Second Empire Deuxième République

La difficile entrée dans l’âge démocratique : la Deuxième République et le Second Empire

À lire dans cet article :

L’âge démocratique est un principe hérité de la Révolution Française, dans lequel le peuple est la source du pouvoir, qu’il exerce en votant librement. La souveraineté est nationale : la source du pouvoir est la nation devenue communauté de citoyens, des sujets de droits civils et politiques. Mais la démocratie n’est pas arrivée en un clin d’œil, et elle est passée par de nombreux régimes comme la IIe République et le Second Empire que nous détaillons dans cet article.

La Deuxième République (1848 – 1852) est un régime où le pouvoir n’est pas héréditaire mais ” chose publique “, par des personnes élues. elle est mise en place en 1848 par la révolution parisienne en février, qui déclenche le Printemps des Peuples en Europe : une vague démocratique dans de nombreux pays qui a pour vocation d’instaurer partout une République libérale et sociale. Elle disparaît au bout de 4 ans, car le suffrage universel favorise l’affirmation d’une société conservatrice et l’avènement de Louis-Napoléon Bonaparte qui restaure l’Empire.

Le Second Empire (1852 – 1870) : c’est une monarchie sur plusieurs pays avec notamment : un exécutif fort et une restriction de libertés. Elle se fonde sur le suffrage universel donc la souveraineté nationale, et reste populaire grâce à ses réformes. Elle s’écroule du fait de la défaite face à la Prusse et non d’une révolution.

Comment situer le chapitre dans l’histoire ?

Au XIXème siècle, la France sort de la révolution et de plusieurs siècles de monarchie absolue, de nombreux régimes politiques se succèdent alors : république, empires et restauration de la monarchie. Au même moment en Europe, les régimes politiques en vigueur sont majoritairement des monarchies et des empires. La France apparaît alors comme un véritable laboratoire de la démocratie. Comment les régimes politiques en France entre 1848 et 1870 réutilisent-t-ils des principes hérités de la révolution française ?

Les éléments clefs

Dates clefs

  • 24 février 1848 : proclamation de la IIe République après que la monarchie de Juillet soit renversée. Le gouvernement provisoire instaure alors un suffrage universel masculin.
  • Décembre 1848 : Louis-Napoléon Bonaparte élu avec 74% des suffrages, notamment parce qu’il rassemble à la fois les conservateurs, avec son programme “pour l’Ordre” et les ouvriers, sensibles à la position de Louis-Napoléon Bonaparte concernant L’extinction du paupérisme.
  • 2 décembre 1851 : coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte qui dissout l’Assemblée Nationale qui lui refuse une réforme de la constitution.
  • 2 décembre 1852 : proclamation du Second Empire par Louis-Napoléon Bonaparte, on voit donc apparaître un césarisme démocratique : un système politique fondé sur un exécutif fort, en lien direct avec la population qui s’exprime au suffrage universel.
  • 23 Janvier 1860 : Signature du traité Cobden-Chevalier, mise en place d’un traité de libre-échange entre la France et le Royaume-Uni : cela marque un tournant libéral dans la politique de Napoléon III. Certains qualifient ce traité de ” nouveau coup d’état “.
  • 2 septembre 1870 : Capitulation à Sedan Face à la Prusse, Napoléon III est fait prisonnier.
  • 4 septembre 1870 : Proclamation de la IIIe République, marquant ainsi la fin du Second Empire.

Les personnages clefs

  • Alphonse de Lamartine (1790‑1869) Il proclame la république en 1848 et assure un poste au gouvernement provisoire. Il signe le décret de l’abolition de l’esclavage, et est battu par Louis-Napoléon Bonaparte lors des élections de décembre 1848
  • George Sand (1804-1876) de son vrai nom Amantine Aurore Lucile Dupin. Elle se bat contre les préjugés de la société conservatrice et se positionne contre le mariage. Elle a son propre journal, tient des discours lors de représentations de théâtre, envoie des lettres à des personnes influentes. Elle ne se présente pas comme candidate à l’élection des députés car selon elle, “La France n’est pas prête à voir une femme devant la scène politique, à être pleinement un citoyen.”
  • Louis‑Napoléon Bonaparte (1808‑1873) : Neveu de Napoléon Bonaparte. Il revient sous la Monarchie de Juillet. Il a auparavant commis deux coups d’Etat manqués (1836 et 1840). Il est élu député en avril 1848 à l’Assemblée Constituante à 40 ans. En décembre 1848, il est élu massivement, avec 74% des voix. Il devient alors le premier et unique Président de la IIe République, grâce à sa posture politique qui lui rallie les conservateurs, et grâce à sa posture sociale qui lui rallie les progressistes.

Problématiser deux ou trois sujets sur le Second Empire ou la deuxième République :

Les avancées libérales de la Deuxième république en février-mars 1848 :

Le Drapeau tricolore qui avait été mis en place e 1789 à 1815 puis à partir de Juillet 1830 est maintenu en février 1848 par Lamartine, en s’opposant au drapeau rouge socialiste.

En outre, trois réformes initiées par la révolution française sont reprises : L’adoption du suffrage universel masculin (pour les homme de plus de 21 ans) ; l’abolition de l’esclavage ; et la fin du délit de censure : la liberté e la presse est proclamée en réaction à la Monarchie de Juillet souvent qualifiée de “liberticide”.

Trois réformes nouvelles sont également mises en place : l’abolition de la peine de mort pour délit politique, mise en place pour éviter de replonger la France dans la Terreur. Le droit du travail limite le travail journalier à 10 heures par jour, et un droit au travail est proclamé : l’État ouvre des Ateliers Nationaux qui visent alors à donner du travail aux chômeurs.

D’un point de vue politique, le régime mis en place est un régime présidentiel dans lequel il y a une séparation stricte des trois pouvoirs et dans lequel le gouvernement n’est pas responsable devant le Parlement, mais seulement devant le Président.

Une résurgence de la société traditionnelle et conservatrice (avril 1848 – décembre 1851)

En 1848, la proclamation d’un nouveau régime n’a pas modifié le pouvoir des femmes en politique : elles continuent à diffuser leurs idées (à travers la presse ou l’influence), comme George Sand par exemple, mais elles ne sont toujours pas vues comme représentatives de la nation. Comme le souligne George Sand, “la France n’est pas prête à voir une femme devant la scène politique, à être pleinement un citoyen”.

La société en place avec la Deuxième République est résolument conservatrice : les premières élections au Suffrage Universel d’Avril 1848 donne une majorité aux Modérés, qui remplacent les libéraux progressistes. En Juin 1848, les Ateliers Nationaux sont fermés car coûtent trop cher à l’État, les ouvriers qui s’y opposent sont réprimés par l’Armée.

Le 2 décembre 1851, Louis-Napoléon Bonaparte, alors Président de la République dissout l’Assemblée Nationale qui refuse de modifier la constitution lui donnant droit d’être réélu. Le 20 décembre 1851 il organise un plébiscite (une consultation directe des citoyens par Oui ou Non sur un texte de loi, utilisé comme un moyen de rassembler les citoyens autour d’une personne) qu’il remporte à 92% : les citoyens sont avec lui pour modifier la constitution. En Novembre 1852 il organise un second plébiscite pour proclamer l’empire, il le remporte à nouveau, avec 97% des voix. Le 2 décembre 1852, il proclame ainsi le Second Empire.

Le Second Empire, triomphe du césarisme démocratique

Napoléon III va alors mener une politique de grandeur nationale : il favorise l’industrialisation par le libéralisme économique en valorisant la propriété privée et les lois du marché, par le libre-échange, notamment en signant le traité de Cobden-Chevalier avec le Royaume-Uni, et par le soutien aux ouvriers, en leur accordant en 1864 le droit de grève. Pour accentuer cette grandeur nationale, il va mettre en place une réelle politique d’aménagement du territoire, à Paris avec les travaux du Baron Haussmann, en France par la construction du réseau ferroviaire. Enfin, il affirme la grandeur de la France sur la scène internationale en ayant un fort interventionnisme extérieur en participant notamment à la guerre de Crimée (1853-1856), en se positionnant pour l’unité italienne, et en envoyant une expédition au Mexique (1861-1867) afin d’établir un empereur européen contre les Etats-Unis.

Lors de la première partie de son règne (1851-1860), Napoléon III va avoir une posture autoritaire : les libertés civiles vont être limitées, les journaux sont soumis à “une autorisation préalable”, une caution et peuvent être “suspendus” ou supprimés. En 1858, après l’attentat manqué d’Orsini contre Napoléon III, une loi de “sûreté générale” permet de “proscrire” (au bagne) sans procès est mise en place. L’administration est renforcée (elle assure le contrôle de l’exécutif sur le territoire) les effectifs de police passent en effet de 3500 à 10 000. Les fonctionnaires de 400 000 à 700 000, prêtent un serment personnel à l’Empereur. Le pouvoir des préfets est renforcé, comme “empereurs aux petits pieds”. En outre, le pouvoir exécutif s’affirme : le Corps Législatif c’est à dire l’assemblée représentative élue au suffrage universel, est “la muette” : elle vote sans discuter les lois. Les élections sont contrôlées avec “candidatures officielles” et bourrage des urnes.

Cependant, lors de la seconde partie de son règne (1860-1870), l’empire va prendre un tournant libéral : de nombreuses critiques affaiblissent le pouvoir (des conservateurs contre le libre-échange, des catholiques contre la politique italienne, de tous contre l’expédition coûteuse au Mexique) lors des élections de 1863 et de 1869, l’opposition libérale gagne de plus en plus de sièges. En 1864, Adolphe Thiers prononce son discours des Libertés Nécessaires qui affirme les libertés individuelles : d’échanges d’idées, de vote, le droit d’interpellation des ministres au corps législatif et le rétablissement d’un véritable régime parlementaire. En 1868, le droit d’interpellation est validé : le corps législatif n’est plus “muet”. En 1869, le régime devient parlementaire : le gouvernement responsable devant le Parlement qui peut le renverser. Ces réformes rencontrent un succès populaire : près de 83% de Oui lors du référendum de 1870.

A retenir sur le Second Empire et la deuxième République

  • Les principes démocratiques de la Révolution Française ont été réaffirmés avec la révolution de février 1848 qui déclenche le Printemps des Peuples.
  • Certains de ces acquis de 1848 s’enracinent de façon durable en France, comme le suffrage universel masculin, l’abolition de l’esclavage ou de la peine de mort pour raison politique.
  • Mais ce régime républicain disparaît face à l’affirmation, par le suffrage universel lui-même, d’une société conservatrice contre des mesures trop sociales et pour un régime qui assure la prospérité.
  • Le Second Empire réussit à répondre aux aspirations des Français qui s’expriment par suffrage universel, au prix d’un pouvoir exécutif fort et d’une limitation des “libertés nécessaires” qui s’élargit.
  • Sa chute est due à un facteur extérieur, la défaite de l’empereur à Sedan face à la Prusse, entraînant la proclamation de la IIIe République le 4 septembre 1870, dans une France bien loin d’être républicaine.

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