Souvent caricaturé comme un défenseur du plaisir sans limites, Épicure (341-270 av. J.-C.) est en réalité un philosophe de la mesure et de la sérénité. Son enseignement vise un but clair : atteindre le bonheur, ou ce qu’il appelle l’ataraxie, une tranquillité de l’âme fondée sur la suppression des peurs et des désirs inutiles.
Comment Épicure conçoit-il le bonheur ? En quoi sa philosophie du plaisir (hédonisme) est-elle en réalité une éthique de la simplicité et de la sagesse ?
La recherche du bonheur : le but de la philosophie
Pour Épicure, la philosophie n’est pas une spéculation abstraite, mais un art de vivre. Elle doit nous aider à répondre à la question : comment être heureux ?
Atteindre l’ataraxie
- Le bonheur réside dans l’absence de troubles : ni souffrance du corps (aponie), ni angoisse de l’esprit (ataraxie).
- Pour cela, il faut distinguer les désirs utiles des désirs vains et apprendre à se contenter de ce qui est nécessaire.
Le plaisir, mais pas n’importe lequel
Contrairement à l’image d’un épicurisme « gourmand », Épicure ne recommande pas l’excès.
- Le plaisir véritable est un plaisir stable et durable, qui naît de l’absence de douleur et de la satisfaction des besoins essentiels.
- Un repas simple, un moment d’amitié ou la contemplation de la nature peuvent procurer plus de bonheur qu’une accumulation de richesses.
Pour aller plus loin, nous te conseillons de jeter un œil à cette vidéo YouTube de Vincent K. Joly sur la philosophie d’Épicure.
La classification des désirs selon Épicure
Épicure propose une hiérarchie des désirs pour nous aider à trouver la juste mesure :
- Les désirs naturels et nécessaires (manger, boire, se protéger). Ils sont faciles à satisfaire et essentiels au bonheur.
- Les désirs naturels mais non nécessaires (manger des mets raffinés, se luxer dans le confort). Ils procurent du plaisir mais ne sont pas indispensables.
- Les désirs vains (richesse, gloire, pouvoir), sans limite et sources d’angoisse.
Apprendre à éliminer les désirs vains est la clé pour atteindre la liberté intérieure.
La suppression des peurs chez Épicure
Pour atteindre la sérénité, Épicure propose de se libérer de deux grandes peurs :
👉🏻 La peur des dieux
- Selon Épicure, les dieux existent peut-être, mais ils vivent dans un état de béatitude éternelle, indifférents aux affaires humaines.
- Il n’y a donc aucune raison de les craindre, ni d’imaginer des châtiments divins.
👉🏻 La peur de la mort
- « La mort n’est rien pour nous », écrit Épicure.
- Tant que nous sommes vivants, la mort n’est pas là. Et lorsqu’elle est là, nous ne sommes plus.
- Se libérer de la peur de la mort, c’est vivre pleinement le présent sans anxiété.
La sagesse épicurienne : vivre simplement et avec des amis
Épicure valorise des plaisirs simples et accessibles. Il recommande une vie sobre, modérée et en accord avec la nature, loin des ambitions excessives.
Le rôle de l’amitié
- Pour Épicure, l’amitié est l’un des plus grands biens.
- Elle apporte soutien, sécurité, joie et fait partie des plaisirs les plus purs.
👉🏻 Exemple concret
Épicure vivait dans un jardin avec ses disciples, partageant des repas simples, des discussions philosophiques et un idéal de vie tranquille et heureuse.
L’épicurisme face aux idées reçues
Contrairement à l’hédonisme « vulgaire » qu’on lui attribue souvent, Épicure défend :
- Un plaisir raisonné, non pas une quête effrénée des sensations.
- Une philosophie proche du minimalisme actuel : savoir se contenter de peu pour être heureux.
Par exemple, dans une société de consommation où l’on cherche toujours plus (objets, pouvoir, réseaux sociaux), l’épicurisme nous invite à revenir à l’essentiel.
Conclusion : le bonheur par la liberté intérieure chez Épicure
La philosophie d’Épicure nous enseigne que le bonheur n’est pas dans l’accumulation de biens ou de sensations fortes, mais dans la liberté vis-à-vis des désirs et des peurs.
En cultivant l’amitié, la sobriété et la connaissance de soi, chacun peut atteindre l’ataraxie, un état de paix intérieure qui rend la vie pleinement heureuse.
Aujourd’hui encore, l’épicurisme est une invitation à ralentir, à apprécier l’instant présent et à vivre simplement.
