Bac français 2025. L’année scolaire vient tout juste de débuter et si tu es en classe de première cette année, tu vas forcément rencontrer l’œuvre de Nathalie Sarraute, Pour un oui ou pour un non, que tu devras étudier pour les épreuves anticipées. Cet article qui prend la forme d’une fiche de révision te permettra de prendre connaissance des grands thèmes de cette œuvre et du parcours qui lui est associé.
Présentation de Pour un oui pour un non de Nathalie Sarraute
Tout d’abord, nous te conseillons de consulter la fiche officielle concernant cette œuvre disponible sur Eduscol.
Pour un oui ou pour un non est une pièce de théâtre de Nathalie Sarraute écrite en 1981. Celle-ci a pour particularité d’avoir été créée comme pièce radiophonique, avant d’être publiée en 1982 et représentée pour la première fois au théâtre en 1986. Il s’agit de la pièce la plus jouée de Nathalie Sarraute, avec plus de 600 représentations professionnelles depuis sa création.
Le synopsis de Pour un oui pour un non
Un homme sans nom (il est appelé « H. 1 ») rend visite à son ami (« H. 2 »). Il entreprend cette visite dans le but de comprendre pourquoi celui-ci l’ignore depuis quelque temps. Tout d’abord hésitant, H. 2, lui répond finalement qu’il prend ses distances en raison d’une remarque condescendante d’H. 1 : « C’est biiien, ça. »
C’est ainsi que la conversation se transforme en débat, jusqu’à ce qu’un conflit éclate, en se développant autour de l’interprétation de cette formule, mais aussi à propos du ton sur lequel elle a été prononcée et de ses connotations plus ou moins cachées.
Qui était Nathalie Sarraute ?
Le véritable nom de Nathalie Sarraute est Natalia Tcherniak. D’origine russe, elle est née en 1900 dans ce pays avant de le quitter après le divorce de ses parents lorsqu’elle n’a encore que deux ans. Sa mère l’emmène vivre en Suisse avant de s’installer à Paris, vite rejointe par son ex-mari. Avant de devenir avocate au barreau de Paris, elle fait des études dans plusieurs pays d’Europe. Tour à tour à Londres, à Berlin et à Paris, elle étudie l’histoire, l’anglais, la sociologie et enfin le droit.
Elle a trois enfants, nés de son union avec un avocat, Raymond Sarraute, dont elle divorce en 1941 après seize ans de vie commune. En raison des lois anti-juives de 1940, elle ne peut plus exercer son métier et est radiée du barreau de Paris. Elle décide par conséquent de se consacrer à l’écriture.
Elle bouleverse alors littéralement les codes d’écriture en vogue jusqu’alors. Elle est une des figures de proue du nouveau roman auquel nous avons consacré un article disponible ici. Alain Robbe-Grillet et Michel Butor sont également des auteurs incontournables de ce mouvement. Par ailleurs, Nathalie Sarraute est connue pour son essai intitulé L’Ère du soupçon qu’elle écrit en 1956. Il s’agit d’un texte qui rejette les codes romanesques en prônant une approche plus libérée de l’écriture, détachée des conventions classiques. Elle entend modifier à ce sens les enjeux de l’écriture.
Le résumé de Pour un oui pour un non
La pièce se lit et s’écoute, puisqu’elle est conçue pour être écoutée à la radio, comme une longue conversation. De cette façon, même s’il n’y a pas à proprement parler de découpage en actes et en scènes, on peut néanmoins discerner quatre moments distincts :
- Tout d’abord, l’exposition ; qui met en scène H2 venant rendre visite à H1 pour évoquer les tensions entre eux. Cette première partie explique la source du problème et présente la situation initiale. On assiste également à l’intervention des voisins après que H2 a demandé à ses voisins d’intervenir dans leur dispute, sans succès.
- Ensuite, le moment où la dispute reprend : c’est après le départ de H3 et F, que la dispute se poursuit et dévie sur d’autres éléments de leur vie.
- L’apogée du conflit : H1 souhaite rentrer, mais reste finalement chez H2, c’est alors le point d’acmé de la dispute des deux protagonistes.
- Finalement, le dénouement permet de comprendre que leur amitié est désormais terminée et que toute tentative destinée à recoller les morceaux de leur amitié brisée est vaine. Cet échange a donc détruit leur amitié au lieu de la reconstruire.
Les thèmes importants dans la pièce
Les thématiques abordées :
- Une réflexion sur le langage : le début de la pièce repose sur une phrase perçue comme condescendante par un des personnages. Dès lors, c’est donc bien le langage qui est au centre de la pièce. Le dialogue évolue en effet autour de cette question de la parole. Par exemple, les personnages se reprennent chacun à leur tour (« H2 : qu’est-ce qui te prend ? / H1 : « prend », est bien le mot »). Ils commentent également le choix des mots de l’autre, tout en tentant régulièrement de compléter la phrase de leur interlocuteur.
- Le non-dit ou le tropisme : dans les écrits de Nathalie Sarraute, la parole est très souvent en suspens. Cela est particulièrement visible par la multiplication des points de suspension dans la quasi-totalité des répliques. Elle emploie ainsi ce qu’elle appelle « tropisme », c’est-à-dire tous les non-dits, l’ensemble de ce qui se joue dans ce qui n’est pas prononcé. Ce qu’il faut comprendre par là est que le silence compte alors autant, si ce n’est plus, que les paroles prononcées. Le spectateur et le lecteur doivent alors apprendre à lire entre les lignes, et à interpréter les différents silences.
- L’incompréhension mutuelle : la succession d’événements du passé est rejouée par l’interaction entre les deux protagonistes. Ces récits, qui sont racontés à partir de deux points de vue distincts, sont alors analysés de part et d’autre. Ils permettent de montrer le décalage et le degré d’incompréhension entre H1 et H2. Les perceptions différant toujours, cela mène ici inévitablement au conflit lié aux non-dits.
Les liens avec le parcours
Cette pièce s’inscrit dans le parcours « théâtre et dispute ». La dispute est un motif central au théâtre, car c’est souvent de là que naît l’intrigue, notamment dans les tragédies. Si c’est le cas chez Sarraute, il n’y a pourtant pas de conflit hautement dramatique qui mènerait le spectateur à des frissons tragiques. La source de la dispute est la simple interprétation d’une expression pourtant commune : « C’est bien, ça ? ». Elle montre en ce sens qu’au-delà des cris et des mots employés, la violence d’une dispute peut être d’égale intensité par les silences et les non-dits, l’absence de dialogue et le refus de communiquer.
Le dialogue entre les deux amis se révèle finalement être un échec, car au lieu de mettre les choses à plat, d’apaiser les tensions, et de repartir à zéro, cet échange aggrave le conflit et obscurcit la perception que chacun a de l’autre, laissant la place à l’expression des drames qui se jouent en chaque individu.
Nos conseils en plus
Si tu ne disposes pas d’un exemplaire papier de cette œuvre, sache que celle-ci est disponible en version intégrale en format PDF.
Par ailleurs, une mise en scène de la Comédie française de cette pièce est prévue pour le 13 mars 2025 disponible ici puis sur leur chaîne Youtube, gratuitement.
En attendant, tu peux aussi visualiser la mise en scène pour la télévision de la pièce de Sarraute, réalisée par Jacques Doillon en 1990, avec André Dussollier et Jean-Louis Trintignant.
Dans cet entretien de Nathalie Sarraute à propos de la mise en scène de Pour un oui ou pour un non (1986), cette dernière s’exprime sur sa vision du théâtre, et sur la mise en scène, réalisée par Simone Benmussa, de sa pièce Pour un oui ou pour un non. Elle aborde la question de l’écriture – indiquant notamment qu’elle ne pense pas l’action scénique lorsqu’elle écrit – et évoque sa collaboration avec Simone Benmussa.
Enfin, tu peux écouter l’enregistrement radiophonique de la pièce sur France culture.
C’est la fin de cet article, résumant une des œuvres incontournables de Sarraute, au programme du bac de français 2025.