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Charlotte Perriand : une artiste de son temps

À lire dans cet article :

Voici une fiche qui récapitule tout ce qu’il faut savoir sur Charlotte Perriand, au programme cette année pour la spécialité Arts au bac.

 

Charlotte Perriand, une artiste hors de commun

Née le 24 octobre 1903 et morte le 27 octobre 1999, Charlotte Perriand est une artiste française qui a marqué le XX° siècle par sa vision de l’architecture et du design centrée sur l’homme. Son oeuvre et sa démarche témoignent également de la forte influence qu’a eu le Bauhaus en France et dans toute l’Europe à partir des années 1920. Elle a changé son époque – tant par sa vision féministe, ses productions plastiques que par ses engagements politiques en suivant son moto : “il faut vivre et il faut penser intensément notre époque, la construire et ne pas avoir peur et nous ne serons jamais, mais jamais trop en avance.”

Diplômée en 1925 de l’Union Centrale des Arts Décoratifs, qui est aujourd’hui le musée des Arts Décoratifs de Paris, elle a travaillé, dans la continuité de l’idéologie de l’école allemande fondée par Walter Gropius en 1919 – le Bauhaus – à allier l’art et la vie, et ainsi rendre accessible la modernité au plus grand nombre. L’influence du machinisme de cette modernité est omniprésente tant dans ses objets que ses architectures. On la retrouve notamment dans le choix des matériaux bruts tels que le verre, le métal ou le bois. Sa collaboration de près de 10 ans avec Le Corbusier (1887-1965) et son cousin Pierre Jeanneret (1896-1967), puis son exploration du Moyen-Orient à partir des années 1940 avec son coup de foudre pour le Japon, enrichissent ses réflexions qui mettent l’homme au coeur de ses réalisations. Pour elle, “le sujet ce n’est pas le bâtiment, c’est l’homme qui est dedans.” Son parcours est celui d’un créatrice libre qui entre en résonance avec les réflexions contemporaines autour de la position de la femme dans la société.

 

La chaise longue basculante, Charlotte Perriand

La chaise longue basculante, Charlotte Perriand
La chaise longue basculante, Charlotte Perriand

Imprégnée de la culture des matériaux industriels tels que le métal chromé et de la recherche des formes simples dont la chaise Wassily (1925-1926) de Marcel Breuer (1902-1981) est le parfait example, croyant aux bienfaits du machinisme, Charlotte Perriand n’a de cesse de produire des objets qui facilitent la vie des gens.

Son Fauteuil pivotant (1927), qui permet de se retourner pour discuter avec son voisin sans avoir à se tordre le cou, pose les premiers pas de sa chaise longue basculante. En 1927, la jeune designer rejoint l’atelier de Pierre Jeanneret et de Le Corbusier. C’est ce dernier qui lui demande d’étudier neuf assises, dont deux pour se reposer totalement, l’une pour les hommes et l’autre pour les femmes. Des recherches qui vont aboutir à une seule forme pour tous, grâce à ses bienfaits pour la circulation sanguine dans les jambes.

Au-delà de la recherche d’équilibre entre esthétique et fonctionnalité, la Chaise longue basculante (1928) signe aussi l’engagement subtil et fort de Charlotte Perriand quand à la libération de la femme. En 1937, elle en réalisera une nouvelle version avec les matériaux naturels que sont le bois et la paille. Enfin, suite à son séjour au Japon, c’est une version avec bambou qui verra le jour.

 

La bibliothèque Tunisie, Charlotte Perriand

La bibliothèque Tunisie, Charlotte Perriand
La bibliothèque Tunisie, Charlotte Perriand

Conçue en 1952, la bibliothèque Tunisie est destinée aux chambres des étudiants tunisiens de la Cité Universitaire de Paris. Ce sont d’abord quarante exemplaires qui sont livrés à la Maison de la Tunisie avant la production en série de cette icône du Design par les éditions Steph Simon, sous le nom de Bibliothèque Ateliers Jean Prouvé.

A ce moment là, et jusqu’en 1960, Charlotte Perriand assure avec Jean Prouvé (1915-2012) la direction de la galerie Steph Simon. La disposition des plots d’aluminium colorés fait écho au tableau Composition en rouge, jaune, bleu et noir (1921) de Piet Mondrian (1872-1964) où les formes rectangulaires rouge, bleu, jaune se répondent. On retrouve dans les deux oeuvres une composition qui joue sur le mouvement, et donne une impression d’effervescence et de dynamisme qui correspond à l’idée de modernité défendue par les mouvements d’avant-garde de l’époque, tels que le Bauhaus.

Défini par la vitesse, le XX° siècle ne peut-être qu’un monde en action où rien n’est figé. La bibliothèque suit ce principe grâce au principe de portes coulissantes. Un rythme qui est associé à la culture du jazz, et la bibliothèque elle-même n’est pas sans rappeler les lignes et les notes d’une partition de musique.

 

La station de ski des Arcs, Charlotte Perriand

La station de ski des Arcs, Charlotte Perriand
La station de ski des Arcs, Charlotte Perriand

A la fin des années 1960, les sports d’hiver se démocratisent, et les projets de création de station de ski se multiplient. C’est au coeur de la vallée de la Tarentaise, en Savoie, que Charlotte Perriand va imaginer une station de sports d’hiver intégrée. Alors que l’écologie n’est pas encore à l’ordre du jour, l’artiste conçoit une architecture qui s’intègre avec douceur dans le paysage. Une approche qui n’est pas sans rappeler celle de l’architecte finlandais Alvar Aalto (1898-1876) qui commençait toujours ses projets par une étude topographique du lieu.

Entre 1967 et 1989, elle pense un lieu dans lequel elle ne dissocie pas l’architecture de l’équipement intérieur, dans la poursuite des réflexions entamées lors de son travail avec Le Corbusier. Sa collaboration lors de la construction de la Cité radieuse (1947-1952) à Marseille a laissé ses marques, et les proportions des habitats de la station de ski seront elles aussi pensées par rapport au corps humain.

Elle veut concevoir un nouvel art de vivre qui se traduit par un dépouillement de l’habitat domestique. Elle invente “un équipement créant le vide“, pour créer les conditions de l’équilibre humain et la libération de l’esprit”, comme elle l’affirme. Tout est pensé en fonction des usages comme en témoignent la cuisine ouverte, la banquette le long de la fenêtre ou le crépi blanc pour améliorer le confort acoustique. Son projet pour la station de ski des Arcs s’inscrit également dans son amour de la montagne : “J’aime la montagne profondément. Je l’aime parce qu’elle m’est nécessaire. Elle a été de tout temps le baromètre de mon équilibre physique et moral. Pourquoi ? Parce que la montagne offre à l’homme la possibilité de dépassement dont il a besoin.”

 

Forte de sa curiosité et de sa créativité, Charlotte Perriand est imprégnée des problématiques qui ont animé le XX° siècle. Les engagements plastiques et politiques du Bauhaus se retrouvent dans toute son oeuvre. Une influence qui a marqué tous les artistes de l’époque et qui ne cesse de s’immiscer dans la création encore aujourd’hui. En effet, cette recherche de réconciliation entre l’art et la vie, d’équilibre entre esthétique et fonctionnalisme, n’est qu’un idéal de société dans laquelle les choses sont pensées avant tout pour les hommes et les femmes, pour leur bien-être. L’exposition à la Fondation Louis Vuitton, qui s’est terminée le 24 février 2020, a été l’occasion de se promener parmi les différents intérieurs qu’elle a pu concevoir et d’en expérimenter le confort.

N’hésitez pas à consulter nos autres fiches sur l’Histoire de l’Art – notamment la fiche sur la représentation.

 

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