Mercredi 11 mai 2022 a marqué pour plus de 500 000 élèves de terminale le début des épreuves de spécialité du baccalauréat 2022. Lors de cette session, vous avez été très nombreux à composer en SES. Nous partageons donc avec toi une proposition de corrigé pour cette épreuve de spécialité.
Comment se passe l’épreuve de spécialité SES ?
L’épreuve de spécialité SES dure 4 heures, pendant lesquelles nous te conseillons de bien gérer ton chrono, si tu ne veux pas être débordé(e) une fois le temps écoulé.
Pendant ces 4 heures, tu devras plancher sur un sujet au choix parmi :
- Une dissertation (notée sur 20 points) ;
- Une épreuve composée de trois parties distinctes (notée sur 20 points).
Le sujet de l’épreuve de spécialité SES du du bac 2022
Les corrigés des sujets de SES du bac 2022
Corrigé du sujet 1 de dissertation de SES du bac 2022
Sujet de dissertation de SES 1 : L’accumulation des facteurs de production est-elle la seule source de croissance économique ?
Wallerstein écrivait “Certes le capitalisme est le système qui a su produire, de façon extraordinaire et remarquable, le plus de bien et de richesses. Mais il faut aussi regarder la somme des pertes – pour l’environnement, pour les sociétés – qu’il a engendrées ». La simple accumulation des facteurs de production, qui a permis une progression de la production n’aurait donc pas que des effets positifs sur la croissance économique.
L’accumulation des facteurs de production regroupe les moyens de production qui contribuent à la production nationale : le travail, le capital et parfois la terre. On pourrait donc en premier lieu penser que leur accumulation peut conduire à stimuler la croissance économique qui correspond à l’augmentation de la production de biens et de services d’un ensemble économique sur une période donnée. Néanmoins, force est de constater qu’il existe d’autres facteurs qui peuvent également contribuer à la croissance économique. Tout d’abord, l’accumulation n’est pas le seul moyen de stimuler cette croissance qui peut également passer par une amélioration par le biais du progrès technique et de l’innovation. De plus, l’accumulation des facteurs de production peut même nuire à terme à la croissance économique comme nous pouvons le constater avec les contraintes environnementales qui pèsent sur un tel système productif.
Ainsi nous pourrons nous demander dans quelle mesure l’accumulation des facteurs de production est-elle la seule source de croissance économique ?
Dans un premier temps nous verrons comment cette accumulation peut participer à stimuler la croissance économique puis nous contrasterons ce constat en évoquant les limites d’un tel système productif et les autres sources potentielles de croissance économique.
1. La croissance économique peut s’expliquer par l’augmentation des facteurs de production
A. Le facteur travail est une source essentielle de la croissance économique
Pour expliquer la croissance économique, les auteurs classiques utilisent une fonction de production qui dépend en partie du facteur travail. Le document 2 permet de mettre en avant cette contribution plus ou moins importante en fonction des pays étudiés. En effet, d’après l’étude de l’OCDE publiée en 2021, le facteur travail permet par exemple d’expliquer près de la moitié (0,7 sur 1,5%) du taux de croissance français en 2019, indicateur de référence pour la croissance économique et même 1,1 sur 1,6% de croissance aux États-Unis en 2011. Son rôle est donc essentiel et s’explique par la nécessité pour les entreprises d’avoir de la main d’œuvre et de la matière grise pour produire des biens et services.
De plus, nous pouvons voir dans le document 1 qui représente les personnes en emploi en France que sur la période 2007-2009 marquée par la crise financière des subprimes, ce niveau décroit parallèlement à la chute de la croissance induite par la crise. Il existe donc une corrélation nette entre l’augmentation du facteur travail et la croissance économique comme le prévoyait déjà Jean Bodin qui écrivait « Il n’y a ni force ni de richesses que d’hommes ».
B. Le facteur capital permet également de stimuler la croissance économique
La fonction de production précédemment citée prend également en compte, en plus du facteur travail, le facteur capital qui correspond aux machines, aux outils et aux matériaux utilisés et non détruits au fil des cycles productifs. Sa contribution est elle aussi essentielle car elle permet aux entreprises et aux salariés de produire plus efficacement plus de biens et de services, ce qui accélère la croissance économique d’un pays. Le document 2 insiste cette fois encore sur cette importance. Ainsi en Corée du Sud le facteur capital a-t-il contribué à hauteur de la moitié de la croissance économique en 2015 (1,4 sur 2,8%) par exemple.
Ce lien explique pourquoi les entreprises et les États investissent massivement dans le facteur capital afin de stimuler la croissance économique grâce à des machines plus performantes et innovantes. Cet investissement correspond d’après l’INSEE (2019) à environ un quart de la valeur ajoutée pour les entreprises non financières entre 2000 et 2017. Le document 3 permet de constater cette importance dans les pays de la zone euro.
En particulier, l’augmentation du facteur capital permet également des gains de productivité qui participent pleinement à la croissance économique en permettant de renouveler le capital en place pour des machines plus innovantes et plus efficaces.
Néanmoins, le document 2 montre bien que l’augmentation des facteurs de production n’est pas la seule source de croissance économique et que d’autres sources permettent de l’expliquer également.
2. Mais elle peut aussi lui nuire et n’est pas la seule source de croissance économique qui peut également s’expliquer par d’autres facteurs
A. L’augmentation des facteurs de production peut nuire à la croissance économique
L’augmentation des facteurs de production, en particulier celle du facteur capital peut nuire à la croissance économique. L’investissement matériel qui consiste en l’achat de biens de production que ce soit dans le cadre d’un renouvellement de l’appareil productif, d’une augmentation du nombre de machines ou d’une modernisation de ces dernières peut en effet nuire au capital travail en remplaçant le capital travail. Les machines devenant de plus en plus performantes, elles peuvent de plus en plus remplacer l’humain dans ses tâches et provoquer comme l’a montré Alfred Sauvy une destruction des emplois, une hausse du chômage et donc un ralentissement de la croissance économique.
De plus, comme l’a mis en avant le rapport Meadows, l’accroissement du facteur capital peut nuire à l’environnement en provoquant une augmentation de la pollution ainsi que la destruction des ressources naturelles. À terme, cette tendance pourrait sonner le glas de la croissance économique en rendant impossible l’augmentation des facteurs de production et même la production elle-même dans un état dit stationnaire.
B. Elle ne permet pas de surcroit à expliquer l’ensemble de la croissance économique qui dépend également d’autres facteurs
Même si la croissance économique apparaît comme un phénomène essentiellement quantitatif, il s’agit de repenser notre modèle de constante augmentation à la faveur d’une meilleure qualité de la production. D’une part, l’accroissement des facteurs de production ne suffit pas à expliquer à elle seule la croissance économique qui dépend également d’autres facteurs comme la productivité globale des facteurs. Le document 2 montre à cet égard que la PGF qui peut être définie par la part de la croissance économique non expliquée par la simple augmentation du facteur capital et travail mais au contraire par l’efficacité de sa combinaison et donc du progrès-technique, participe-t-elle aussi grandement à la croissance économique. En 2010 par exemple, trois quarts de la croissance économique sud-coréenne s’expliquait par la productivité globale des facteurs soit 8 fois plus que le facteur travail et plus de 3 fois plus que celle du capital. Cette productivité globale des facteurs entraînent un processus de croissance endogène auto-alimentée. C’est même ce qui permet d’éviter l’essoufflement de la croissance économique dans le cadre du modèle de Solow par le progrès-technique.
Il faut ainsi miser sur l’amélioration de la qualité des facteurs de production plus que dans leur simple augmentation afin de stimuler la croissance économique. En particulier, la France investit massivement dans l’éducation comme le montre le document 4 issu du ministère de l’Éducation nationale de la jeunesse et des sports.
Afin de garantir cette croissance, l’État doit par ailleurs agir autrement que par l’augmentation des facteurs de production en garantissant notamment des institutions solides et crédibles, des infrastructures permettant le bon déroulement de la production ainsi qu’un système de droit de propriété efficace garantissant aux entrepreneurs un cadre institutionnel pérenne.
Pour conclure, l’augmentation des facteurs de production est une source essentielle de la croissance économique. Les facteurs travail et capital participent à la croissance, mais pas seulement d’un point de vue quantitatif. Nous avons en effet pu voir que leur seul accroissement n’était pas suffisant et qu’il pouvait même nuire à la croissance économique. Il s’agit ainsi de favoriser leur combinaison productive grâce à la productivité globale des facteurs et l’investissement dans la recherche et développement ou encore dans le capital humain. Enfin, cette augmentation n’est pas la source unique de la croissance économique qui dépend également du cadre institutionnel, des infrastructures ou encore de facteurs géographiques et démographiques.
Il faut donc sortir du dictat de la croissance économique entendu comme un processus purement quantitatif pour favoriser une croissance plus inclusive et soutenable.
Lire aussi : SES : tout savoir sur le programme du bac 2022
Corrigés des sujets d’épreuves composées de SES du bac 2022
Épreuve composée – Sujet A
Première partie
Vous montrerez comment les dotations factorielles peuvent expliquer la spécialisation internationale.
En 1953, Wassili LEONTIEF affirmait en analysant les composantes des exportations américaines que le pays exportait davantage de biens intensifs en travail qu’en capital ; alors même que les facteurs de productions des États-Unis étaient davantage capitalistiques. Ce paradoxe pourrait venir remettre en cause que les dotations factorielles expliquent la spécialisation internationale. Mais l’on a résolu ce paradoxe quelques années plus tard en montrant que le capital exporté était un capital humain, et donc comprit dans la dotation factorielle « travail ». Le paradoxe n’en était plus un.
Une dotation factorielle quantifie l’importance relative des différents facteurs de production (capital, travail) dans un pays. Ainsi, certains pays sont davantage dotés en capital ou en travail. La spécialisation internationale est définie par la concentration de la production dans des branches d’activités ou des produits particuliers d’un pays.
Comme l’a souligné le paradoxe énoncé, on pourrait être tenté de trouver davantage
d’explications à la spécialisation internationale. Pourtant, les premières théories économiques se concentrent sensiblement sur ces critères.
Ainsi en quoi les dotations factorielles et les structures des économies sont-elles des explications de premier choix de la spécialisation internationale ?
L’analyse économique classique du commerce international, représentée en premier lieu par Adam SMITH (Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations 1976) explique la spécialisation de deux pays en fonction de leurs avantages absolus. Il s’agit pour un pays de produire le bien pour lequel sa production par unité de facteur est supérieure à l’autre pays. La théorie se base sur le principe 2-2: deux pays, deux biens ; chacun prend en charge une seule production et abandonne l’autre : l’échange se fera ensuite entre les deux pays. Cette théorie qui remonte à près de 3 siècles explique en partie la spécialisation internationale qui s’est faite par la suite, mais elle a été complétée par David RICARDO près d’un demi-siècle plus tard dans ses Principes de l’économie politique et des impôts en 1817. Celui-ci explique que l’avantage absolu n’est pas nécessairement à atteindre, mais qu’il suffit d’un avantage comparatif : pour un pays, l’échange est toujours favorable ; qu’il possède ou non un avantage absolu sur l’autre. Si l’on prend l’exemple de la production de drap et de vin pour l’Angleterre et le Portugal, l’Angleterre devrait davantage produire du drap tout en abandonnant sa production de vin ; pour la laisser au Portugal qui abandonnerait quant à lui sa production de drap. D’un point de vue empirique, on remarque que l’ouverture du Japon au XIXème siècle valide tout à fait cette loi ricardienne, et des gains de revenus allant de 8 à 9% du PIB. Finalement, ces théories ont été complétées par le théorème dit HOS que l’on doit à HECKSHER, OHLIN et SAMUELSON. Celui-ci édicte que chaque pays se spécialise dans la production du bien pour lequel son facteur de production est le plus abondant relativement, et qu’à l’ouverture à l’échange international, l’un des facteurs verra sa rémunération augmenter et l’autre baisser. Ainsi la spécialisation s’entérine au fur et à mesure, en privilégiant un facteur de production plutôt que l’autre : on peut illustrer cela notamment par le paysage géo- économique actuel. Les pays en développement (PED) ont davantage exporté des biens à faible teneur capitalistique, et inversement pour les pays à économie de marché (PDEM). Ainsi le capital est bien plus rémunéré dans nos PDEM et l’intensité capitalistique des PED reste encore à démontrer.
Mais les nouvelles théories du commerce international, plus récentes, mettent le doigt sur d’autres dimensions de l’échange international tout en s’appuyant sur les dotations factorielles des pays. Ainsi Raymond VERNON remarque en 1966 que la production des biens des pays se calque sur un « cycle de vie » : les productions suivent une évolution en plusieurs étapes qui passent de la naissance à la sénescence. Ici on souligne l’importance de la technologie dans les déterminants de l’échange international. Or la productivité du capital est aujourd’hui conditionnée à la celle-ci. Ainsi un pays qui aurait une dotation factorielle intense en capital technologique exporterait davantage, et en premier, les biens qui nécessitent un tel facteur. Les dotations factorielles ne sont plus uniquement celles liées au travail et au capital, mais elles sont plus exactes : travail qualifié VS non qualifié ; capital technologique VS capital vieillissant… Et l’on remarque ces différences dans les structures mêmes des économies, et donc dans leurs exportations et leur spécialisation internationale. Par exemple, une étude comparant la productivité chinoise et allemande en 1995 montre que la productivité relative du secteur de l’habillement chinois est de 800% par rapport à l’économie allemande, mais seulement de 70% en moyenne sur tous les autres secteurs industriels. Une spécialisation s’explique aussi par la dotation factorielle spécifique des pays. Dans cette nouvelle théorie du commerce international on retrouve aussi J. VANEK qui explique dans son modèle HOV (1968) que ce processus est un moyen pour les pays d’échanger des contenus en facteurs de production. Donc un pays qui serait relativement abondant en un facteur de production devrait en être un exportateur mondial, donc expliquerait sa spécialisation. On remarque à cet égard l’évolution de la structure des échanges de la Corée des années 1960 aux années 1980, qui valide totalement cette théorie : la Corée a connu une amélioration de ses dotations factorielles au fur et à mesure des années, corrélée avec sa spécialisation au sein du commerce international.
Ainsi, les différentes théories du commerce international se penchent principalement sur les dotations factorielles pour expliquer la spécialisation au sein du schéma mondial des échanges internationaux. On peut cependant élargir cette analyse en soulignant le « Poids de l’histoire » dont parle Paul KRUGMAN. Selon lui, l’actuelle toile des échanges internationaux serait certes expliquée par les différents avantages liés aux dotations factorielles, mais ces avantages seraient aussi corrélés aux différents passés historiques des pays : colonialisme, facilité géographie, guerre, ouverture aux échanges forcée… Renforçant d’autant plus les différentes dotations factorielles des pays.
Deuxième partie
À l’aide des données du document, montrez que la redistribution améliore la
situation économique des plus pauvres.
Les prélèvements du 1er décile s’élèvent à près de 6% des revenus avant redistribution, et ceux du 9ème décile correspondent à près de 25% de leurs revenus.
La redistribution correspond au fait de prélever une partie des revenus (via impôts et taxes) à certains ménages afin de les transférer à d’autres ménages. On remarque qu’après redistribution, les prestations sociales dont bénéficient les ménages les plus pauvres (1er décile) sont largement supérieures aux revenus dont ils ont été prélevés. Tout ceci est permis grâce aux prélèvements opérés auprès des ménages les plus aisés, qui voient le montant de leurs prestations sociales bien inférieur à celui qui leur a été prélevé en premier lieu.
Ainsi, les ménages les plus pauvres bénéficient-ils d’un revenu plus élevé à la suite de la redistribution, alors que les ménages les plus aisés voient leur revenu diminuer.
De plus, cette redistribution faite via des politiques sociales liées à la famille, au logement, au travail (prime d’activité) etc. encourage les ménages les moins aisés à être davantage autonomes dans leur choix. La politique de logement par exemple, va davantage permettre aux ménages de pouvoir choisir leur lieu d’habitation, améliorant leur situation de facto (être plus proche du travail, de l’école des enfants etc). La prime d’activité encourage quant à elle l’activité des plus jeunes, en donnant une prime aux 18-25 ans qui travaillent. La redistribution permet réellement une autonomie plus grande des ménages les moins aisés, améliorant leur situation.
Les niveaux de vie post redistribution sont sans appel : les ménages du 1er décile ont gagné 212,9% de pouvoir d’achat, et les ménages du 9ème décile ont perdu 25,4% du leur. C’est grâce à cette redistribution et au pouvoir de l’État que l’on améliore la situation économique des plus pauvres.
À l’aide des données du document et de vos connaissances, montrez comment la fiscalité et la protection sociale réduisent les inégalités de niveau de vie.
Le niveau de vie est la façon de vivre selon le revenu. Ses inégalités se traduisent
essentiellement en termes économiques, de position sociale, ou même géographiques. La fiscalité, plus avantageuse pour les plus pauvres (on remarque selon le document que la part des prélèvements représente à peine près de 6% de leurs revenus primaires) et beaucoup plus répressive pour les plus riches (notamment via l’impôt sur le revenu, ou sur l’impôt sur la fortune immobilière) car elle représente près de 25% de leurs revenus primaires. Ainsi, les inégalités de richesse sont de fait réduites mécaniquement. C’est ensuite grâce au mécanisme de redistribution via les prestations sociales que les inégalités sont de nouveau réduites. Les aides liées à la santé (la Sécurité Sociale), à l’éducation (diverses bourses, APL – aides au logement), logements sociaux financés grâce à l’impôt etc. permettent de modifier sur le long terme les inégalités, en réformant en profondeur les conditions initiales familiales. On le voit grâce au taux de redistribution : les ménages les plus pauvres gagnent près de 212,9% de pouvoir d’achat, tandis que les plus riches perdent près de 25,4% du leur.
Troisième partie
À l’aide de vos connaissances et du dossier documentaire, vous montrerez que certaines évolutions de l’emploi ont pu affaiblir le rôle intégrateur du travail. L’ubérisation croissante du monde du travail, qui consiste en l’isolation et l’individualisation du processus de travail en un statut d’auto-entrepreneur permet au monde du travail de prendre une autre dimension. Le travail initialement vecteur d’intégration au sein des sociétés depuis au moins la révolution industrielle voit peu à peu remettre en question son rôle réel. Le travail est une source d’intégration sociale car il permet d’avoir un revenu, des droits sociaux, une identité propre et construite ainsi qu’un statut social. Mais l’on voit avec l’individualisation croissante des formes de travail (hybride, télétravail, ubérisation…) que le travail est en passe de devenir non pas un vecteur primaire d’intégration mais subit plutôt la volonté d’arriver à une forme respectant davantage l’équilibre vie privée-vie professionnelle.
I. L’apparition du chômage de masse et la remise en cause de son rôle intégrateur
A. Le chômage de masse post 30 Glorieuses et ses conséquences sur l’individu
- 30 Glorieuses : boom du marché du travail, époque dorée de l’emploi et du plein- emploi
- Chocs pétroliers et chômage de masse dans les pays développés à économie de marché : individu en pertes de repère, changement de paradigme, remise en question de son intégrité au sein de la société.
- Le travail comme vecteur d’intégration : division sociale du travail – Emile
DURKHEIM
B. Les risques d’intégration sociale liés au chômage
- Perte de liens sociaux, remise en question – CASTEL
- Perte de revenus et donc de dignité : recours aux aides sociales, aux associations, perte de confiance en soi. Limitation de l’accès aux biens et services. Progression de la pauvreté.
- Chômage de long terme : davantage de conséquences sur la possibilité de retrouver un emploi : plus le chômage est long, plus il est dur de trouver un emploi. Perte de l’employabilité : pratiques et savoir-faire professionnels qui évoluent.
II. Les nouvelles formes de travail : vers une nouvelle intégration ?
A. Précarisation de l’emploi et remise en question de son pouvoir intégrateur
- instabilité de l’emploi ne permet pas d’avoir un équilibre grâce à celui-ci : absence de garanties ; revenus plus faibles et/ou instables (cf exemple des jeunes travailleurs pauvres)
- spectre du chômage et de la précarité constant
- nouvelles formes : CDD, Intérim, Ubérisation, statut auto-entrepreneur, contrats aidés.
- la norme étant toujours le CDI (cf document 2), il y a une hausse concrète entre 1982 et 2019 de la part des salariés en CDD : souvent des femmes, à temps partiels ; remise en cause du rôle intégrateur pour les femmes souvent reléguées aux postes les moins prestigieux.
B. Les nouveaux modes de travail : vers une autre intégration ?
- télétravail : le salarié renforce davantage ses liens de sociabilisation primaire et
secondaire, mais pas/moins ceux du travail. C’est un autre type d’intégration, qui renforce d’autres liens à défaut de ceux du travail. Les relations sont modifiées. - ubérisation du marché du travail via les plateformes et autres network. Transformation des contrats de travail et perte des liens sociaux primaires du travail.
- adaptation à un nouvel environnement (numérique) : le numérique a crée un monde du travail scindé en deux : les emplois qui peuvent être faits à distance, et ceux qui ne le peuvent pas. Cette polarisation a différents effets sur la société, renforçant la fracture main d’œuvre qualifiée VS non qualifiée. Le progrès technique fait disparaître certaines tâches, et force les moins qualifiés à se tourner vers des formes d’emplois plus précaires et moins stables. C’est le facteur de production « capital » qui prime maintenant, non pas un capital matériel au sens strict, mais davantage un capital humain qui est valorisé. Les nouvelles technologies sont mieux maîtrisées par la main d’œuvre plus qualifiée.
L’apparition du chômage de masse après les 30 Glorieuses a souligné la remise en question du lien d’intégration que le travail avait avant : pauvreté, popérisation, risques d’intégration liés au chômage… Mais les nouvelles formes de travail viennent remettre en cause – au moins partiellement – cette uniformisation des changements sociaux : la polarisation du marché du travail engendre de nouvelles conséquences, autant sur l’intégration que sur la désintégration. A ce titre, le télétravail largement mis en place depuis la crise du COVID19 efface partiellement la frontière entre vie privée et vie professionnelle : l’intégration au travail est moins forte mais le lien entre celui-ci et l’individu est largement flouté par la superposition des modes de vie et de lieux liés aux nouvelles conditions et formes de travail.
Épreuve composée – Sujet B
Première partie
Vous montrerez comment les incitations sélectives peuvent expliquer l’engagement
politique, malgré le paradoxe de l’action collective.
Une incitation sélective est la conséquence d’une participation à une action collective, motivée par l’espoir d’en retirer un bénéfice personnel. Certaines de ces incitations sont positives, c’est-à-dire qu’elles sont conditionnées au fait de faire partie de cette action, tandis que d’autres sont négatives : elles sanctionnent la non-participation à cette action collective. Ainsi, le paradoxe de l’action collective soulignant que plus la taille d’un groupe est grande, plus l’individu suppose que sa propre participation ne changerait rien aux chances de réussite de cette action.
Alors, si l’on s’en tient aux incitations sélectives positives, faire partie d’un mouvement serait bénéfique pour l’individu car il en retirerait des bénéfices liés à ce dernier (faire partie d’un syndicat permet d’en retirer les bénéfices des négociations). Une autre idée réside dans le fait d’inciter les individus à faire partie de l’engagement politique via des incitations financières par exemple. Alors l’individu sera davantage enclin à vouloir faire partie du mouvement collectif.
Présentez une limite de la politique européenne de la concurrence.
La politique la concurrence est une compétence exclusive de la Commission Européenne. Habituellement elle concerne l’interdiction des ententes, des abus de position dominante et le contrôle des concentrations. Ainsi la Commission de M. Vestager a-t-elle interdit la fusion d’Alstom Siemens en 2019 pour raison de risque de position dominante. Mais cette politique restrictive évite la formation de « géants » qui pourraient concurrencer les autres géants du monde entier. À titre d’exemple, aucune entreprise de la tech européenne ne peut concurrencer des firmes comme Google, Amazon, Apple etc.
Présentez deux facteurs de structuration de l’espace social.
Il existe de multiples facteurs de structuration de l’espace social que représente notre société : position sociale, professions, diplômes… Ainsi le revenu est un facteur principal de cette structuration, en ce qu’il scinde et polarise les individus qualifiés et non qualifiés par exemple. Ceci mène simplement à des inégalités économiques qui ont des conséquences profondes sur la société.
Un second facteur serait celui de l’âge et du genre, car ces critères sont encore aujourd’hui des critères de différenciation. La lutte des âges est encore très présente – on a pu le voir durant la crise du COVID19 et ses effets délétères sur les jeunes. Le genre est aussi important car c’est l’un des critères les plus importants et les plus structurants : les femmes ont encore du mal à casser ce plafond de verre au travail, dans les conseils d’administration et aux postes de direction.
Deuxième partie
La deuxième partie du sujet B est la même que la troisième partie de sujet A, nous te laissons donc retourner un peu plus haut dans cet article.