Eloge funèbre d'Emile Zola commentaire

Commentaire – Anatole France, Éloge funèbre d’Emile Zola

À lire dans cet article :

Voici le corrigé du commentaire d’un texte proposé aux annales du bac de français 2016, l’Éloge funèbre d’Emile Zola. Les annales portaient sur le genre de l’argumentation. Plusieurs éloges étaient proposés. D’ailleurs, pour consulter le sujet, c’est par ici. De plus, pour lire le corrigé de la question de corpus, c’est par .

Avant de commencer à rédiger le commentaire du texte d’Anatole France, l’Éloge funèbre d’Emile Zola, il est conseillé dans un premier temps de procéder à plusieurs lectures du texte pour bien en saisir le contenu. Dans cet article, nous te proposons un exemple de lecture analytique possible du texte d’Anatole France pour t’aider à rédiger ton commentaire composé.

L’éloge d’un écrivain envers un pair

Anatole France, auteur de l’éloge funèbre

Anatole France était un écrivain français du 19e et du début du 20e siècle, né à Paris le 16 avril 1844 et décédé à Saint-Cyr-sur-Loire le 12 octobre 1924. Il est considéré comme l’un des plus grands écrivains de son temps et a remporté le Prix Nobel de littérature en 1921.

Il est connu pour son style élégant et ironique, ainsi que pour sa critique sociale et politique. Il a abordé dans ses œuvres des thèmes tels que la religion, la justice, la morale et l’hypocrisie de la bourgeoisie. Parmi ses œuvres les plus célèbres, on peut citer “Le Crime de Sylvestre Bonnard” (1881), “Les Dieux ont soif” (1912) et “L’Île des Pingouins” (1908).

En plus de son travail d’écrivain, France était également engagé dans la vie politique et sociale de son temps. Il a été membre du Parti socialiste français et a soutenu des causes telles que l’abolition de la peine de mort et la réforme de l’éducation. Il a également été un critique féroce de l’Église catholique et de la monarchie.

Au-delà de son travail d’écrivain et de son engagement politique, Anatole France était également connu pour son humanisme et sa profonde empathie envers les opprimés et les démunis. Sa renommée internationale en tant qu’écrivain et penseur a contribué à faire de lui l’une des personnalités les plus respectées de son temps.

Emile Zola, sujet de l’éloge funèbre

Emile Zola était un écrivain français du 19e siècle, né à Paris le 2 avril 1840 et décédé à Paris le 29 septembre 1902. Il est considéré comme l’un des plus grands écrivains de son temps, et est connu pour son rôle de défenseur de la vérité et de la justice.

Zola est notamment célèbre pour son rôle dans l’affaire Dreyfus, un scandale qui a secoué la France à la fin du 19e siècle. En 1898, il publie dans le journal “L’Aurore” un article intitulé “J’accuse” dans lequel il dénonce l’injustice dont est victime le capitaine Dreyfus, un officier de l’armée française injustement condamné pour espionnage. Cet article a contribué à faire connaître l’affaire au grand public et à réveiller les consciences sur l’injustice et l’antisémitisme qui y étaient associés.

Zola est également connu pour sa contribution à la littérature française, notamment avec la publication de sa série de romans “Les Rougon-Macquart”, qui relate l’histoire de deux familles sur plusieurs générations et qui a été saluée pour son réalisme et son engagement social.

Au-delà de son œuvre littéraire, Zola était un homme engagé dans la vie politique et sociale de son temps, et a notamment été un défenseur de la cause ouvrière et des droits de l’homme.

Lecture analytique de l’Éloge funèbre d’Emile Zola par Anatole France

L’ouverture de l’éloge funèbre par Anatole France

Messieurs,

Rendant à Émile Zola au nom de ses amis les honneurs qui lui sont dus, je ferai taire ma douleur et la leur. Ce n’est pas par des plaintes et des lamentations qu’il convient de célébrer ceux qui laissent une grande mémoire, c’est par de mâles louanges et par la sincère image de leur œuvre et de leur vie.

  • Un discours qui s’adresse à un groupe de collègues, écrivains proches d’Emile Zola.
  • Il est éminemment personnel – la modélisation est ici très forte à cause de l’utilisation de la première personne du singulier (”ma douleur“, ”je“) et du présent de narration.
  • Deux genres argumentatifs s’opposent ici dès le premier paragraphe : le genre pathétique (plaintes et lamentations) et le genre élégiaque (louanges).
  • Dans ce discours s’opposent également la vie et la mort : les louanges et les plaintes sont réservés aux morts tandis qu’ici est célébrée l’image de la vie et de l’oeuvre de l’écrivain.

L’œuvre littéraire de Zola est immense. Vous venez d’entendre le président de la Société des gens de lettres en définir le caractère avec une admirable précision. Vous avez entendu le ministre de l’Instruction publique en développer éloquemment le sens intellectuel et moral. Permettez qu’à mon tour je la considère un moment devant vous.

  • Une fois de plus le discours est fortement modalisé par l’utilisation de la première personne et l’adresse directe aux locuteurs.
  • On apprend quels sont les discours prononcés avant le discours d’Anatole France – ce sont des personnages très importants de la vie politique et littéraire, venus rendre l’honneur à un grand écrivain.
  • Anatole France pose d’ores et déjà la thématique de son discours – il sera question de l’oeuvre de Zola. Plusieurs interprétations et louanges en sont possibles. L’homme de lettres (le présent de la Société des gens de lettres) décrit avec précision la portée technique et littéraire de l’oeuvre de Zola, l’homme politique (le ministre de l’Instruction publique) en décèle le caractère intellectuel et moral. Anatole France, en tant qu’ami et écrivain pourra porter son propre regard sur l’oeuvre de Zola.
  • La position du locuteur est donc très importante dans le discours.

Messieurs, lorsqu’on la voyait s’élever pierre par pierre, cette œuvre, on en mesurait la grandeur avec surprise.

  • Nouvelle adresse à l’auditoire.
  • Côté monumental de l’œuvre – Cette œuvre, le COD de la phrase est placé au milieu de la phrase. Cela permet de mettre ce nom encore plus en avant. Par ailleurs l’expression ”pierre par pierre” rappelle le coté monumental de l’œuvre, érigée comme une immense statue.
  • L’œuvre bâtie sous nos yeux – relevez ici le verbe du champ lexical de l’observation (”voyait“, ”mesurait“, ”grandeur “, ”surprise“) et l’utilisation du déterminant démonstratif ”cette“.

Des résonances quasi poétiques

On admirait, on s’étonnait, on louait, on blâmait. Louanges et blâmes étaient poussés avec une égale véhémence. On fit parfois au puissant écrivain je le sais par moi-même des reproches sincères, et pourtant injustes. Les invectives et les apologies s’entremêlaient. Et l’œuvre allait grandissant.

Ce passage a des résonances quasi poétiques.

  • Une description hyperbolique : accumulation de verbes d’émotion (admirer, s’étonner, louer, blâmer), utilisation de l’imparfait de description qui inscrit l’action dans la durée qui souligne la durée de l’action, utilisation d’adjectifs laudatif (puissant, sincère).
  • Un œuvre qui divise, l’importance de l’opposition dialectique : louange / blâme, louait / blâmait, invectives / apologies, sincère / injustes. C’est un écrivain qui divise tant son œuvre est complexe et transcendante.
  • Un discours toujours fortement moralisé : ”je le sais par moi-même“, utilisation presque pléonastique de la première personne ”je” puis ”moi-même“, utilisation du présent de l’énonciation dans un discours au passé.
  • Utilisation de la troisième personne impersonnelle ”on” qui donne au texte un aspect de vérité générale.
  • La syntaxe poétique : utilisation de la voix passive et de la personnalisation pour placer ”louanges et blâmes” et ”les invectives et les apologies” en tête de phrase. Utilisation de la conjonction de coordination ”et” en début de phrase à la fin du paragraphe qui confère un rend la répétition infinie.

Aujourd’hui qu’on en découvre dans son entier la forme colossale, on reconnaît aussi l’esprit dont elle est pleine. C’est un esprit de bonté. Zola était bon. Il avait la candeur et la simplicité des grandes âmes. Il était profondément moral. Il a peint le vice d’une main rude et vertueuse.

  • Un discours toujours moralisé : utilisation d’ ”aujourd’hui” qui ancre le discours dans la situation d’énonciation.
  • Caractère hyperbolique de l’œuvre de Zola : forme colossale, pleine, grandes âmes, profondément.
  • Champ lexical de la bonté : ”bon“, ”bonté“, ”candeur“, ”simplicité“, ”moral“, ”vertueuse“.
  • Utilisation du présent de vérité générale dans une phrase simple : ”C’est un esprit de bonté. Zola est bon“.

Son pessimisme apparent, une sombre humeur répandue sur plus d’une de ses pages cachent mal un optimisme réel, une foi obstinée au progrès de l’intelligence et de la justice.

  • Forme poétique : remarquez l’assonance en s ”son pessimisme“, ”sombre“.
  • Opposition entre pessimisme et optimisme et foi.
  • Retour des valeurs : intelligence, justice, qui font écho à la vertu et à la morale des phrases précédentes.

L’éloge funèbre d’un écrivain combattant

Dans ses romans, qui sont des études sociales, il poursuivit d’une haine vigoureuse une société oisive, frivole, une aristocratie basse et nuisible, il combattit le mal du temps : la puissance de l’argent. Démocrate, il ne flatta jamais le peuple et il s’efforça de lui montrer les servitudes de l’ignorance, les dangers de l’alcool qui le livre imbécile et sans défense à toutes les oppressions, à toutes les misères, à toutes les hontes. Il combattit le mal social partout où il le rencontra.

  • L’écrivain, un être de combat : champ lexical du combat (”poursuivit“, ” sans défense “, ” oppression “, ” combattit “.
  • Utilisation de la forme hyperbolique ” toutes les oppressions, toutes les misères, toutes les hontes “, partout, ” jamais “
  • Parallélismes de construction hyperboliques : ” il combattit le mal du temps. “, ” Il combattit le mal social partout “.
  • Utilisation d’accumulations hyperboliques : basse, nuisible, oisive, frivole …
  • Désignation de problèmes très concrets de la société : la puissance de l’argent, les dangers de l’alcool, les servitudes de l’ignorance, le mal social, aristocratie. C’est un discours ancré dans les problèmes politiques de son temps.
  • Qualification du naturalisme : ” des études sociales “.

Telles furent ses haines. Dans ses derniers livres, il montra tout entier son amour fervent de l’humanité. Il s’efforça de deviner et de prévoir une société meilleure. […]

  • Opposition une fois de plus entre l’amour et la haine. Le combat haineux est mené au nom de l’amour du peuple, de l’humanité.
  • Suivi d’un ordre chronologie de l’œuvre : ” dans ses derniers livres “.
  • Deviner : le rôle du poète est de s’élever au-dessus des hommes pour les mener vers de lendemains meilleurs (le rôle prophétique)
  • Prévoir : le rôle du romancier, comme écrivain social, qui dénonce les défauts de la société actuelle pour construire une meilleure société demain.
  • Le choix du verbe ”s’efforcer” montre le défi que cette dualité représente pour l’écrivain.

La construction de ton commentaire

  • Commence par procéder à une première lecture l’Éloge funèbre d’Emile Zola. Normalement, si tu as déjà traité la question de corpus, cette étape doit être rapide.
  • Numérote bien les lignes : cela te fera gagner beaucoup de temps lors de ton relevé.
  • Reprends le texte ligne d’Emile Zola ligne par ligne ou paragraphe par paraphe et note les différentes idées d’analyse qui te viennent à l’esprit. Cette étape est très importante. Au lieu de lire le texte avec un plan et une problématique déjà à l’esprit, déduits d’une seule lecture du texte et potentiellement erronés, tu te concentreras vraiment sur ce que l’écrivain essaye de te dire.

Ce qu’il faut déduire de ta lecture analytique

Même si le travail préparatoire le plus important a été fait, le moment décisif c’est maintenant. En effet, tu as analysé le texte ligne par ligne. Tu vois comment commenter l’Éloge funèbre d’Emile Zola. Maintenant, il faut établir une problématique et un plan. Attention, il n’y a pas un seul plan, ni une seule problématique. De plus, veille simplement à avoir des parties équilibrées, de préférence trois parties, avec une introduction et une conclusion rédigées en avance, et trois exemples (du texte) pour chaque partie. C’est à toi de jouer maintenant pour trouver la problématique la plus pertinente, celle qui te permettra de dégager trois grands axes de commentaire.

Pour commenter n’importe quel texte littéraire, pense à une règle très simple.

  1. La première partie de tout commentaire est toujours banale, c’est de la récitation de cours. Tu as devant toi un éloge, l’Eloge funèbre d’Emile Zola. Parle-en dans ta première partie ! Montre bien tout simplement qu’il s’agit d’un éloge, d’un discours prononcé devant un auditoire par un écrivain contemporain qui a un statut particulier au sein de la société. Montre que le texte est écrit à la première personne, au présent de l’énonciation, qu’il s’adresse à un auditoire précis. D’ailleurs,  ces choses évidentes, simples, qui ont tout à fait leur place dans une première partie.
  2. La deuxième partie de tout commentaire littéraire creuse toujours un peu plus les idées de la première partie tout en restant aussi très simple. Ici Anatole France fait l’éloge d’Emile Zola. La deuxième partie pouvait tout naturellement porter sur la manière dont Emile Zola est décrit et présenté dans le texte. L’occasion ici de parler du langage poétique (tout en faisant ainsi un lien avec la première partie – parce que l’énonciateur est un poète, le texte est poétique), mais aussi de ses caractéristiques morales (de relever avec précision les divers champs lexicaux) et enfin de son œuvre monumentale.
  3. La troisième partie va toujours plus loin. L’objectif ici est d’être plus créatif, plus engagé, plus inventif. Mais attention, ne fais surtout pas un hors sujet. Parle par exemple de l’opposition du passé et du présent qui règne dans ce texte, de la division de la société profonde qui est décrite ici et de l’impact de l’œuvre naturaliste sur ces contemporains dans un contexte toujours agité. Le but est de prendre un peu de distance par rapport au texte. Tel un grand écrivain, prend du recul et révèle à l’examinateur la vérité profonde du texte. Attention cependant aux envolées lyriques, reste bien dans les clous, c’est un examen, le but est avant tout de répondre aux attentes du correcteur.

Quelques conseils pour ton commentaire

C’est un examen ! Pense à ton correcteur, une grille sous la main, qui regarde avant tout que tu coches bien toutes les cases. L’Éloge funèbre d’Emile Zola n’est pas une exception.

  • Toujours avoir une introduction claire, écrite à l’avance
  • Il faut avoir une conclusion claire, écrite à l’avance
  • Sauter une ligne entre chaque partie
  • Il faut toujours respecter l’alinéa
  • Toujours citer le texte entre les guillemets
  • Il est préférable de préciser la ligne entre parenthèses
  • Toujours souligner le nom de l’œuvre
  • Il est primordial d’être précis dans les relevés : on recopie bien le texte, on précise bien ce qu’on relève. Par exemple, un correcteur n’en aura rien à faire que tu relève dans le texte une longue phrase pour justifier qu’Emile Zola est un écrivain combattif. Non. Relève les différents mots appartenant au champ lexical du combat, écris noir sur blanc, Anatole France utilise des verbes appartenant au champ lexical du combat (donnez le relevé avec les lignes entre parenthèses), il démontre ainsi le zèle et le naturel combatif de l’écrivain.
  • Ne jamais citer en vain – toujours citer pour démontrer quelque chose. Appuyer chaque citation par une idée, et accompagner chaque idée d’une citation.
  • Relis-toi !
  • N’invente rien, n’essaye pas de faire des liens avec des textes qui n’ont rien à avoir, le devoir doit être soigné, précis et bien rédigé. Si c’est ce que tu fais, tu auras une excellente note. En effet, tu pourras toujours briller plus tard dans les études supérieures, où ton objectif sera de te démarquer des autres candidat(e)s, d’être meilleur que les autres, ici il faut simplement montrer que tu sais ce qui est attendu de toi et que tu coches toutes les cases.

N’hésite pas à consulter d’autres corrigés de commentaires de textes, notamment le commentaire rédigé du Lac de Lamartine pour prolonger tes réflexions.

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