait, cet appel à la libération des femmes et des moeurs est un trait caractéristique des oeuvres de Simone de Beauvoir, de même que les scandales qu’elles entraînent en terme de morale et de société.

Simone de Beauvoir est aussi une femme de lettres engagée. Avec Sartre, Raymond Aron, Boris Vian et d’autres personnalités de gauche, elle fonde Les Temps Modernes en 1945. C’est une revue qui tend à faire connaître l’existentialisme par le biais de la littérature contemporaine. Au même moment, elle évoque son engagement pour l’existentialisme, l’athéisme et le communisme dans les oeuvres (essais, romans) qu’elle publie. Son moment de gloire arrive en 1949 lorsqu’elle publie son oeuvre majeure, Le Deuxième Sexe. Malgré le scandale créé, ce livre est un énorme succès.

Simone de Beauvoir devient la vitrine du féminisme, son roman dénonce la position d’infériorité dans laquelle sont maintenues les femmes en analysant notamment les mythes (ce n’est plus de l’existentialisme). Elle critique les institutions matrimoniales que la société érige en modèle. En 1954, sa carrière est à son apogée lorsqu’elle reçoit le prix Goncourt pour Les Mandarins. Son engagement féministe, omniprésent dans ses oeuvres, dans les messages qu’elles transmettent et dans ses interventions publiques, se cristallise finalement dans sa participation à la revue Questions Féministes. Elle participe à sa création en 1977 en tant que directrice de la rédaction, puis devient directrice pour Nouvelles Questions Féministes en 1981.

Son engagement est aussi international car elle signe le Manifeste des 121 pour le “droit à l’insoumission” lors de la guerre d’Algérie. Elle participera aussi au Manifeste des 343 pour la reconnaissance des violences faites aux femmes lors de cette même guerre.

Ainsi, tout au long de sa vie, Simone de Beauvoir se sera battue pour défendre ses convictions, quite à choquer les lecteurs avec son style cru et ses récits jugés immoraux.

Quelles sont les œuvres majeures de Simone de Beauvoir ?

Parmi les nombreuses œuvres publiées par Simone de Beauvoir, nous pouvons retenir Le Deuxième Sexe (1949, essai), Les Mandarins (1954, roman), Mémoires d’une jeune fille rangée (1958, récit autobiographique), Une mort très douce (1964, récit autobiographique) et La Cérémonie des Adieux (1981, récit autobiographique).

Le deuxième sexe (1949) – essai

C’est un essai existentialiste et féministe divisé en deux tomes.

Le projet de Simone de Beauvoir était encyclopédique. Elle a voulu livrer la totalité des éléments concernant l’existence des femmes dans la société française. Sa principale inspiration a été L’Âge d’Homme de Leiris.

Je commencerai par le féminisme. Le titre en lui-même est très intéressant : selon lui, le sexe féminin vient après le sexe masculin. Une hiérarchie, un ordre entre les sexes s’instaure ainsi. La portée féministe de ce texte est évidemment très importante : Simone de Beauvoir y constate et étudie les éléments de la vie d’une femme (son enfance, son éducation, le sexe, la recherche d’une orientation sexuelle, le mariage, la maternité et, surtout, les normes sociales imposées ainsi que le regard porté sur les femmes et leurs vies) pour montrer qu’elles sont relayées à une situation d’infériorité par rapport aux hommes. Par exemple, elle considère le mariage comme une institution bourgeoise où la femme est souvent dominée et “captive” de son mari. Ce serait même pire que la prostitution pour la femme. C’est donc un portrait critique de la société dans laquelle elle vit.

C’est aussi une oeuvre de portée philosophique. Les philosophies existentialistes et phénoménologiques en sont les lignes directrices. Les références littéraires, sociologiques ou même biologiques y sont nombreuses. Le message principal de l’oeuvre est le suivant : “on ne naît pas femme, on le devient” (citation tirés du même essai). Or selon Simone de Beauvoir, la responsabilité humaine est entière dans la situation d’infériorité des femmes : les hommes sont accusés de sexisme, de domination et de cruauté tandis que les femmes sont dites passives et soumises faces à leur sort.

La solution proposée par l’écrivaine est une sortie de cette situation grâce à l’union et à la solidarité des hommes et des femmes. Deux éléments sont essentiels pour elle : le contrôle des naissances et l’accès plus libre au monde du travail pour les femmes. En somme, la philosophie est au service de son message féministe : l’étude des phénomènes, de leurs causes (phénoménologie) et la responsabilisation des êtres humains (existentialisme) sont des éléments majeurs dans cet essai.

Quant à la réception de cet essai, elle fut problématique. Dans le contexte de l’après-guerre (il est publié quatre ans après la fin de la Seconde Guerre Mondiale), ce message libérateur fait écho aux volontés de reconstruire un monde nouveau. Toutefois, la droite conservatrice, les détracteurs de l’existentialisme et les personnages aux mentalités traditionalistes montèrent au créneau et crièrent au scandale. Les intellectuels ont pu voir dans cette théorie existentialiste une culpabilisation injustifiée des femmes (et des hommes dans certains cas), ou une déculpabilisation des institutions qui créaient et reproduisaient les schèmes de domination. Les conservateurs et traditionalistes ont vu dans cet essai quelque chose d’immoral, de malsain ou même d’hérétique. Leurs modèles sociétal et familial, leurs valeurs étaient remises en question.

Pour conclure, nous pouvons dire que les principaux apports de cet essai sont la dénonciation d’une création de la hiérarchie homme / femme, d’une construction sociale qui relaye les femmes au rang de “deuxième sexe” ; et l’ouverture d’un champ de recherche féministe.

Mémoires d’une jeune fille rangée (1958) – récit autobiographique

Ce premier récit autobiographique, premier volet d’une longue série de mémoires autobiographiques, évoque les vingt-et-une premières années de vie de Simone de Beauvoir. Elle y décrit son enfance, son éducation jusqu’à l’obtention de l’Agrégation de philosophie.

Elle y montre comment elle a grandi dans une famille bourgeoise en situation de faillite. Mais l’élément le plus important en terme de contenu est le désir de cette jeune femme d’échapper au destin tout tracé que ses parents lui réservent. La philosophie, l’enseignement et l’engagement social sont des choix de sa part. La déviation du chemin considéré comme correct par son entourage est une des motivations de Simone de Beauvoir. Plus globalement, nous pouvons y voir un appel à ne pas suivre la voie à laquelle on nous a destinée si elle ne nous convient pas.

Un autre élément essentiel quant à ce récit autobiographique : le titre de “mémoires” nous trompe car l’oeuvre est en réalité un moment de construction identitaire pour la jeune femme. Au moment de son adolescence, elle a commencé à chercher sa voie propre et c’est ce que reflète ce récit. Guidée par des proches comme sa camarade de classe Zaza, Simone devient Simone de Beauvoir en dépit de ce que l’on voulait pour elle.

C’est un message d’espoir et d’encouragement pour les lectrices. Elle leur donne l’exemple d’une femme qui est devenue ce qu’elle voulait devenir en se donnant les moyens de parvenir à ses fins. A elle à présent de se prendre en main, d’être responsables de leur propre existence et de ne plus se laisser dominer passivement par le sexe masculin si tel est leur désir.

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Les Mandarins (1954) – roman

Les Mandarins est un roman semi-autobiographique de Simone de Beauvoir, publié en 1954 et récompensé par le Prix Goncourt la même année. Il décrit la vie de l’intelligentsia française après la Seconde Guerre mondiale, en se concentrant sur un groupe d’écrivains et de penseurs engagés dans la politique et l’art.

Le titre du roman fait référence à la classe dirigeante chinoise, mais il est utilisé ici pour décrire les intellectuels français qui se considèrent comme les gardiens de la culture et de la morale française.

Le roman suit plusieurs personnages principaux, dont Anne Dubreuilh, une écrivaine engagée et passionnée, et son mari, le diplomate Robert Dubreuilh, qui est tiraillé entre son travail à l’ambassade française aux États-Unis et son amour pour sa femme. Le roman explore également les relations complexes et parfois tumultueuses entre les différents personnages, leurs amours, leurs amitiés et leurs rivalités.

En plus de décrire la vie de l’intelligentsia française, Les Mandarins est un roman engagé qui explore les questions politiques et sociales de l’époque. Simone de Beauvoir aborde des thèmes tels que la guerre d’Algérie, le communisme, l’existentialisme et le féminisme. Elle critique également le conformisme et le conservatisme de la société française, ainsi que la lâcheté de certains intellectuels qui refusent de s’engager dans la lutte politique.

Le roman est souvent considéré comme un témoignage important de la vie intellectuelle et politique de la France dans les années qui ont suivi la guerre. Il est également considéré comme l’un des romans les plus importants de Simone de Beauvoir, aux côtés de Le Deuxième Sexe et L’Invitée. Les Mandarins est un roman dense et complexe, qui nécessite une lecture attentive pour en saisir toute la richesse et la profondeur.

La Cérémonie des Adieux (1981) – récit autobiographique

La Cérémonie des Adieux est le dernier tome de l’autobiographie de Simone de Beauvoir, publié en 1981. Ce livre couvre la période de 1944 à 1952, qui a été une période charnière dans la vie de l’auteure et de nombreux autres intellectuels français.

Le livre commence avec la Libération de Paris en 1944, qui a marqué la fin de la Seconde Guerre mondiale et le début d’une nouvelle ère pour la France. Simone de Beauvoir décrit les espoirs et les attentes de l’époque, ainsi que les craintes et les divisions politiques qui ont rapidement surgi.

Le livre aborde également la relation de Simone de Beauvoir avec Jean-Paul Sartre, son compagnon et partenaire intellectuel. Elle décrit leur vie ensemble, leurs débats intellectuels et leur engagement politique commun, ainsi que leurs amours et leurs amitiés avec d’autres écrivains et penseurs.

Mais le livre est surtout connu pour sa description de la rupture entre Simone de Beauvoir et Sartre. Après des années de relation ouverte, Sartre annonce à Simone de Beauvoir qu’il souhaite épouser une jeune femme nommée Arlette Elkaïm. Cette rupture a été un choc pour Simone de Beauvoir et elle en parle avec franchise et émotion dans le livre.

La Cérémonie des Adieux est un livre intime et poignant qui révèle les pensées et les sentiments les plus profonds de Simone de Beauvoir. Elle y aborde des thèmes tels que l’amour, l’amitié, la politique, l’engagement, la vieillesse et la mort. Le livre est également un témoignage important sur la vie intellectuelle et politique de la France dans les années qui ont suivi la guerre, ainsi que sur l’histoire de la relation entre Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre.

Dans l’ensemble, La Cérémonie des Adieux est un livre émouvant et captivant, qui offre un aperçu fascinant de la vie d’une des plus grandes intellectuelles du 20e siècle.

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